Deux milliards de battements de coeur : Le livre de Genki Kawamura

le docteur a expliqué au narrateur qu'il est gravement malade, il va bientôt mourir. Sous le choc de cette annonce brutale, les émotions de notre japonais sont contenues, voire bloquées, les effusions ne sont pas dans sa nature. Il décide pour s'occuper l'esprit de dresser la liste des 10 choses qu'il aimerait avoir le temps de faire avant de mourir, quand un hurluberlu en chemise hawaïenne s'impose à ses sens, tel un guignol éjecté de sa boîte, c'est le Diable, venu lui proposer un pacte pour gagner des jours de vie. . Toute la saveur de ce roman repose ainsi sur le contraste entre le sérieux du narrateur, la tragédie de sa situation, ses réflexions introspectives dénuées d'artifice, et la loufoquerie des « choses incroyables » (incipit) qui lui arrivent à la suite de l'annonce de sa mort imminente, comme l'apparition du Diable, ou son chat qui se met à lui parler, un matou du genre caractériel. L'auteur souffle continuellement un air alternativement chaud ou froid qui m'a beaucoup amusée, souvent surprise, parfois attendrie. . «  - Je vais probablement bientôt mourir. Je lui ai fait cette annonce dans un petit café, tandis que je me réchauffais au-dessus d'une tasse brûlante. Elle s'est tue un instant, le temps de prendre une gorgée de son chocolat chaud. Puis, elle a relevé ses yeux sur moi. - Ah bon ? Pour être tout à fait franc, je m'attendais à mieux comme réponse. J'en avais imaginé trois principales : Passable : « pourquoi ? Tu es malade ?" Bien : « Oh non ! Dis-moi s'il y a quoique ce soit que je puisse faire ! » Pafait : « Bouhouhouhouhou ! » (pleurs déchirants et ininterrompus.) Il fallait se rendre à l ‘évidence, j'avais reçu moins que passable. «  (p46-47, Editions Fleuve, Pocket). Le comique naît du décalage entre la brusque frontalité de la situation et la désaffection émotionnelle qui semble s'être emparée du narrateur. Un vide émotionnel apparent, ponctué de réflexions raisonnables sur sa courte vie, ajouté à ce qui ressemble presque à des aphorismes comme p69 « Pour qui regarde la vie de près, elle ressemble à une tragédie, mais de loin, c'est une comédie ! « . Un sérieux désabus toujours ponctué de mes sourires car ils illustrent le plus souvent une situation absurde voire décalée ou loufoque. « - A quoi cela sert-il de chercher un sens ? On s'en fiche, du sens. Vivre, c'est beau, c'est merveilleux. Même pour les méduses ! (…) Même les méduses trouvent un sens à leur vie. Et moi, qui n'en trouve pas, je vaux bien moins qu'elles. » (p70) Nous ne restons pas dans ce ton d'auto dépréciation parfois, et le plus souvent d'auto-conscience-de-sa-propre-futilité-ainsi-que-de-celle-des-autres (auquel j'adhère au demeurant) tout au long du livre, ce qui est attendrissant. Bien que le livre soit court, le développement du personnage est fort. le Diable, bien que mal-intentionné (logique, c'est le diable!) , l'aide, grâce aux modalités de son pacte, à prendre conscience de ce qui compte finalement vraiment pour lui. A vivre peut-être plus rageusement et intensément ses dernières heures que durant toute sa vie.

J’ai trouvé cette lecture fluide et agréable, avec un ton doux malgré le sujet. Certains passages sont un peu sombres, mais il y a aussi des instants plus légers qui équilibrent bien l’ensemble. L’auteur parle de la vie et du temps qui passe sans lourdeur. Et même si ce n’est pas un livre qui fait éclater de rire, il y a des petits moments qui font sourire et apportent un peu de légèreté. J’ai vraiment aimé ce roman. Il se lit vite. Il est touchant. Pas de fin abrupte ou décevante ici, juste une belle conclusion, qui fait un peu mal au cœur mais qui sonne juste.

Un homme mourant joue sa survie avec le Diable, au risque de perdre tout ce qu'il a aimé durant sa vie. Tout ce qui a construit son âme. J'ai adoré ce roman contemporain, entre fantastique, drame psychologique et leçon philosophique. On partage les derniers jours d'un condamné par la maladie, refusant de partir et reprenant vie intérieurement.

Le Japon, les chats, le diable, une petite lecture sympatoche je me suis dit! Et ben pas du tout! Ce bouquin m'a mise en PLS! Un homme de trente ans voit sa vie bouleversé quand il apprend qu'il va bientôt mourir. Mais c'est sans compter le diable qui a décidé de se mêler un peu de la vie de ce jeune homme en lui proposant de rallonger sa vie de 24 heures en faisant disparaître quelque chose dans le monde. Jusqu'à ce qu'il lui propose de faire disparaître les chats! Larmounette/20 avec les 50 dernières pages.