Court toujours : Silent Boy : Le livre de Gaël Aymon

J’ai le coeur à vif… « On est tous des moutons, on essaie de ressembler aux autres. On se cache ce qu’on a d’intime pour ne pas se le faire salir, pour pas avoir l’air trop différent. On attend d’être plus vieux, quand quelqu’un sera capable d’entendre nos secrets. Quand la vraie vie aura commencé, loin du lycée. » Ce court roman a fait jaillir en moi l’ado abîmé et toutes ses peurs, son mutisme, cette recherche désespérée d’être qui ne dépasse pas… qui veut être invisible à défaut d’être visible et accepté… qui meurt un peu plus du dedans chaque jour… Je me dis qu’il n’y a pas d’âge pour sortir du silence et oser être… Lisez-le… faites-le lire à vos grands ados !

Un excellent roman sur les stéréotypes masculins. En quelques pages, on s'attache déjà au personnage d'Anton. Le récit à la première personne alterne avec des extraits du forum que ce "garçon silencieux" (Silent boy est son pseudo) consulte chaque soir, lisant "ces jeunes qui osent s'exprimer" et qui évoquent en toute sincérité ce qui les tracasse. Comme eux, notre "handicapé de la parole" aimerait se libérer, sur ce forum bienveillant et surtout, dans la vie. Mais au lycée, rien n'est simple. Faisant partie de l'équipe de rugby, Anton subit l'influence de quelques grandes gueules dont il est, en toute lâcheté, le suiveur afin "qu'on lui foute la paix". Ces garçons-là "pourrissent les cours" et entretiennent une ambiance conflictuelle voire toxique dans la classe. La tension est en partie liée au machisme qu'ils imposent, ce "jeu du plus fort" entraînant bon nombre d'insultes et de violence. Le texte rappelle au passage que "dans notre pays, l'homophobie, le racisme ou le sexisme ne sont pas une opinion mais un délit". Le premier à en faire les frais, c'est Nathan, que l'on juge trop maniéré, qui écoute "de la musique de pédé", etc. Le personnage amène à redéfinir la virilité: "Nan, mais sérieux, les mecs, vous en êtes toujours là? A pas pleurer, à faire les durs? On est au 21e siècle!". Et surtout, Anton l'admire secrètement car "il a les couilles d'affronter tout le monde". Prenant modèle sur Nathan, Anton va peu à peu trouver le courage de s'exprimer. D'abord sur le forum, où il se construit "une identité plus proche de ce que je suis à l'intérieur". Puis il fera un premier pas vers l'authenticité face à ses camarades. On ne sait pas trop ce que cela donnera mais on sent Anton plus serein avec lui-même. Un roman qui encourage à être soi ("J'ai pas perdu les gens importants")!

Ce livre est, pour l'instant, mon préféré de la collection "Cout toujours". J'ai compris "Silent boy" (pseudo utilisé. par Nathan pour discuter sur un forum), le personnage principal, qui veut s'intégrer aux garçons de sa classe, mais qui se pose tout de même énormément de questions, et qui garde également ses propres convictions.

Un récit court et cru qui se relève être marquant et très fort et qui utilise les stéréotypes pour mieux dénoncer. C'est une histoire qui ne s’oublie pas et qui pousse le lecteur à réfléchir en abordant de multiples sujets à travers un personnage attachant qui va se trouver, s’exprimer, et vouloir changer les choses.