Dans le ventre de Klara : Le livre de Régis Jauffret

Un roman qui m'a interpellé quand j' ai lu des chroniques dessus. Découvrir la famille d'un des pires monstres du 20e siècle, me semblait une idée intéressante. Il est vrai qu on parle très peu des origines et donc du terreau dans lequel ont grandi dictateurs, meurtriers, fous furieux.... A travers ce livre,on se met dans la tête de Klara, jeune fille pas très futée, qui va se retrouver mariée à son oncle et qui va subir plusieurs enfants morts avant que le seul qui survive soit l équivalent de Voldemort. En la découvrant, on se rend compte peu à peu que ça ne tourne pas bien rond dans sa tête. On hésite entre le "ma pauvre fille" pour ce qu elle subit et le "mais elle est vraiment pas bien" pour ses pensées et sa passion religieuse maladive. C'est un livre qui remue. Par contre il y a de longs passages totalement extatiques qui apparaissent au détour d'une phrase et partent dans des propos dithyrambiques qui n'ont aucun rapport avec le sujet précédent...allant à des phrases sans AUCUNE ponctuation allant jusqu'à deux pages ... Assez bizarre.

Morbide est le premier mot qui me vient à l'esprit. Régis Jauffret s'est ingénié à noircir au maximum la gestation de Klara entre 1888 et 1889. Cette femme assez naïve a été la proie de son oncle maternel puis mariée à lui avec le consentement de l'Eglise. Extrêmement croyante elle sera aussi la victime d'un abbé sadique qui lui refuse l'absolution quand cela lui chante. C'est sa troisième grossesse. Elle a déjà perdu ses deux premiers bébés morts du croup. Bref une histoire vraiment sordide dont les grandes lignes sont vraies. Klara est la future mère d'Hitler. C'est une découverte de l'histoire de la famille d'Hitler à laquelle je ne me suis jamais intéressée et une découverte de l'écrivain Régis Jauffret qui me laisse mitigée.

Paie ta chronique. PU-NAI-SE que ce fut intense et incroyable. On est happée dans les méandres de l'esprit de Klara complètement bigote pour ne pas dire folle, face à un oncle tout au aussi taré, phobique des germes, incestueux et nationaliste dévoué. Un flux de pensée qui embarque au plus profond de l'esprit de la mère d'H*t*er, sans filtres et qui switch quand on s'y attend le moins avec des évocations de ce que fut l'horreur de la seconde guerre mondiale, des exterminations des marginaux à la Shoah. Un ovni et une lecture hallucinée.

L'idée d'entrer dans la peau et dans le corps de la mère du futur Hitler, me plaisait. Cette trame narrative un rien subversive titillait ma curiosité. Même si je n'ai pas passé un moment désagréable de lecture, j'ai été déçue. En réalité, on suit surtout le quotidien de Klara, engrossée bien malgré elle par son "oncle", qui la rudoie et la traite comme une esclave. Soumise, sans éducation et dévote, elle ne se révolte pas, subit, et va raconter ses "péchés" au prêtre local de manière régulière. L'histoire est répétitive, comme l'est le quotidien, et si par des formules et des allusions, Régis Jauffret laisse supposer le futur de cet enfant en devenir, j'en attendais plus. Et puis, comme à chaque livre de Régis Jauffret (je m'obstine pourtant), je n'accroche pas à son style. Son écriture manque pour moi de naturel et de fluidité. Je le trouve meilleur dans ses textes courts, comme les Microfictions.