LA CHAMBRE BLEUE : Le livre de Georges Simenon

Numérique

Omnibus

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Victime d'un faux témoignage


Tony Falcone et Andrée Despierre, qui s'étaient perdus de vue depuis la fin de leur enfance, sont devenus amants un soir de septembre. Au cours des mois suivants, ils se retrouvent huit fois dans la " chambre bleue " à l'Hôtel des Voyageurs, tenu par le frère de Tony. Un jour, il s'en faut de peu que le mari d'Andrée ne surprenne, par hasard, les amants.
Adapté pour le cinéma en 2002, sous le titre La Habitación azul, par Walter Doehner, avec Juan-Manuel Bernal (Antonio), Patricia Llaca (Andréa), Elena Anaya (Ana) puis en 2014, par Mathieu Amalric, avec Mathieu Amalric, Léa Drucker et Stéphanie Cléau.
Simenon chez Omnibus : les enquêtes du célèbre commissaire Maigret, et les très "noirs' Romans durs

De (auteur) : Georges Simenon

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Expérience de lecture

Avis Babelio

TOFPOLAR

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 10 mois

– Je t’ai fait mal ? – Non. – Tu m’en veux ? – Non. C’était vrai. A ce moment-là, tout était vrai, puisqu’il vivait la scène à l’état brut, sans se poser de questions, sans essayer de comprendre, sans soupçonner qu’il y aurait un jour quelque chose à comprendre. Non seulement tout était vrai, mais tout était réel : lui, la chambre, Andrée qui restait étendue sur le lit dévasté, nue, les cuisses écartées, avec la tache sombre du sexe d’où sortait un filet de sperme. Était-il heureux ? Si on le lui avait demandé, il aurait répondu oui sans hésiter... Avec Simenon, on pense tout de suite aux fameuses et fumeuses enquêtes de Maigret, son grand personnage. Ce roman n'est pas une autre aventure du commissaire mais c'est bien un roman policier, avec une tournure très psychologique. Simenon va au plus profond de la campagne française et les petits détails du début des années 60 ont parfois un parfum précieux et suranné pour le lecteur, une vieille photo sépia, issue d'une époque où les gens pouvaient sortir prendre une bière au café à l'entracte du cinéma. Mais la séduction du roman ne vient pas de la résolution du crime en elle-même, le mystère le plus profond provient de l'esprit confus du héros, déboussolé par la passion incontrôlable de sa maîtresse secrète. Un désir intense mystérieux condensé dans une seule chambre, la Chambre Bleue, dont le souvenir est répété encore et encore tout au long du livre. Une intrigue classique ou perce une belle confusion à la fois étrange et subtile... …

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christophelannoy

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 an

Un livre étonnant, formidablement bien écrit dans lequel on ne sait pas qui est mort et qui a tué. Au deux-tiers du livre, nous apprendrons pour finir qui a été tué mais cela n'est pas le plus important tant les premiers 2/3 du livre suffisent au plaisir troublé et interrogatif du lecteur

JLBlecteur

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 ans

Hôtel de la gare, la chambre bleue est occupée en ce jeudi après-midi.   L'origine du monde post-coïtal : Scène d’ouverture très crue (surtout pour l’époque, édition 1964) qui fait appel à tous nos sens : il y a de la couleur, de la chaleur, des ombres, des gouts, des sons, des odeurs, des fluides, des textures, tout est trivialement vivant, quasiment animal.   Un couple s'y désenlace à l’instant, encore bouillant de ses ébats adultères.   Mais tout ceci n'est que souvenirs, souvenirs à remettre en perspective au gré d'un interrogatoire dont on ne connaît pas la raison.   Que s'est-il passé après cet épisode de jouissance décomplexée ?   L’écriture est extrêmement moderne, découpée tel un scénario de cinéma qui enchevêtre les faits et, à distance, l’enquête menée on ne sait pourquoi mais qui ausculte la vie de Tony, lui.   Lui se sauve, les vêtements sous le bras car, à travers les volets mi-clos, il a aperçu son mari, à elle, qui, lascive encore et impudique toujours, garde le lit aux draps souillés.   Il part, il fuit, il s’éclipse, il quitte la scène dont on ignore de quel coup de théâtre elle va être le lieu. Il n’a rien fait que de se sauver, croit-on.   Bien que focalisé sur le personnage de l’homme, le récit,  par petites touches, par aplats impressionnistes nous dresse le portrait d'une époque révolue ou l'on entend le sifflet d'un train en manœuvre ou le hurlement de l’enclume d'un maréchal ferrant tout en croisant des vieilles filles en devenir brossées rapidement en quelques mots simples ou des beaux parents cruellement familiarisés avec la bêtise la plus crasse.   Il est incarcéré, emprisonné, interrogé, soupçonné mais de quoi ?   Ce jeudi après-midi, il est parti, il est rentré chez lui, il a rejoint épouse et enfant puis il les a vus passer en 2cv, elle et son mari, alors ?   Bien sûr elle lui avait demandé ce qu'il ferait si elle se retrouvait libre, débarrassée de son mari, mais ?   Il nous semble découvrir les faits qui lui sont reprochés en même temps que nous, pourtant !   On saura tout de sa vie, à lui, Tony, que les policiers, juge ou psychiatre découperont en de multiples pièces de puzzle pour la reconstituer avec lui, sous son éclairage à lui.   Au milieu du livre, on ne sait toujours pas qui est mort mais la pression se fait forte et insidieuse comme un piège qui se ferme imperceptiblement, l’incompréhension aussi, et c’est tellement bien écrit.   A travers les interrogatoires auxquels Tony est soumis, on devine le climat qui règne au village, on entend gronder la rumeur qui enfle, on voit se détourner les regards sur son passage qu'il pense être des plus discrets, on sent le danger poindre, tous nos sens sont impliqués.   Et nous allons rester ainsi, tendus, tétanisés comme les muscles d'une grenouille que l'on soumet à un courant électrique jusqu’à la dernière page du livre, persuadés,  en plus, que le verdict final n'est pas celui que nous aurions prononcé.   Du grand art, à tous les niveaux qui me fait écrire que je reviendrai, régulièrement, exhumer un vieux Simenon qui n’est pas seulement le créateur d'un Maigret que la télé en noir et blanc a un peu recouvert d'une fine couche de poussière.      

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HordeDuContrevent

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 ans

Alors que vos désirs tournent rouge et que vous vous demandez si l’herbe est plus verte ailleurs, je vous invite à lire La chambre bleue, vous vous éviterez bien des nuits blanches ainsi qu’un avenir noir… Un manuel à mettre entre les mains de tous jeunes couples, à placer dans toutes tables de chevet des hôtels en lieu et place de la Bible, c’est plus radical pour ne pas pêcher… Car oui, ne vous fiez ni au titre, ni à la couverture bleutée de ce livre de Georges Simenon, ce livre délicieusement désuet, est noir, aussi noir que la chambre de ces amants frénétiques est bleue. Nous voilà à Saint-Justin-du-Loup, au début des années 60, un petit village français, où tout le monde se connait et où les ragots sont légion et vont bon train. Nous sommes directement dans l’interrogatoire que subit Tony Falcone, interrogatoire au cours duquel, au fil des questions, se mêlent les souvenirs de cet homme qui trompait sa discrète femme Gisèle, avec la vibrante Andrée, grande femme statuaire connue à l’école primaire. Tous les jeudis ils se retrouvent à l’hôtel du frère de Tony, dans cette chambre bleue, parenthèse hors du temps n’appartenant qu’à eux. Des mots doux murmurés, des corps à corps passionnés, des promesses tels des mots n’ayant de valeur qu’entre les quatre murs lavande…Dans la chambre bleue, rien n’est vraiment réel, du moins d’une réalité différente. Nous nous doutons qu’il n’est pas accusé pour cet adultère mais jusqu’à la fin du livre le mystère reste entier sur ce qui s’est passé et l’angoisse enfle au fur et à mesure des pages. Tony raconte, raconte de nouveau, connait les mots par cœur les ressassant ad nauseum. « Combien la vie est différente quand on la vit et quand on l’épluche après coup ! Il finissait par se laisser troubler par les sentiments qu’on lui supposait, par ne plus reconnaître le vrai du faux, par se demander où finissait le bien et où commençait le mal ». J’ai profondément aimé ce livre que j’ai dévoré d’une traite. C’est un policier de facture classique très réussi qui nous tient en haleine jusqu’au bout. C’est une description d’une époque passée, celle des années 60 au sein des petits bourgs français où les hommes commettent facilement quelques écarts sans que cela porte à conséquence, où « le lundi est jour de lessive, mardi ou le mercredi, selon le temps, selon que le linge est sec ou non, celui du repassage », ce sont les senteurs de lieux campagnards, celles du vin et des alcools, des ragouts qui mijotent… C’est un roman d’ambiance dans lequel on plonge dans l’intimité d’une famille marquée par le non-dit de l’adultère qui entache le couple, ayant l’intelligence et la pudeur de le tenir à distance, rongé par le remord. J’ai été très touchée par cette façon qu’a Tony, alors qu’il sent le danger rôder, se raccrocher à sa fille, à sa femme aussi d’une manière silencieuse et désespérée. « Gisèle souriait, d’un sourire bien à elle, très mince, qui étirait à peine ses lèvres, comme si elle s’efforçait de le garder à l’intérieur ». Au fur et à mesure du récit, on se rend compte à quel point la routine, les traditions au sein du couple, sont rassurantes…Vouloir les pimenter peut couter cher, très cher. Car ne jamais oublier cela : « On ne passe pas sa vie sur un lit, dans une chambre vibrante de soleil, à subir la fureur de deux corps nus »…

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Policiers & Thrillers , Thrillers
  • EAN
    9782258098046
  • Collection ou Série
  • Format
    Livre numérique
  • DRM
    Adobe DRM

L'auteur

Georges Simenon

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