Comme deux gouttes de sang : Le livre de Nicolas Nutten

Par une froide nuit de Noël en Norvège, Johanna Lyngstad est la seule survivante d'un tueur ayant décimé sa famille. Le tueur terminé les barreaux. 22 ans après, Driss, Tom et Yaelle, amateurs d'urbex, découvrent dans la cave d'un manoir abandonné au sud de Paris un squelette dont le crâne est "orné" d'une croix latine inversée. Le commandant Sarda est chargé de cette enquête. Du côté de Montpellier, on retrouve Johanna qui file le parfait amour et est devenue traductrice. Le cauchemar va commencer dès lors que son éditeur commet l'erreur de ne pas utiliser le nom de plume de la traductrice mais sa véritable identité sur un livre à grand tirage. Le lieutenant de la Section de Recherche de Montpellier Romane Delmiez (que l'on aura plaisir à retrouver dans Terra Mater) fait de son mieux pour maintenir la tête hors de l'eau suite au naufrage de sa dernière relation amoureuse. Elle va devoir mener les investigations quant à l'inquiétante disparition de Johanna. -- Une écriture rythmée, des personnages infiniment bien détaillés qui permettent une identification proche du réel, Nicolas Nutten confirmé son talent pour écrire des histoires solides et marquantes. Quel plaisir de suivre cette intrigue très bien ficelée. L'auteur prend le temps d'installer son récit, les pages se tournent d'elles mêmes ! Plaisir non dissimulé également d'évoluer dans les alentours de Montpellier, voir dans quels quartiers et villages l'auteur nous promène #x1f609

Comme Janus, Dieu Romain aux deux visages, l'humain peut avoir aussi deux facettes, celle souriante ou non, mais en tout cas tournée vers l'avenir et celle tournée quand à elle vers un passé plus ou moins long, plus ou moins tourmenté, plus ou moins explicable, plus ou moins avouable. Quand nous rencontrons l'âme sœur, cette dernière nous questionne sur notre avant, sur ce que nous avons vécu et nous lui disons ce que nous voulons bien lui dire, ce qu'elle est en mesure d'entendre, ce que nous nous autorisons à partager avec elle. Effectivement, certains secrets, tabous, mensonges, omissions resteront au plus profond de notre être, de notre âme, de notre cerveau. Avez-vous vraiment tout dit, vous êtes vous vraiment ouvert à celui ou celle qui partage votre couche ? Vous en doutez maintenant, non ? Soyez honnête, ne vous mentez pas ! J'ai, nous, avons toutes et tous notre part d'ombre, de mystère, de noirceur... Nicolas Nutten, jeune auteur de talent, vous prend, avec cet ouvrage, par la main, vous entraîne dans son monde chaotique où vous ne saurez distinguer le Bien du Mal et par quelques subterfuges, il vous plaquera aisément au sol, un genoux bien calé sur votre colonne vertébrale, un talon vissé sur votre faciès et le poids de son écrit verrouillant vos membres d'une clé psychologique des plus douloureuse. Il prendra un malin, voir satanique plaisir, en exerçant sur votre corps, sur votre pensée, les pires tortures rhétoriques afin de vous faire parvenir au Nirvana de la souffrance. Un second ouvrage dont l'alchimie vous fera basculer dans l'addiction littéraire dès les premières lignes. Vous croyez vous connaître les uns les autres ? Vous vous fourvoyez ! Ce que vous pensez savoir n'est que ce que l'autre veut bien vous dire, et encore....

Dès les premières pages, Nicolas Nutten vous captive par son écriture ciselée comme un scalpel et précise comme le plus pointu des mouvements d'horlogerie. Son intrigue (ses intrigues plutôt !) vous transporteront au-delà de l'imaginable, jusqu'à la dernière page de ce polar impitoyable avec vos nerfs et diablement efficace. A dévorer de toute urgence !

Si vous souhaitez passer un bon moment de lecture, lisez « comme deux gouttes de sang « . C’est un polar de facture classique : des policiers avec des problèmes personnels, familiaux, de santé ; des protagonistes avec des passes troubles, des secrets. L’écriture est fluide, vive et les actions s’enchaînent pour doucement vous conduire jusqu’aux cent dernières pages de ce roman ou l’histoire s’accélère, vous manipule jusqu’au crescendo final. Les retournements de situation sont finement menés et l’auteur vous aura bluffé jusqu’à la fin. Un très bon polar !