Crépuscule du tourment - tome 1 Melancholy : Le livre de Léonora Miano

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Quelque part en Afrique subsaharienne, il y a Dio et quatre femmes qui s'adressent à lui : sa mère, la femme qu'il a trop aimée, celle qui partage son existence et sa sœur. Et lui, il n'entend pas. Qu'importe ! Chacune se raconte pour tenter de comprendre. Les blessures, les inégalités, les défaillances. Les éblouissements, les orages, les émois. Une lignée compliquée, une ascendance difficile. Leurs vies. Peu à peu, elles lui disent tout pour essayer de désapprendre la colère et les chagrins, apprivoiser le passé, sauver l'avenir et se donner de nouvelles chances.

" Les mots s'embrasent, les corps s'abandonnent, les femmes aiment ou haïssent, font peur souvent, envoûtent toujours. " Fabienne Pascaud – Télérama

De (auteur) : Léonora Miano

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Expérience de lecture

Avis Babelio

jleclercq

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 10 mois

Léonora Miano – Crépuscule du Tourment Je sus très tôt que la terre où l'espèce humaine vit le jour s'appelait Kemet, que nous étions des kémites pas des noirs Aset est la veuve qui redonne vie à son époux. Aset est aussi appelée Isis ou, vierge Marie. C'est à sa peau sombre que l'on doit les vierges noires des églises ,mariales du nord. Ma mère m'avait appelé Amandha Le kémitisme ou khémitisme (ou netjerisme en France) est un ensemble de croyances et de pratiques s'inspirant de la religion de l'Égypte antique, apparu aux États-Unis dans les années 1970[réf. nécessaire]. Les kémites vénè-rent les divinités égyptiennes, pratiquent le heka (la magie égyptienne) et suivent les lois de Maât (l'ordre cosmique). Les kémites sont polythéistes, car ils croient en plusieurs divinités. Le groupe principal de divinités, selon la cosmogonie majoritaire actuellement basée sur celle de Héliopolis et ses neufs dieux, est l'Ennéade. Il existe ensuite des dieux secondaires, priés pour des actions plus spécifiques, comme dans l'hellénisme entre les dieux de l'Olympe et les autres. Il existe également mais bien plus rarement des cas de monolatrie.(not e de l'éditeur) Une approche psychologique qui ressemble à une règlement de compte avec ses origines, sa famille. La découverte des traditions sociales de l'Afrique profonde, qui rejoignent les nôtres #8195; Leonora n'en finit pas de se chercher dans l'histoire de son passé, de ses racines – de se libérer du passé colonial qui a détruit son peuple, sa culture et sa religion. C'est un long parcourt assez éprouvant à la recherche d'une spiritualité perdue et une critique sévère de la civilisation du Nord qui a perdu le contact avec l'Esprit !

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Jelisetalors

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 an

Je découvre Léonora Miano pour la première fois, et je dois dire que c'est fort agréable. Dans Crépuscule du tourment, la prose riche employée par l'autrice et le vocabulaire spécifique à chacune de ces quatre femmes m'a emportée à de nombreuses reprises. Suite à un même évènement, on remonte l'existence de quatre femmes connaissant l'homme auquel elles s'adressent toutes sous forme de monologue. On remonte ainsi le fil de leur existence à travers des souvenirs racontés et des épreuves subies, nous exposant différents points de vue sur la famille, la religion, le mysticisme, les croyances, la réussite, la richesse, la pauvreté, l'amour, le sexe, le genre, l'homosexualité, les ambitions, la place et la condition de la femme dans la société... Tout d'abord, on suit la mère du personnage masculin: celle-ci semble plutôt froide et distante, bien qu'idéalisant son fils et ne se préoccupant qu'à peine de sa fille. Elle est obnubilée par la généalogie, par le fait de donner un nom et donc un statut à sa descendance, et ce depuis toujours. C'est ce qui l'a poussée à s'enfermer dans un mariage sans amour et à supporter les coups de son mari en baissant les yeux, en fermant la bouche. Jamais elle n'est plainte de sa condition car seule lui importait la réussite de ses enfants. Elle est un peu dépeinte comme une mère possessive avec son fils car elle ne souhaite pas qu'il épouse une femme "sans généalogie", sans "nom" donc par extension, pauvre. Aucune femme ne semble trouver grâce ç ses yeux, encore moins celle qu'il vient d'amener et qui a déjà un fils issu d'une précédente union. Cependant, ce "petit fils" potentiel est quand même digne de son intérêt, mais uniquement lui, pas sa mère. Ensuite, on découvre la mystique et très croyante Amandla, la dernière amante du personnage masculin, qui a été aimée de lui mais que lui n'a pas su 'assumer", ne pouvant se résoudre à créer quelque chose avec elle et à s'installer avec elle. Peut-être à cause de Madame sa mère ? La rancoeur est plutôt présente entre Amandla et son ex belle-mère, pourtant son monologue va plutôt explorer sa propre spiritualité, son éveil à ses ancêtres et à son côté mystique, à sa quête d'elle-même. Il y est aussi beaucoup question des Kémites et de la "race Noire", bien qu'Amandla ne supporte pas d'être désignée par une couleur, étant donné qu'il existe un tas de nuance différentes pour les couleurs de peau du peuple Africain. J'ai aimé qu'on explore différentes croyances et que son personnage soit un peu excessif en ce qui concerne la religion et les croyances. Ensuite, vient le tour d'Ixora, la femme qu'il a fait revenir "au pays" en assumant son enfant, qui n'est autre que le fils de son seul ami ayant péri et rendue veuve cette femme pleine de promesses sur le papier, érudite et n'accordant aucune importance au côté matériel. Son monologue était le plus difficile à suivre car ses phrases consistaient souvent en des paragraphes entiers. Une fois de plus, une femme plutôt soumise mais qui va faire preuve de courage en rejetant le personnage masculin. Devenue mère sans réellement le désirer, son petit Kabral est pourtant toute sa vie. Elle se sait détestée par Madame, et ne veut pas subir un homme qu'elle n'aime pas pour le reste de sa vie. Homme qui ne l'aime pas réellement non plus, au demeurant.[masquer] Ayant subi les coups de ce dernier au moment de leur "rupture", elle se retrouve sans la boue, sous la pluie, prête à rendre son dernier souffle quand elle est finalement secourue par quelqu'un d'inattendu. Elle qui était prête à se laisser aller, finalement, va se battre.[/masquer] Elle va se battre pour l'amour qu'elle va connaître dans les bras d'une femme, à sa grande surprise. J'ai aimé toute la réflexion faite sur ce sujet et la façon dont c'est amené. Il n'y a rien de vulgaire et au contraire, on apprend aussi des choses. Enfin, on entre dans la tête de Tiki, la petite soeur du personnage masculin. Tiki, délaissée par ses parents et surtout par sa mère, qui n'avait d'yeux que pour son frère, ce qui n'était pas forcément un mal pour elle. Grâce à ce manque d'attention, dès son plus jeune âge, elle a pu suivre son propre chemin et s'est mise en quête de réponses concernant sa famille. Pourquoi ses parents sont-ils comme ils sont ? Qu'a réellement subi sa mère avec son père ? Qu'a subi son propre père avec une figure paternelle si imposante ? Les deux points les plus "importants" pour Tiki sont la famille et la sexualité. Elle a toujours su que sa propre sexualité ne se conformerait pas à ce qu'on attend d'une femme, soit la soumission et l'acceptation de tout ce que peut faire subir un homme, non. Elle a pris le "problème" à bras le corps et a du effectuer un long et complexe cheminement pour découvrir ce qui la faisait frémir et lui plaisait. On sent pourtant un attachement particulier à son frère, surtout en lisant les dernières lignes qu'elle lui adresse mentalement " Tu vas téléphoner Big Bro, je serai là". J'ai découvert qu'il y avait une "suite" à ce roman, et qu'apparemment on la découvrira du point de vue de ce fameux personnage masculin ! Ça devrait apporter pas mal de réponses, car ce qui peut être frustrant dans le roman, c'est que tout se passe à sens unique. Il n'ya pas d'échanges entre les personnages ou leurs interactions nous sont contées de manière plutôt froide et détachée. Cela dit, j'ai réussi à ressentir de la compassion pour toutes ces femmes, même si aucune n'est parfaite. Mon personnage préféré est pour le moment Tiki, car elle est maîtresse de son destin et de sa sexualité, chose qui semble ne pas être le cas avec les trois femme précédentes. Deux d'entre elles refoulent plus ou moins leur nature et l'autre semble accorder une importance plutôt minime à ce côté de son existence. Léonora Miano nous délivre ici l'importance que peuvent avoir les traditions et les coutumes d'un peuple, en particulier celles d'un peuple dépossédé de celles-ci par les colonialisme, qui en fait pourtant de nos jours sa "richesse culturelle": "L'Afrique en miniature" regorge de diversité culturelle, linguistique, humaine, minière, géographique et climatologique. On est plongés dans l'Afrique subsaharienne et on apprend un tas de choses tout en étant témoins de la condition difficile de la femme dans un pays d'Afrique encore à notre époque. Ce roman m'a donné envie de poursuivre ma découverte de l'autrice avec la suite de ce roman, ainsi qu'en en découvrant d'autres qui pourront aussi m'instruire et me familiariser avec les convictions de l'autrice et sa façon de dépeindre le Cameroun.

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metaphorsandtea

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 ans

Une de mes meilleures lectures françaises contemporaines. Un chœur de femmes noires puissant. Le roman est composé de quatre parties, chacune narrée par une femme de la vie de Dio (sa mère, son ex fiancée, son ex, et sa sœur). Elles lui adressent chacune une sorte de lettre ouverte, sur leurs sentiments, sur leurs vies qu’il ignore. C’est puissant et touchant. C’est féministe. La libération de la parole des femmes dans ce roman est grandiose. Les personnages parlent de sujets comme l’amour, le sexe, la misogynie, le rapport a l’autre. Beaucoup de choses sont racontés par des flashbacks, un épisode en particulier est vécu par les quatre personnages. C’est très intéressant. La plume de Leonora Miano est formidable. Chaque personnage a sa propre voix et son propre style. Mais elles ont toutes une prosodie très agréable à la lecture. Un vrai plaisir de lire un roman si bien écrit, avec pourtant des styles d’écritures bien distincts entre les parties. C’est également un roman très politiquement orienté. L’intrigue se passe dans le Continent, jamais nommé mais que nous comprenons être l’Afrique. Il nous immerge dans la culture africaine, à travers sa ville et ses croyances. Mais également dans le Nord, où les personnages ont été faire leurs études. Les contrastes socio-politique entre ces deux endroits se fait ressentir dans tout le roman, la tension est là, palpable. J’ai adoré découvrir une nouvelle facette de la littérature francophone contemporaine en découvrant cette littérature noire et féministe puissante. J’ai hâte de découvrir ces autres romans. 4 étoiles.

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Madame_lit

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 ans

Chère lectrice, Cher lecteur, Pour le défi littéraire 2020, en octobre, il faut lire un bouquin d’une autrice ou d’un auteur ayant remporté le Grand prix littéraire d’Afrique noire. Léonora Miano s’est vu décerner le prestigieux prix pour l’ensemble de son oeuvre en 2011. J’ai choisi de plonger dans Crépuscule du tourment. Que raconte ce livre? Crépuscule du tourment est un roman choral présentant 4 voix de femmes : Madame, Amandla, Ixora et Tiki. Ces dernières s’adressent à un homme absent, Dio. Ainsi, Madame parle à son fils qui lui en veut de ne pas avoir quitté son époux qui la battait. Elle lui dit que dans cette société, elle a tenté de survivre. Car être femme, c’est mettre à mort son coeur, le museler, n’obéir qu’à la raison. La raison, c’est devenir une épouse et une mère. C’est ployer sous les coups, c’est observer les serpents tapis dans les coins ombragés du jardin. Ensuite, Amandla raconte à Dio ce qu’elle devient. Elle aborde son incompréhension par rapport à leur histoire d’amour. Puis, Ixora, la femme de son ami décédé prend aussi la parole. Elle lui fait part de ses sentiments car elle ne l’aime pas même s’il veut l’épouser. Elle ne veut pas de lui comme époux même s’il a adopté son fils. Finalement, il y a sa soeur qui lui relate leur enfance. Ces femmes vivant en Afrique subsaharienne ont connu la violence des hommes. Elles connaissent les coups, elles ont appris à se taire car c’est la loi du père qui domine. Mais, à ce fils, à cet homme, à ce frère, elles vont aborder leur sexualité. La plupart aime surtout les femmes. Elles sont en quête de leur identité féminine dans un monde l’écrasant. Elles ne sont vivantes que parce qu’elles sont, pour la plupart, des mères. Mais aussi, il est question des traumatismes engendrés par le colonialisme. Ce livre aborde une recherche d’identité. Une recherche d’identité par rapport à sa culture, à son territoire, à l’autre, à soi. Cette quête se vit en amont pour comprendre ce que transportent les gènes, cette «ancestralité ténébreuse». En ce sens, des thèmes comme la violence faite aux femmes, le colonialisme, les tabous sexuels, les enfants des esclaves sont abordés par les narratrices tout au fil des pages. Ce que j’en pense Je n’avais jamais lu de livre de cette écrivaine camerounaise. Je suis bien contente de mon choix. Ce livre nous amène à nous questionner par rapport à l’autre. Car, aujourd’hui, dans notre belle Amérique, le racisme est loin d’être éliminé. Des êtres meurent en raison de la couleur de leur peau sous les balles des policiers. Encore et encore. Ainsi, j’ai bien aimé la réflexion d’Amandla, celle dont Dio était amoureux. Elle parle de son rôle en tant qu’enseignante: Je dis tout cela à mes petites marmailles. Je ne leur cache rien. Les travaux forcés. Les déplacements de populations. Le code de l’indigénat. La ségrégation raciale. Le génocide des Hereros. Le nazisme déjà en gestation qui les a parqués dans des camps de concentration. Oui. Je leur parle de tout cela. Une colère toute légitime monte en eux. Je les calme en expliquant que nous n’avons pas le temps de haïr. Nous ne pouvons nous permettre de gâcher ainsi les forces qui doivent nous servir à rebâtir. Je sais de quoi je parle. J’ai connu l’irrépressible fureur qui s’empare de ceux qui plongent dans les abysses de notre mémoire sémite. Cette douleur si terrible qu’elle se mue en désir de revanche. Coûte que coûte et sur-le-champ. La vengeance. Le cri : Pas de justice pas de paix. (p. 110) Quel sens donné à la valeur de l’existence? J’ai été extrêmement touchée par ces femmes qui ont même osé aimer d’autres femmes. Mais encore, l’écriture de Léonora Miano est très poétique. Elle cherche à dresser le portrait d’hommes et de femmes à travers l’Histoire. Ses mots sont justes, forts, puissants. Elle présente un combat : celui des femmes, celui des siens, celui de soi… elle dénonce pour expliquer sans jamais juger. Une grande écrivaine possédant un talent immense. Je ne peux que vous encourager à lire du Léonora Miano. Par le biais de ses écrits, elle nous livre la mémoire des siens. https://madamelit.ca/2020/10/22/madame-lit-crepuscule-du-tourment-de-leonora-miano/

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Fiche technique du livre

  • Genres
  • EAN
    9782266273107
  • Collection ou Série
    Littérature contemporaine
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    304
  • Dimensions
    178 x 109 mm

L'auteur

Léonora Miano

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