Dictionnaire amoureux du vélo : Le livre de Éric Fottorino
Le vélo est une machine à remonter le temps qui nous ramène vers les berges de l'enfance sitôt enfourché. Suivre une étape du Tour procure la même sensation. On est à la fois maintenant et hier, voire avant-hier. Un coureur d'aujourd'hui, par son allure, sa façon de pédaler, de rouler ou de se mettre en danseuse, nous rappelle d'autres champions du passé. Contador est un précipité de Bahamontes, Quintana nous ramène à Lucho Herrera. Il y a du Thévenet chez Pinot, du Hinault chez Alaphilippe, toutes proportions gardées...
Le vélo est aussi une machine à raccourcir le temps. Faire qu'une heure dure moins d'une heure, et une minute moins de soixante secondes. Le premier à nous avoir enseigné l'art de l'ellipse sur une bécane s'appelait Jacques Anquetil. L'écrivain cycliste Paul Fournel a résumé l'affaire à merveille avec cette fulgurante formule – ou formule 1 : " Anquetil pédalait blond. "
De (auteur) : Éric Fottorino
Directeur éditorial : Alain Bouldouyre
Expérience de lecture
Avis Babelio
sheumas
• Il y a 1 mois
La chaine et les roseaux. Quelle place le vélo tient-il dans le cœur et dans les fibres de ceux qui pédalent et qui suivent avec passion le Tour de France et les autres grandes courses ? Dans ce dictionnaire, il s’agit bien de « vélo » et non de « bicyclette » et tout ce que l’auteur aborde, à la fois avec humour et précision, fait écho dans la mémoire, à la façon du timbre léger que j’aime entendre sur les voies cyclables et sur les sentiers. Nous sommes lui et moi, de la même année, et j’ai eu, comme lui, ma grande « période vélo » ; mon grand-père italien, féru de Tour de France et de Giro, ne rigolait jamais quand il enfourchait « la bicicletta » ; dès les premières lignes droites, il mettait du braquet pour distancer les membres de son club sur le plat car il savait qu’il était trop lourd dans les côtes et qu’on le rattrapait trop facilement. L’auteur connaît bien « la petite reine » et depuis son plus jeune âge, à l’époque où on mettait de l’antésite dans les bidons et où les souvenirs de Coppi, Bartali, Bobet ou Anquetil planaient encore sur les routes et sur les pelotons, en même temps que ceux de Hinault, Thévenet, Merckx le cannibale, l’émouvant Luis Ocana, champion racé, « mécanique nerveuse », et bien sûr, de Poulidor dont « la poupoularité » tient aussi à une longue histoire d’infortune. Il y a, pour tout cycliste, des mots qui vibrent, des noms qui crissent à la façon d’un boyau sur un sol de gravillons. Toute la mécanique des souvenirs et la chaine des réminiscences se remet à tourner au fil des articles de ce dictionnaire : Aubisque, Braquet, Caravane du Tour, Fringale, Gamelles, Maillot jaune, Petit coureur en métal (rappelez-vous le personnage de Bretodeau dans le film « Amélie Poulain »), Tourmalet, « Vas-y Poupou »… Et, au-dessus de ces échappés du peloton de mémoire, les belles figures des commentateurs au verbe haut, Antoine Blondin, Jean-Paul Brouchon ou des champions mythiques : Bahamontes, « l’aigle de Tolède », Charlie Gaul, Gimondi, Darrigade, Fignon, Van Impe, Armstrong, Pantani et ses oreilles « d’elefantino », Polentier, Indurain et sa « Spada » … Légendes cousues parfois de fil blanc, détricotant le fil jaune, vert, blanc ou à pois rouges de leur maillot. Tout à la fois chênes inébranlables et fragiles roseaux. Qui se souvient de Dietrich Thurau, « Didi » ? De Pantani, dit « le Pirate », de René Vietto, le magnanime, de Gino « le Pieux » ou de ceux qui, à cause de la malchance ou de la pugnacité, ont fait des « soleils mémorables » comme Jean Robic, alias « Biquet », aussi surnommé « Tête de cuir », Roger Rivière, Win Van Est, Fabio Casartelli ? De ceux qui ont voulu « saler la soupe » ? De ceux qui « ont marché à la dynamite » et qui ont été victimes de tragiques « gamelles » comme le champion Tom Simpson ? Et puis il y a eu « le Blaireau » que l’auteur a admiré autant que moi je l’ai admiré, depuis sa première victoire héroïque dans le Dauphiné Libéré en 1977 … Il faudrait encore ajouter à ce dictionnaire tout un livre d’images et de nouvelles fables de La Fontaine pour laisser chanter la chaine et les roseaux.
Kersu_fr
• Il y a 2 mois
Le concept du dictionnaire amoureux, créé en 2000 et décliné à ce jour à près de 140 titres est le suivant : un sujet, des entrées classées par ordre alphabétique comme un dictionnaire encyclopédique mais écrites par un auteur "amoureux" du sujet, donc forcément avec des choix subjectifs et des textes mêlant informations et souvenirs ou réflexions personnelles. Dans ce tome consacré au vélo, les textes sont bien écrits, et j'ai retrouvé le style que j'ai pu apprécié dans d'autres livres d'E. Fottorino, consacrés au vélo ou non. Mais le titre est trompeur, ou en tout cas m'a trompé : derrière vélo il faut lire vélo sportif, voire vélo sportif masculin sur route jusqu'aux années 80. Environ 90% des entrées sont relatives au Tour de France ou à la compétition cycliste et aux "icônes" de l'auteur. On trouve quand même quelques entrées plus génériques, mais rares et courtes. Dommage car il y aurait beaucoup à dire sur d'autres pratiques (piste, bmx, vtt) et usages du vélo (travail, voyage), et sur les championnes féminines (totalement absentes du livre). En conclusion j'ai trouvé ce livre répétitif, trop limité dans son sujet, et redondant avec plusieurs autres livres déjà lus.
JMP
• Il y a 2 mois
C’est d’un œil connaisseur et passionné qu’Éric Fottorino concocte son Dictionnaire amoureux du « vélo », et non du cyclisme : toute la nuance affective est là, dans cet amour du vélo et non seulement de la compétition cycliste. Car Fottorino n’est pas uniquement croyant, il est pratiquant, depuis très longtemps, et sa culture cycliste, forgée dans les glorieuses années soixante-dix, raviront les nostalgiques des arrache-clous, des freins Mafac à tirage central, des tubes Reynolds, des dérailleurs Simplex et de la colle Pastali. Voilà un livre d’où émane l’authentique parfum de l’embrocation, le chuintement des boyaux et le goût du XL1, cette poudre de perlimpinpin saturée en sucre qui donnait l’illusion de pédaler un peu plus vite. Les entrées proposent l’incontournable lexique du vélo, l’objectivation d’un sport avec ses heures de gloire et ses héros, tant sur le terrain qu’en périphérie. Outre les champions, Fottorino n’oublie pas les journalistes géniaux (Blondin, Londres, Nucéra, Fallet…), chantres sans qui il n’est de mythification possible. Mais c’est dans l’intimité, de « Alpes » à « Zaaf » (cet improbable coureur qui prit l’étape à contre sens) qu’ Éric Fottorino devient plus intéressant encore. On le sait, le journaliste et romancier se complaît dans son œuvre à explorer la veine autobiographique. On retrouve dans l’amoureux dictionnaire cette part de l’intime qui vient éclairer les lieux et les hommes d’un faisceau plus humain et plus personnel. L’article sur Laurent Fignon, où pointe une authentique émotion, est exemplaire de cette démarche mêlant le récit objectif d’une trajectoire et le rapport personnel au champion disparu. Le « je », qui devient témoin intime, vient cautionner l’exploit à hauteur d’homme en ce qu’il l’extirpe de la doxa journalistique. Fignon, c’est l’accomplissement d’un rêve échoué de Fottorino (les deux hommes ont le même âge). Mais au-delà du cyclisme moderne, c’est l’histoire dans son ensemble qui est balayée, de Lapébie, Bobet à Coppi ou Poulidor en passant par Jean Robic, (dit Biquet). La forme choisie est aussi variée que les caractères des champions cités. On alterne la prose journalistique et une forme poétique (voir l’article sur Coppi notamment), qui confère un caractère étonnamment épique, voire élégiaque à ce dictionnaire comme si Char ou Apollinaire s’étaient mis à écrire vélo. On y trouve aussi des interviews, comme celle de Thibault Pinot, préalablement publiée dans un numéro du 1, revue que dirige Fottorino. On apprécie pour leur qualité graphique les illustrations d’Alain Bouldouyre, mais qui ne nous empêchent pas de regretter que Pellos, le génial dessinateur de Miroir du Cyclisme des années 70, n’ait pas plus de place dans ce dictionnaire amoureux. Mais c’est sans doute le principe même d’un dictionnaire que faire des choix. Éric Fottorino crée en définitive un lien parfait entre la substance même d’une course cycliste et celle du langage. On y retrouve les ingrédients fondamentaux d’un bon article et d’une épreuve cycliste : « le ton juste, le bon rythme, l’image, la couleur, la musique, l’émotion, la grâce » (Avant-propos).
Avis des membres
Fiche technique du livre
-
- Genres
- Classiques et Littérature , Essais
-
- EAN
- 9782259310246
-
- Collection ou Série
- Dictionnaire amoureux
-
- Format
- Grand format
-
- Nombre de pages
- 416
-
- Dimensions
- 204 x 134 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
26,00 € Grand format 416 pages