Journal d'une écolière soviétique : Le livre de Nina Lougovskaia
Arrêtée à l'âge de dix-neuf ans, en 1937, Nina Lougovskaïa a passé cinq années au Goulag et sept années en Sibérie pour complot contre la vie de Staline. Pour preuve de sa culpabilité (et de celle de toute sa famille), le NKVD (futur KGB) a produit trois cahiers d'école trouvés dans sa chambre lors d'une perquisition: le journal intime de la jeune fille. Nina avait quatorze ans quand elle a commencé à écrire. Un jour, Nina rêve sur la nuque d'un joli garçon placé devant elle au cours de physique; le lendemain, elle se désespère de voir la Russie soviétique tourner à la dictature... Le contraste violent entre les deux visages de la femme-enfant confère à ce récit unique une force poignante, inoubliable; un document étonnamment proche du "Journal" d'Anne Frank: même précocité, même lucidité et même émouvant mélange entre les espoirs d'enfant et la terreur politique. La réaction des agents du NKVD chargés de compulser ces pages griffonnées par une adolescente est tout aussi passionnante que le récit lui-même: les passages considérés comme antistaliniens ont été soulignés; ce sont eux qui seront retenus à charge contre la famille de Nina. Une famille déjà fichée depuis longtemps. Opposant de l'extrême gauche, le père de Nina avait été arrêté une première en fois en 1932, puis interdit de séjour à Moscou et contraint de se réfugier dans la clandestinité. On comprend alors pourquoi Nina témoigne, au milieu même de ses amourettes, d'une conscience politique hors du commun.
De (auteur) : Nina Lougovskaia
Traduit par : Viviane Mikhalkov
Préface de : Stéphane Courtois
Les libraires et les médias en parlent
Avis Babelio
Sam483
• Il y a 11 mois
Si tout le monde connaît le Journal d’Anne Franck, l’Histoire a malheureusement oublié Nina Lougovskaïa et ses écrits. Cette adolescente de 19 ans a été envoyée au Goulag avec ses parents et ses deux sœurs. Motif : complot contre la vie de Staline. Comme preuves, les 3 journaux que l’adolescente a rédigés, dans lesquelles elle parle de sa vie d’écolière, ses inquiétudes de collégienne, et sa haine de Staline. Ces 3 carnets l’enverront pendant 12 ans au Goulag, sa mère n’en reviendra pas. Les journaux seront retrouvés 60 ans après par le KGB. Pour trois journaux intimes, sa vie et celle de ses proches a basculé, pour des pages noircies d'incompréhension et de remise en question d'ordre établit, une famille entière a été déportée. Pour la liberté la plus fondamentale, celle de l'expression, Nina a payé le prix que trop de ses compatriotes ont dû payer. Dans cette Russie stalinienne où la remise en question est un crime de lese majesté, les propos d'une enfant serviront à la considérer comme ennemie de l'Etat, ennemie de Staline. Parce que ce livre est nécessaire et que nous ne devons jamais oublier ce qui fut, à quel point la liberté est fragile, et que tout peut changer en une fraction de seconde. C'est le genre de livre qui doit être lu, vous auriez pu être Nina, j'aurais pu être Nina, d'autres deviendront malheureusement comme Nina. C'est une lecture touchante et sans filtre, pleine de préoccupations d'adolescence et de rejet d'un système oppressant et dictatorial. Il est important de ne pas oublier ce qui a existé, pour que plus jamais de jeunes femmes ne vivent le destin de Nina..
nanouche
• Il y a 2 ans
Née le 25 décembre 1918 à Moscou, Nina Lougovskaïa a tenu un journal intime entre octobre 1932 et janvier 1937. Son père est un socialiste révolutionnaire inquiété par le régime de Staline. A partir de mars 1933 son passeport intérieur lui est retiré et il ne peut plus résider à Moscou ; en novembre 1935 il est arrêté ; le 4 janvier 1937 l'appartement familial est perquisitionné et le journal intime de Nina fait partie des objets confisqués à cette occasion. S'en suit l'arrestation de la mère et des trois filles et leur condamnation à cinq ans de goulag suivie de cinq ans d'assignation à résidence dans la Kolyma. Réhabilitée en 1963 pour "manque de preuves" Nina Lougovskaïa est devenue artiste peintre. Elle est morte en 1993. Son journal intime a été retrouvé après sa mort dans les archives du NKVD ouvertes au public après la chute de l'URSS. Il est un témoignage de la vie quotidienne d'une adolescente à Moscou, au milieu des années 30. Tout d'abord, les préoccupations de Nina sont celles, intemporelles, de nombre d'adolescentes. Elle se trouve laide, voire repoussante et envie ses soeurs aînées et ses camarades de classe. Elles, sont si mignonnes, et bien dans leur peau, et à l'aise avec les garçons. Car Nina est obnubilée par les garçons. Tour à tour elle tombe amoureuse de plusieurs garçons de sa classe, elle a le béguin pour des étudiants, camarades de ses soeurs. Elle les observe, détaillant leurs attraits physiques et leur caractère. En classe elle fait circuler des petits mots en direction de ses amies pour échanger leurs opinions sur tel ou tel. L'école est aussi un grand souci de Nina. Elle n'a pas de très bons résultats, est âgée de deux ans de plus que ses camarades et cherche un moyen d'en finir au plus vite avec sa scolarité secondaire. Elle alterne les périodes de découragement où elle cesse d'aller en cours et les périodes d'enthousiasme où elle décide de travailler d'arrache-pied (bien souvent, semble-t-il, cela ne dépasse pas ce stade de la décision). Cet aspect du journal est intéressant car il montre une permanence des sentiments de l'adolescence. De plus Nina écrit plutôt bien. Cependant, au bout d'un moment, j'ai commencé à trouver que cela devenait répétitif et lassant. L'aspect le plus intéressant du journal, c'est celui qui attiré l'oeil de la police politique : des passages entiers en ont été soulignés par un inspecteur du NKVD et ont servi de preuves confirmant les opinions contre-révolutionnaires de Nina. Quand elle écrit au sujet de Staline : "J'ai rêvé à la façon dont je le tuerais, ce dictateur. Les promesses qu'il fait à la Russie, ce salaud, cette ordure, alors qu'il la mutile, ce vil Géorgien ! " On comprend qu'un régime totalitaire ne puisse pas laisser passer de tels propos. Mais est aussi retenu contre elle le fait qu'elle dise que, bien qu'ayant pitié d'eux, elle ne se sent aucun point commun avec le peuple et les masses ouvrières. Où les nombreux moments où elle pense plus ou moins sérieusement au suicide. C'est au moment où le journal s'arrête, où sa vie va prendre un tour dramatique que j'aimerais le plus pouvoir suivre Nina dans sa déportation.
evelynepapillard
• Il y a 3 ans
allons droit au but : je suis déçue par ce livre et ce à plusieurs titres. * d'un point de vue général j'ignore pourquoi dans les années 90 le KGB a mis fin au secret de ses archives. je suppute que c'est en rapport avec l'éclatement de l'URSS mais c'est une hypothèse que je ne suis pas parvenue à vérifier sur le net par ailleurs d'où sortent ces extraits de lettres du père à la fin du livre? qui a fait le choix de ces extraits là? le prologue,du moins dans l'édition que j'ai empruntée ne constitue pas une présentation historique solide du contexte. * on nous annonce un texte d'une "étonnante lucidité politique," traiter Staline de tous les noms ne constitue pas une "conscience politique precoce"( attention,en disant ça je ne prends pas fait et cause pour lui,loin s'en faut) et surtout, compte tenu du contexte familial,son père étant en redressement politique, si Nina avait vraiment réfléchi un peu, elle n'aurait pas laissé trainer son journal intime dans un tiroir lambda d'une commode après avoir autant denigré Staline. Mais Nina n'a que 14-15 ans et c'est une ado, elle découvre la vie, l'amour,son corps,elle est auto centrée, exacerbée, une ado qui se cherche et ça occulte grandement le reste. le reste, justement est,dans ce journal intime,très peu développé contrairement à ce qu'on tente de nous vendre. très peu de renseignements sur la vie sous Staline,on en apprend beaucoup plus par les notes du traducteur et par la dernière page du livre,extraite d'une lettre du père qui parle de cas de cannibalisme dûs à la famine... *** j'ai aimé dans ce livre le journal d'une ado à l'ère stalinienne,qui me semble ressembler dans l'ensemble aux émois, tracas,joies et désespoirs des ados de maintenant,la politique y ayant certes une place vu le contexte mais minime. ses derniers mots relatent la fête de fin d'année 36, elle sera arrêtée avec sa mère quelques jours plus tard et par la suite envoyée à la Kolyma pour se faire redresser. Pour savoir ce qu'était la Kolyma,cf " le mégot" chanté par Montand et lire entre autre " récits de Kolyma" de Chalamov * j'avoue que la comparaison entre ce journal et celui d'Anne Frank me met en rogne car ça m'apparaît davantage comme un fallacieux argument mercantile. Pour ce qui est du témoignage historique, hélas celui d'Anne Frank est nettement supérieur. * je pense que majoritairement nous n'ignorons pas que sous Staline c'était endoctrinement,violences et absence totale de liberté d'expression ,de pensée et d'actions,qu'apprenons nous ici de plus ? moi, rien.
Avis des membres
Fiche technique du livre
-
- Genres
-
- EAN
- 9782221102626
-
- Collection ou Série
-
- Format
- Grand format
-
- Nombre de pages
- 320
-
- Dimensions
- 240 x 152 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
21,50 € Grand format 320 pages