Ecritures carnassières : Le livre de Ervé
" Depuis longtemps je taquine la rue. Aujourd'hui encore. Guidé par mes failles, mes blessures, j'arpente trottoirs bitumeux ou sentiers poussiéreux. Partout le même bitume. Partout les mêmes poussières âcres.
Oh ! comme j'aimerais trouver un trou de verdure où chante une rivière, mais je ne suis pas ce dormeur. J'ai cependant deux douleurs dans le dos qui me font dire que je n'étais pas de taille et que vous m'avez vaincu avec vos mots. J'ai perdu. Oui. Je me suis perdu. "
Au travers de ces fragments d'une vie en éclats, de cette écriture tout à la fois vibrante, poétique et carnassière, se déploient la noirceur et les instants de grâce d'un céleste parmi les clochards de Paris.
De (auteur) : Ervé
Préface de : Guy Birenbaum
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
Talec0904
• Il y a 2 ans
Parfois, avant de lire un livre, un sentiment vous a saisi, qui empêche de l’aborder innocemment, sincèrement. Ce fut mon cas quant à celui-ci. Et c’était l’agacement ! Issu probablement de certaines critiques dithyrambiques qui insistaient sur l’éclairage « réalité de la rue » Pourquoi un écrivain « SDF » serait-il nécessairement « céleste » et auteur d’un chef d’œuvre. ? Le texte est constitué, de courtes scènes non chronologiques, entremêlant séquences heureuses et malheureuses de l’enfance de l’auteur en foyer, fugues, sanctions, privations, mauvaises fréquentations et belles rencontres. Bien sûr, nous ne pouvons qu’être émus par cet homme sans. « Aucune odeur paternelle. Et aucun souvenir de tendresse féminine. Comment se construire donc sur le néant ? » Bien sûr, nous ne pouvons qu’être émus par cet homme «ce gosse solitaire, colérique, jamais apaisé qui tente tout ce qui est possible dans l’interdit. Jeune pousse de délinquant. Éternel asocial.» Bien sûr nous ne pouvons qu’être ému par cet homme qui dans son parcours chaotique se veut en poète qui a sa muse. « Elle m’a encouragé, toujours, à écrire, dessiner, à coucher sur le papier ce qui m’habite… » Mais, est-ce littérature ? Bien sur ce recueil possède une dimension testimoniale quand il aborde l’aide sociale à l’enfance ou les conditions de vie des SDF. Mais, cet aspect n’éclipse pas ce qu’a de profondément littéraire ce récit autobiographique. Certes, ce n’est pas un chef d’œuvre impérissable mais il possède un souffle indéfinissable qui caractérise les véritables livres, un morceau brut de littérature. Qui réside, non pas dans le résultat d’un labeur répété sur le langage, mais en sa spontanéité et en son caractère intact, indemne de retouches. « Écrire mais ne pas se relire trop. Quitte à y laisser des bleus ». Mais François Villon était probablement un voyou révolté qui au travers « Frères humains, qui après nous vivez, N’ayez les cœurs contre nous endurcis, Car, si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous mercis. » a traversé les siècles jusqu’à nous. Mais Louis Ferdinand Céline était un salaud qui se savait salaud et en rajoutait une couche, a laissé cet incipit de « Mort à crédit » : « Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si triste… Bientôt je serai vieux. Et ce sera enfin fini. Il est venu tant de monde dans ma chambre. Ils ont dit des choses. Ils ne m’ont pas dit grand-chose. Ils sont partis. Ils sont devenus vieux, misérables et lents chacun dans un coin du monde. Hier à huit heures Madame Bérange, la concierge, est morte. Une grande tempête s’élève de la nuit. Tout en haut, où nous sommes, la maison tremble. C’était une douce et gentille fidèle amie. Demain on l’enterre rue des Saules. Elle était vraiment vieille, tout au bout de la vieillesse. Je lui ai dit dès le premier jour quand elle a toussé : « Ne vous allongez pas, surtout !… Restez assise dans votre lit ! » Je me méfiais. Et puis voilà… Et puis tant pis. Je n’ai pas toujours pratiqué la médecine, cette merde. Je vais leur écrire qu’elle est morte Madame Bérange à ceux qui l’ont connue. Où sont-ils ?
TerrainsVagues
• Il y a 2 ans
Et voila que ça recommence… Je ne sais pas pour vous mais de mon coté, de temps en temps, je commence un bouquin en ayant la certitude que je vais aimer voir plus car forcément affinités vu le sujet. Il y a des livres qui avant même d’être commencés ne laissent aucun doute quant à la question « billet ou pas billet ?». Parfois, souvent (toujours?) quand on attend trop d’une lecture la déception n’en est que plus grande et là… je suis le cul entre deux chaises. Ecritures carnassières de Ervé, un livre sur le monde de la rue par un habitant de la rue. Vu comme ça, j’ai plongé directement car ce monde je le côtoie depuis quelques années de différentes manières pendant un temps que j’ai rendu libre pour ça. La rue, il y a autant de raisons d’y arriver que de gens qui y sont alors quand on me vend un livre sur la rue, je m’attends à un truc d’atmosphère, un truc qui va mettre mal à l’aise le quidam qui a l’habitude de regarder ailleurs, je m’attends à ressentir la violence de chaque situation la plus banale (très bien décrite dans « Un homme » de Christina Mirjol), je m’attends à partager cette insécurité permanente qui accompagne les journées des laissés pour compte, enfin je m’attends à une multitude d’émotions différentes. Dans « Ecritures carnassières » je n’ai pas trouvé tout ça ou si peu. J’ai trouvé des tranches de vie compliquées, très compliquées même, d’un parcours qui a mené l’auteur là où personne ne devrait tolérer qu’un être humain puisse dormir, la rue. J’ai lu des souvenirs de jeunesse, des traces d’un passé avec ses joies ses peines et ses conséquences et ça m’a perturbé. Trajectoire chaotique oui bien sur, rien à dire contre ça mais j’avais pas forcément envie de lire ça alors qu’on me promettait autre chose. Je ne me serais pas senti trompé, j’aurais certainement été dithyrambique et fait un billet disant à quel point j’ai été touché comme l’ont fait certains ici. Là je n’y arrive pas même si le ton du livre me plaît, même si ces pages peuvent émouvoir l ‘espace d’une lecture avant de passer à une autre… Je suis vraiment embêté car c’est un bouquin qui doit pouvoir être diffusé et lu par le plus grand nombre histoire de servir de piqûre de rappel ou d’éveiller certains à d’autres réalités que celles de vies biens rangées d’où rien ne dépasse mais je ne peux que vous encourager à aller lire les autres billets qui vous convaincront de la nécessité de ce livre, ce que je suis incapable de faire.
Tyresias
• Il y a 2 ans
C'est à la Radio que j'ai entendu pour la première fois la voix d'Ervé. Dans je ne sais plus quelle émission du soir... mais d'emblée, le sentiment de le connaître, cette impression qu'on éprouve parfois au début d'une rencontre qui peut aussi être une lecture. Et c'est une belle rencontre ! Dans la rue, sans doute, aussi timide que lui ; sans l'ignorer (comme on feint d'ignorer les SDF), je n'aurais pas osé le regarder. Tout ou presque est matière à citation dans ce livre ; en long, en large et en travers. Il ne devrait pas être classé parmi les "témoignages" dans les rayonnages de la bibliothèque où je l'ai trouvé. Ervé est "à la rue" mais c'est un auteur, ça m'ennuie de le voir côtoyer sous sa forme papier tant de gens qui ne savent pas écrire...
soazickcl
• Il y a 2 ans
Quelle surprise de découvrir ce livre grâce à une émission littéraire à la radio nous enjoignant de le lire d’urgence! L’urgence a traîné un peu mais la lecture , non! Très belle écriture, fluide et tout en phrases courtes. Rien de compliqué, juste de brefs chapitres de quelques paragraphes, des éclats de voix dans le désordre, comme ils viennent peignant une vie invivable, une naissance pas voulue, un rejet total, un enfant déposé comme ça à la DASS, changeant régulièrement de foyers selon les âges, une enfance saccagée, volée et violée, pas de tendresse ou monnayée et la rue pour finir . Le livre est rude mais extrêmement bien écrit avec citations littéraires et jeux de mots car Ervé a toujours lu et écrit. Par petites touches, il décrit son quotidien sans mentir ni s’apitoyer sur lui même , ses addictions alcool et cigarettes, ses petits bonheurs, bien souvent gâchés, ses potes, la solidarité et la solitude, les ravages sur son physique a mesure que les années passent, bref lui, intérieur et extérieur! Pour nous, une plongée dans un monde inconnu, une vidéo à décrypter et à se repasser quand on cherche à savoir pourquoi « ils » sont à la rue. Merci à l’auteur et à ses aides littéraires.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Nouvelle, Récit, Portrait
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- EAN
- 9782266346306
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- Collection ou Série
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 160
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- Dimensions
- 181 x 112 mm
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7,70 € Poche 160 pages