Crime et châtiment : Le livre de Fedor Dostoievski
LES GRANDS TEXTES DU XIXe SIÈCLE
Été 1865, Saint-Pétersbourg. Écrasé par la pauvreté, le jeune Raskolnikoff doit abandonner ses études. Arpentant la ville, désorienté, il se croit appelé à un grand avenir et, dédaigneux de la loi morale, fomente le meurtre de sa logeuse, une vieille usurière. Mais en réalisant ce " songe monstrueux ", il sombre : les conséquences de son acte le rongent. Jusqu'à ce qu'il finisse par se rendre et accepter la condamnation, seule voie de rédemption pour lui.
Œuvre majeure de la littérature russe,
Crime et Châtiment est le roman de la déchéance humaine, Raskolnikoff son témoin incarné. Écrivain de la conscience et du doute, Dostoïevski offre, avec cette plongée troublante dans la psyché d'un criminel, une vibrante réflexion sur la dualité de l'Homme, son mystère, et les possibles lueurs de son salut.
Traduit du russe par Victor Derély
@ Disponible chez 12-21
L'ÉDITEUR NUMÉRIQUE
De (auteur) : Fedor Dostoievski
Traduit par : Victor Derely
Expérience de lecture
Avis Babelio
balthasarperia
• Il y a 2 mois
D'aucuns considèrent ce livre comme un chef d'œuvre, et il faut bien avouer qu'on est tenté d'être d'accord après l'avoir lu pour la première fois, même en s'efforçant d'éviter tout biais. Ainsi, je ne m'échinerai pas à déverser un torrent de louanges déjà vues sur ce livre. Je vais simplement exposer ce que j'en ai retenu personnellement. Ce que j'ai aimé : L'environnement. Crime et châtiment nous hante par le misérable Pétersbourg du XIXème siècle. Ce n'est pas la ville qu'on imagine lorsque l'on tape son nom sur Google. Non, ici c'est bien un air de bagne géant ou de post apocalypse qui est peint : La banalité de l'indigence jusque dans les rues avec des ivrognes à n'en plus compter, la prostitution parfois enfantine (le personnage Svidrigaïlov lui-même est, on peut le dire, péd*phile), le dénuement le plus total de certaines familles dont les enfants sont parfois voués à mourir dans les rues, le manque d'hygiène avec la crasse et l'immondice présente dans les rues mais aussi les parties communes (passage des coquilles d'œuf dans les escaliers menant au commissariat, mouches sur les viandes dans les hôtels), l'air chaud et pollué, irrespirable, les logements qui pour beaucoup se résument à de minuscules réduits, etc. Et tout cela semble banal et commun. Qu'on n'aime ou non l'intrigue et les thèses du roman, il faut bien admettre que c'est un véritable voyage dans un autre pays, à une autre époque. Fascinant et effrayant. Alors bien sûr, l'environnement annonce la couleur pour l'intrigue. Les questions soulevées. Une des questions centrales est celle du crime commis et de sa légitimité. Je ne donnerai évidemment pas mon avis sur la question, ce qui est certain c'est que j'ai été tenté de prendre le parti de Raskolnikov, personnage principal, tant il est dévoué, intimement convaincu par son raisonnement. Mais ce n'est pas si simple, heureusement. La question va plus loin, et Dostoïevski, à travers Raskolnikov, dit qu'il existe 2 catégories de gens en société. Les "ordinaires" qui sont dociles et aiment obéir. Ils sont conservateurs. Parmi eux, certains se prennent pour des héros et iront jusqu'à commettre des petits crimes pour tenter de sortir de l'ornière. Mais ces êtres ordinaires ne servent qu'à augmenter l'humanité numériquement, qu'à se reproduire et fait n'avancer en rien sa pensée. Puis il y a les êtres extraordinaires. Ceux-ci apportent une parole nouvelle à l'humanité, une idée novatrice. Ils ne sont souvent reconnus qu'a posteriori, post mortem. Mais à quel prix ? Ils doivent verser du sang pour imposer leur idée nouvelle. Et c'est peut-être tant mieux, ils ne doivent pas s'en empêcher, car pour servir l'humanité toute entière, ils peuvent se permettre certains crimes. En tuer 1 pour en servir 1000, en gros. Ce qui ne veut pas dire qu'ils peuvent tuer à outrance bien sûr. Or, Raskolnikov est intimement convaincu qu'il est appelé à un grand destin et transgresse la loi pour commettre l'irréparable. Cette question est très intéressante et pertinente aujourd'hui encore à mon sens. D'ailleurs Dostoïevski illustre cette idée en comparant avec Napoléon qui a été à l'origine de grandes choses à l'échelle de la nation mais aussi moult crimes. Alors cette idée est-elle plausible ? Eh bien, on sait que l'auteur s'opposait au nihilisme, qui pour lui était synonyme d'anarchie. Mais à travers son roman, il n'est pas aussi péremptoire et son parti pris n'est pas si évident. En fait, Dostoïevski nous laisse comme le choix et s'évertue à donner autant de crédibilité au personnage principal, qui expose son idée de gens ordinaires et extraordinaires, qu'à Sonia, qui représente l'inverse de Raskolnikov en beaucoup de points. C'est une différence énorme que j'ai remarqué avec Balzac où, dans César Birotteau par exemple (c'est le seul que j'ai lu pour l'instant hélas) il est un tantinet moralisateur selon moi. Dostoïevski lui, offre davantage de liberté au lecteur et n'impose rien. Ensuite, lorsque l'on approche de l'épilogue, on sent de plus en plus la question de la souffrance qui se pose. Est-elle juste un châtiment comme le titre le suggère ? Ou bien un remède ? La souffrance est décrite surtout pendant l'épilogue, comme une quête de la vérité, pour retrouver une vie, pour se retrouver soi-même. Ce n'est qu'en acceptant sa souffrance qu'on est purifié. Raskolnikov ne le comprend qu'à la fin, lors de son passage au bagne. La psychologie à l'extrême. Ce que j'ai le plus aimé, c'est le côté psychologique du livre. C'est ce qui le caractérise le plus à mon sens. Des pages entières décrivent ce que Raskolnikov pense. Aussi, il y a une description fine de ses traits physiques, de ses sourires, qu'ils soient malicieux, caustiques, généreux, haineux, etc. Un bras de fer psychologique entre Raskolnikov et plusieurs personnages, notamment Svidrigaïlov, mais surtout Porphyre Petrovich, le juge d'instruction, qui dans sa façon de le questionner, éminemment sournoise et déguisée en simple conversation, nous fait presque douter (le passage où il discute de l'article publié par Raskolnikov pour lui tendre un piège). On est tellement pris, on est tendus, tenus en haleine, on est dans la tête de Raskolnikov, littéralement, comme un spectateur et donc on ressent beaucoup de choses. Par ailleurs, il y a cette opposition entre Raskolnikov qui est désabusé mais révolté, fou mais lucide sur la situation, criminel et altier mais généreux avec les pauvres et puis Sonia qui symbolise la foi chrétienne, la bonté quasi infinie, la candeur, c'est presque un ange tutélaire. Mais Raskolnikov n'est pas non plus tout blanc ou tout noir. En fait, il s'oppose aussi à lui-même. Il se traite de lâche, il pense être un être extraordinaire mais découvre qu'il n'en est pas un, il renonce à cette vie mais pourtant perd son courage face au suicide, il tue mais donne et protège. Il a, et je dirai même il est, un questionnement incessant, tout au long du livre. Lors de l'une de ses visites chez Sonia, il ne comprend pas pourquoi elle se laisse traîner dans la prostitution, la souillure, la fange. Il ne comprend pas son inaction. Pour lui, Sonia devrait soit tuer soit se suicider et en finir. Pour lui, elle n'a aucune voie vers le bonheur. Face à cela, il dit baise ses pieds et dit "Ce n'est pas devant toi que je me suis prosterné, mais devant toute la souffrance humaine". Et ce n'est qu'à la fin, qu'au bagne, qu'au moment de l'acceptation de sa souffrance et du renoncement à son orgueil que Raskolnikov retrouve le chemin de la vie, guidé par la foi de Sonia. On retrouve ici le zèle christique de Dostoïevski, incarné par Sonia. C'est l'objet de l'épilogue que j'ai aimé et moins aimé... Ce que j'ai moins aimé : L'épilogue. Un peu précipité selon moi, d'ailleurs Dostoïevski conclut en disant explicitement que la suite pourrait faire l'objet d'un nouveau récit... Pour conclure : Finalement, qu'est-ce qui fait qu'une œuvre est un chef d'œuvre, outre le fait que tout le monde en parle même des siècles après ? Une intrigue haletante, une ou plusieurs questions soulevées, des idées intéressantes et parfois novatrices pour l'époque, une histoire dont on va se souvenir et qui aura un impact sur notre vie, etc. À bien des égards, Crime et Châtiment réunit ces critères. C'est un livre que j'ai adoré, adoré, adoré, et pourtant... j'avais hâte de le terminer tant il est contagieux et impactant de par son côté sombre... C'est dire.
LaLisiere
• Il y a 3 mois
Publié en 1866, "Crime et Châtiment" est l’un des romans les plus célèbres de Fiodor Dostoïevski et un pilier de la littérature mondiale. À travers le parcours de Rodion Raskolnikov, jeune étudiant pauvre de Saint-Pétersbourg, Dostoïevski interroge les fondements de la morale, la culpabilité, la justice et la rédemption. Ce roman, dense et profondément psychologique, constitue autant une enquête sur le crime qu’une plongée vertigineuse dans la conscience humaine. L'intrigue du roman repose sur un fait central : le meurtre d'une vieille usurière commis par Raskolnikov, convaincu que certains hommes « extraordinaires » ont le droit de transgresser la loi pour accomplir une mission supérieure. Le suspense ne réside pas dans l'identité du criminel, connue dès le départ, mais dans les conséquences morales, psychologiques et sociales de cet acte. Dostoïevski ne se contente pas de raconter un crime ; il le déconstruit, l’analyse, en fait le point de départ d’une réflexion sur la responsabilité individuelle, le libre arbitre et les limites de la pensée rationaliste. Le roman devient ainsi un débat philosophique incarné, où chaque personnage semble représenter une vision du monde, une position éthique ou une tension intérieure. Le génie de Dostoïevski réside dans sa capacité à sonder l’âme humaine avec une rare intensité. Raskolnikov est un personnage complexe, à la fois orgueilleux et torturé, intelligent mais instable, oscillant entre révolte et culpabilité. Son parcours est une descente aux enfers marquée par la fièvre, la solitude, les hallucinations et la honte. Autour de lui gravitent des figures tout aussi marquantes : Sonia, incarnation du sacrifice et de la foi chrétienne, le juge Porphyre, fin psychologue et figure de la justice morale, ou encore Svidrigailov, double sombre de Raskolnikov, cynique et désabusé. À travers eux, Dostoïevski explore une vaste palette de sentiments humains – honte, rédemption, peur, amour, désespoir – en les articulant toujours à des dilemmes moraux profonds. Le roman se situe dans le contexte intellectuel de la Russie du XIXe siècle, traversée par des débats sur le nihilisme, le socialisme, la religion et la science. Raskolnikov, influencé par des idées modernes et radicales, incarne cette jeunesse tentée par la transgression des normes traditionnelles. Pourtant, au fil du roman, c’est vers une forme de spiritualité qu’il est conduit – non pas par la religion dogmatique, mais par une rédemption lente et douloureuse, symbolisée par Sonia et la figure du Christ. Dostoïevski ne livre pas une morale simple. Il ne condamne pas son héros, il l’humanise. Le roman repose ainsi sur un équilibre subtil entre la dureté du monde réel et l’espoir d’une renaissance intérieure. Le style de Dostoïevski, profondément ancré dans l'oralité et le flux de conscience, peut désorienter. Le lecteur est souvent plongé dans le monologue intérieur des personnages, leurs obsessions et leurs contradictions. Cela demande une lecture attentive, mais rend l'expérience d’autant plus immersive. L'atmosphère du roman, marquée par la misère, l'étroitesse des chambres, la chaleur étouffante de l’été pétersbourgeois, contribue à créer un sentiment d’angoisse. La ville devient un décor mental, reflétant la confusion et le tourment du héros. "Crime et Châtiment" est une œuvre magistrale, à la fois roman psychologique, récit philosophique et drame moral. Dostoïevski y déploie une profondeur d’analyse rare, explorant les zones troubles de la conscience humaine sans jamais tomber dans la simplification. C’est un roman exigeant mais d’une richesse inépuisable, qui interroge encore aujourd’hui la justice, la liberté et la dignité humaine. Lire "Crime et Châtiment", c’est faire l’expérience d’un grand bouleversement intérieur, à la mesure des grandes œuvres universelles.
Kerannockancel
• Il y a 3 mois
Le tourment en un personnage, la décomposition d'un être tiraillé entre un orgueil démesuré et une volonté d'agir face aux inégalités de son milieu. Une Russie décrite dans ce qu'elle a de plus sombre et le decryptage d'une société en mouvement où les frontières entre classes sociales évoluent et où le statut de noble se dissout peu à peu. La mise en exergue de l'alcoolisme et de la dépravation dans un milieu socialement fragilisé à travers des personnages à la limite de la caricature. La culture savante dépeinte sous ses différentes formes, l'évolution du nihilisme au sein de la société Russe critiquée par l'auteur qui la tourne en dérision et la confronte aux idéologies conservatrices de la tradition orthodoxe russe. Un portrait succinct des minorités ethniques qui peuplent la russie et leur rôle au sein de la société. La place de la religion dans une entreprise de rédemption embuchée. Tels sont les éléments qui composent, en partie, ce récit de Fiodor Dostoïevski, Crime et châtiment. Raskolnikov, jeune étudiant ayant abandonné ses études de droit faute de moyens financiers nous permet, à travers son questionnement, une analyse de la société Russe à Pétersbourg dans ce qu'elle a de plus sombre. C'est en effet une population paupérisée qui y est décrite, soumise aux travers et aux déviances tel que l'alcoolisme et la prostitution dans lesquels ils se morfondent et se prostre, niant ou rejettant la réalité de leur situation. Une réflexion posée par Raskolnikov, à l'origine de son passage à l'acte. Une distinction entre les ordinaires et les extraordinaires, les moutons et les bergers. Les être légitimes et les êtres illégitimes. La barrière entre ces deux catégories ? Le passage à l'acte. De fait, Raskolnikov peut-il légitimement s'autoproclamer extraordinaire du fait de la comission de l'acte ? Cet aspect outrecuidant du personnage le mènera à sa perte mais permettra néanmoins de poser les bases d'un questionnement sur l'immunité accordée à certains individus qui au contraire de leurs pairs, pour des faits proportionnels ou identiques, ne bénificient pas du même traitement. Le personnage de Napoléon demeurera au cœur de cette critique, personnage idolâtré par Raskolnikov dans le récit et qui dans l'histoire Russe, maintient une forme paradoxale de reconnaissance. Enfin, et pour clôturer ce résumé succinct de l'oeuvre, une place centrale est accordée au cheminement du personnage vers la rédemption et l'acceptation de la bassesse de son oeuvre. Étant issu de la noblesse, c'est un acte qui devient honteux pour lui. Il peine à assumer son crime, et l'auteur renforce cet aspect jusqu'à la lecture des classes sociales qui à la fin du récit, ne permet pas la compréhension de la rédemption du personnage sur la place publique à travers ses gestes qui sont perçus comme ceux d'un individu sous l'emprise de l'alcool et non comme ceux d'un être acceptant et reconnaissant son crime. Pour conclure, c'est un livre à lire conscencieusement tout en prenant plaisir, et qui demeurera l'une de mes meilleures lectures.
Idl
• Il y a 3 mois
J’ai comme toujours avec la littérature russe classique beaucoup de mal à me repérer, à ne pas mélanger les personnages. Mais bon, excepté ce « désagrément », j’ai trouvé l’histoire intéressante, même si j’ai également eu un peu de mal à suivre le personnage principal dans sa « douce » folie. Même si je ressors « mitigée » de cette lecture, je suis heureuse de l’avoir lue. A Saint-Pétersbourg, en 1865, Raskolnikov, un jeune noble sombre et altier, renfermé mais aussi généreux, a interrompu ses études faute d'argent. Endetté auprès de sa logeuse qui lui loue une étroite mansarde, il se sent écrasé par sa pauvreté. Mais il se croit aussi appelé à un grand avenir et, dédaigneux de la loi morale, se pense fondé à commettre un crime : ce qu'il va faire bientôt - de manière crapuleuse. Le roman de Dostoïevski montre en Raskolnikov un témoin de la misère, de l'alcoolisme et de la prostitution que l'auteur décrit sans voiles, un criminel aussi qui ne sait trop pourquoi il l'est devenu, tant les raisons qu'il s'invente pour agir sont contradictoires. Mais la tragédie n'exclut pas la vision d'une vie lumineuse, et le châtiment de son crime va lui permettre un long cheminement vers la vérité, et la renonciation à sa mélancolie brutale. Après quoi sera possible ce que l'épilogue annonce : l'initiation de Raskolnikov à une réalité nouvelle, le passage d'un monde à un autre monde.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782266286121
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- Collection ou Série
- Littérature - Classiques
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 752
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- Dimensions
- 179 x 110 mm
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7,50 € Poche 752 pages