LA CAGE DE VERRE : Le livre de Georges Simenon

Émile Virieu, un homme solitaire au possible, passe la plus grande partie de ses journées dans son bureau vitré, tel un poisson dans son aquarium, il aime être isolé des autres employés de l'imprimerie parisienne où il est correcteur. Il fuit le contact avec les autres, souffrirait-il d'une forme d'autisme ? C'est la question que je me suis posée, mais à l'époque où le roman a été écrit, on devait peu en entendre parler. Il épouse Jeanne, secrétaire dans la même imprimerie. Elle quittera son travail pour rester à l'appartement et faire des traductions. Le couple voit juste la sœur d'Émile, son mari et leurs enfants de temps en temps, mais un drame surviendra dans cette famille et perturbera la vie d'Émile, réglée comme du papier à musique. La tension ira crescendo après l'installation d'un jeune couple dans l'appartement voisin mais je préfère ne rien révéler à ce sujet. J'ai beaucoup aimé me plonger dans ce roman de 1971 où la société est très différente de la nôtre. Émile est un homme déroutant, sous des allures calmes, on découvre qu'il peut être aisément déstabilisé. Une fois qu'un grain de sable se sera insinué dans les rouages de ses journées répétitives, tout va se mettre à dérailler et la situation va devenir ingérable pour cet homme si passif en apparence. J'ai été fascinée par l'accumulation de détails qui, mis bout à bout, vont faire exploser une vie en apparence paisible, mais extrêmement tourmentée en réalité. C'est un véritable plaisir d'avoir découvert ce roman, fort différent des Maigret puisqu'il ne s'agit pas ici d'une enquête policière. Je compte lire d'autres ''romans durs'' de Simenon pour me faire une idée plus précise sur ce genre.

Un Simenon mais sans Maigret, l'inspecteur délaissé par l'auteur au profit d'un autre homme, le temps d'une histoire un peu déroutante. Simenon nous raconte la vie d'un homme singulier, asocial, jamais compris des autres et ne voulant pas s'en rapprocher. Seul, dans sa cage de verre, il se sent bien dans son élément. Mais il suffira d'un ou deux événements pour que, par dessus cette vie si bien réglée, remonte du fond de lui une pulsion à laquelle il ne pourra échapper. Lecture plaisante, rapide pour découvrir autrement cet auteur.

Une vie ordinaire faite d'habitudes et d'une régularité sans failles. Pas de failles, pas de vagues, pas d'interrogations ni autres questions. Le quotidien doit se suffire à lui même, c'est tout. Un accroc, un désarroi, et tout doit se dérégler? Non, on ne modifie pas ce qui doit être immuable, pas d'entorses ni autres jeux du genre …. L'auteur nous fait suivre ces habitudes de vies et leur transparence. Comme une cage de verre, en somme, afin de se protéger de ces autres, si différents, semble t il. Un petit clin de l'écrivain à ses débuts, avec la mention des éditions Ferenczi; édition qui lui permirent de manger lorsque le succès n'était pas encore au rendez vous. Petite histoire originale et sans prétention à lire pour simple détente entre deux …..