Contes des mers du sud / Tales of the south seas - Bilingue : Le livre de Jack London

Jack London (1876-1916) fit paraître les « Contes des mers du sud » en 1911, après une croisière dans l’Océan Pacifique en 1907 et 1908. D’autres recueils de nouvelles inspirées de ce voyage parurent ensuite (« LÎle des lépreux », « Fils du soleil », et à titre posthume « Histoire des îles »). Les huit nouvelles de « Contes des mers du sud » mettent en scène des interactions entre des autochtones et des immigrés (colons, aventuriers, missionnaires, travailleurs importés,…). Elles reflètent des clichés de l’époque coloniale, distinguant des « civilisés » aux « sauvages » (cannibales, collectionneurs de têtes coupées, voleurs,…). Ces préjugés sont véhiculés par les personnages mis en scène par Jack London, mais je n’ai pas compris dans quelle mesure il les partageait. J’ai beaucoup apprécié l’amusante nouvelle « Les Terriblissimes Îles Salomon » dans laquelle l’auteur semble se moquer de certains clichés, en les exagérant au détriment d’un blanc m’as-tu-vu. « Maouki » (qui donne son nom au titre d’une nouvelle) apprécie une tête de blanc coupée, mais je ne saurait le blâmer de cette légitime vengeance. « Le Païen », quant à lui, est d’une droiture exceptionnelle mais son dévouement au narrateur blanc interpelle. Dans « Ya ! Yah ! Yah ! », la soumission des quelques milliers d’indigène à un blanc brutal et alcoolique s’explique mieux. Dans « La Dent du cachalot », le missionnaire John Starhust est plus bienveillant, mais sa naïveté ne risque-t-elle pas de se retourner contre lui ?

Un recueil de nouvelles évidemment inégal mais d'une cohésion solide. On navigue difficilement en mers du sud, dans cet immense lieu isolé de la civilisation où blancs se comportent comme des barbares et les "nègres" (pas si noirs que ça, d'ailleurs) aussi. Sans parler des typhons et incendies de bateau. J'ai trouvé l'ensemble passionnant. Un de mes London préférés, plus vivant, plus social, plus clairement politique, et moins épouvantables (façon de parler) que ses aventures de personnages solitaires.