Histoire du fils : Le livre de Marie-Hélène Lafon, Samuel Labarthe

Désolé, Marie-Hélène Lafon, mais je me suis perdu dans vos personnages du premier tiers de ce livre. Je suis nul en généalogie et ne sais même pas ce qu’est une puînée ! C’est dire que ce roman qui enjambe 42 ans dans les deux premiers chapitres et revient ensuite en arrière ne devait pas être fait pour moi… J’ai failli lâcher l’affaire et j’ai lu la première chronique de Babelio (classement par likes). Merci à Kirzy de m’avoir remis en selle, votre enthousiasme m’a invité à persévérer… cela allait certainement s’éclairer. “La famille remplit tout son horizon” dit Hélène. ”Histoire du fils” est cet univers contraint par le cercle familial. L’autrice nous parle de leurs maisons de famille, de leurs rituels de vacances avec le secret au centre “qui était son lot de fils : père inconnu et mère à double fond.” Le récit n’a pas de narrateur, la romancière ne dresse pas de portraits, ne fait pas dialoguer les personnages, elle les pousse dans cent ans de vie et les ruptures de la chronologie ajoutent encore de la distance avec ses personnages. Reste le style tout en évocation, en demi-teinte qui restitue bien l'atmosphère familiale de tout un chacun. Un livre à relire probablement, sans avoir alors à s'accrocher à la filiation et sans avoir à restaurer la chronologie pour se laisser aller aux impressions… ou pas.

Quand t’as le besoin de découvrir des horizons nouveaux, c’est pas forcément chez MHL que tu trouveras à étancher ta soif d’exotisme. Quand t’as le Cantal dans la peau comme Marie-Hélène Lafon, il doit être difficile de se renouveler. Pourtant, avec cette histoire du fils, une tentative d’évasion est sensible : Paris, Toulouse et même Figeac ! Ouaouh ! Bon, le voyage s’effectue en micheline… Ce roman ne pêche pas par son excès de rebondissements. Encore que la Résistance s’invite au menu. Histoire du fils donc, même si Gabrielle, la mère, est à mon goût, le personnage le plus important de ce court roman où l’on retrouve le talent de l’écrivaine, la description d’une vie rurale, ses habitants, ses us et ses secrets. Sous l’apparente banalité du quotidien, en sous-sol, des énergies circulent, sources de bienfaits ou de cataclysmes. Etalé sur un siècle mais relaté dans le désordre, la force habituelle des romans de cette auteure attachante est comme dilué par cette audace chronologique qui, pour ma part, a fait un peu pschiit. Ça ne m’empêchera pas de retourner visiter ma cousine auvergnate, fouchtra !

Une saga familiale sur un siècle, de 1908 à 2008 qui se déroule entre Lot et Cantal, au fin fond d’une campagne magnifiquement décrite par Marie-Hélène Lafon. Aussi belle qu’elle soit, Gabrielle fuit ce monde en montant à Paris où elle espère réussir… Elle devient mère, presque malgré elle, cachera l’enfant au père et le confiera à sa sœur restée à la ferme. Les chapitres s’enchaînent de façon non chronologique, par dates d’événements importants dans la vie du fameux fils, André, sa famille avant sa naissance puis sa descendance. N’oublions pas les événements du côté paternel inconnu du fils mais pas du lecteur… Cela fait beaucoup de dates, beaucoup de personnages et surtout beaucoup de prénoms, comme le regrette @Fandol. Cette « cascade de prénoms » m’a aussi perdue dans ce récit si court. Un siècle en 176 pages… J’ai cependant apprécié l’écriture de Marie-Hélène Lafon, sensible où l’on côtoie la nature, ses odeurs de terre, ses couleurs au changement de saison et la vie des gens simples. J’ai aussi aimé la structure et l’enchevêtrement des années d’abandon du fils sans jugement, avec toujours de l’espoir et des moments heureux malgré tout.

Dans ce roman, on suit, sur presque cent ans, l'histoire d'André ainsi que de nombreux autres personnages, véritable prouesse pour un récit aussi "condensé" (170 pages environ). 12 chapitres non chronologique qui dévoilent, petit à petit, une histoire familiale classique (un fils caché confié par sa mère à sa soeur et le mari de celle-ci). Mais le plus intéressant est sans doute, non pas le fils mais Gabrielle, l'infirmière du lycée d'Aurillac qui se met à aimer un garçon de 20 ans plus jeune qu'elle et sa solitude finale est très émouvante. Rien de sa décision ne sera clairement expliqué, ce qui accentue le côté poignant du roman. Outre le tour de force de cette écriture à l'os, vraiement un très beau roman