La 317ème section - NE : Le livre de Pierre Schoendoerffer

Difficile de passer derrière dourvach ! Je n'avais pas fait le rapprochement mais il a raison d'associer Un balcon en forêt de Julien Gracq à la 317ème section. Entre parenthèses probablement les deux meilleurs récits de guerre jamais écrits en France. En dehors peut-être de ceux qu'a suscité la Grande Guerre. La fin est proche. Partout le Viêt Minh progresse. La 317ème section doit plier bagages. Torrens, Willsdorff, Perrin et les supplétifs s'enfoncent dans la jungle. Mais ils ne retraitent pas sans combattre et il y a des blessés. L'opium atténue les douleurs et est un bon remède contre la chiasse ! D'une écriture sèche et précise le récit suit au plus près les évènements mais offre aussi des embardées poétiques. Le film réalisé par Schoendoerffer lui-même est fidèle au livre et figure lui aussi au premier rang des films de guerre. Un film que je regarde une fois par an. On peut effectivement aussi convoquer Herzog ou Conrad dont Au coeur des ténèbres deviendra à l'écran Apocalypse Now.

La débâcle de la 317 ème section dans la jungle laotienne où les rescapés, des gradés francais et leurs supplétifs locaux, tentent d'échapper aux forces du Viet-Min dans un environnement hostile. Sans tomber dans le compassionnel et l'héroïsme, le récit crée une proximité avec ces hommes autour de leur solidarité et leur dérision. Ce récit, d'un réalisme qui tient du vécu de l'auteur, prend aux tripes.

"La 317e Section" est un roman poignant et captivant qui offre un regard perspicace sur la guerre d'Indochine à travers les yeux des soldats français. Pierre Schoendoerffer réussit à combiner réalisme brut et empathie profonde pour ses personnages, créant une œuvre littéraire et cinématographique qui résonne avec émotion et authenticité. Bien que centré sur un conflit spécifique, le roman aborde des thèmes universels qui résonnent au-delà du contexte historique, en faisant une lecture essentielle pour ceux qui s'intéressent à la littérature de guerre et à l'exploration de la condition humaine sous le feu des combats. Les personnages de "La 317e Section" sont profondément humains et complexes, chacun portant le poids de la guerre à sa manière. Schoendoerffer donne vie à ces hommes avec une empathie et une profondeur qui les rendent mémorables. Leur développement se fait à travers leurs interactions tendues, leurs dialogues poignants et leurs actions souvent héroïques. Les relations qui se nouent entre eux, marquées par la camaraderie, la peur et parfois la trahison, ajoutent une dimension émotionnelle puissante à l'histoire.

Guerre d'Indochine, Laos, 1954 avant la chute de Diên Biên Phu. Après «#8239;L'adieu au roi#8239;», il me fallait lire ce roman. Pierre Schoendoerffer a participé à la guerre d'Indochine. Il livre ici un récit encore plus personnel. Pendant moins de dix jours, on suit la 317#7497; section composée d'une quarantaine d'hommes de troupe locaux et de quatre Français. Des 41 soldats locaux, les “supplétifs”, on ne découvrira que quelques-uns. Le roman se focalise surtout sur les quatre Français. Il y a surtout, le sous-officier Torrens que l'on devine novice. Et Willsdorff qui a déjà fait la guerre, la seconde guerre mondiale mais avec les Allemands (il est Alsacien). La troupe va tenter de rallier une position sûre. Ils sont poursuivis par le Viet-minh. Ils sont surtout cernés par la Jungle. L'humidité permanente qui rend tout vrai repos impossible, aggrave les blessures, exténue les hommes est littéralement une force hostile, une ennemie. Il pleut, le ciel n'est que rarement dégagé. Les sangsues s'accrochent à la peau. La boue est omniprésente. La troupe tente bien un coup contre le Viet-Minh. Mais très vite, c'est la fuite à travers la Jungle avec les blessés, les morts. Pas de fin heureuse. le roman commence par ces mots : « Toute ressemblance avec des personnages vivants serait purement fortuite, car les hommes qui ont inspiré cette histoire sont morts » Le récit est sobre. le verbe direct. Il y a entre deux marches quelques moments de dialogues, de découvertes mutuelles. Un respect mutuel qui se construit sous le feu. Une camaraderie. La mort est omniprésente. Elle emporte en un clin d'oeil ou après de terribles souffrances, dans le feu de l'action ou pendant la nuit… Il est une phrase qui revient souvent « Vive la mort ! » Pierre Schoendoerffer livre un témoignage de première main sur la Guerre. Atroce, Absurde, Violente. Pas de place pour l'absurde héroïsme hollywoodien : tout se paye et au prix fort.