La Colère et l'Envie : Le livre de Alice Renard, Hugues Boucher, Grétel Delattre, Alice de Lencquesaing, Michel Favory

21 ans, c'est l'âge d'Alice Renard lorsqu'elle publie ce roman court et percutant sur une petite fille différente. Roman choral en trois parties : - Les pensées, la détresse, les espoirs des parents - La rencontre avec Lucien, le voisin septuagénaire, une forme d'osmose - et puis les lettres d'Isor. Finalement la solitude de tous. Une écriture poétique et soignée qui m'a emballée particulièrement dans les deux premières parties. Les sujets abordés sont poignants. Ce petit roman se lit d'une traite et le coeur serré. Un récit à part.

La Colère et l’Envie est un roman choral centré sur Isor, une jeune fille qui a des troubles cognitifs, autour de qui tout gravite. Ce roman m’a beaucoup touchée. J’ai adoré le style presque théâtral, avec ces narrateurs qui se succèdent, chacun apportant sa voix, son rythme, sa sensibilité. Le personnage de Lucien m’a bouleversée. L’écriture est intime, belle, fine, et change selon le point de vue, ce qui rend l’ensemble très vivant. L’histoire en elle-même est un peu rocambolesque et pas toujours crédible, mais étonnamment, ça fonctionne : la forme porte tout. Et moi qui, d’habitude, décroche avec ce type de récit… là, j’ai été happée.

Cette histoire est racontée par Isor, ses 2 parents et Lucien un voisin. Bébé Isor inquiète ses parents qui vont de reandez-vous médicaux en déconvenue et décident de garder Isor pour eux, chez eux. Leur quotidien n'est pas simple. Isor est isolée, difficilement décryptable, non-verbale, fait des petites fugues. Lors d'une de ses escapades elle rencontre Lucien et une belle amitié se noue entre eux. Lucien fait un malaise, cela semble être un déclic pour Isor prend son envol, sa liberté et part renouer avec le passé de Lucien... Je n'ai pas accroché, probablement pas le bon timing pour moi Belle découverte

L'enfant. Isor. I nsaisissable. Insondable. Immense. S ingulière. Sinueuse. Sismique. O rageuse. Out-rageuse. Orfièvre. R étive. Re-belle. La mère. Maude. Méritante. Mère-veilleuse. Le père. Camillio. Percutant. Perdu. Perdure. ... Les parents-thèses... Et puis Lucien la luciole... lampyre... l'empire... Une colère si vaste qu'elle entrave l'envie. Une envie si furieuse qu'elle nourrit la colère. Alors comment poser des mots sur cette impuissance douloureuse à être pleinement présente au monde ? À recevoir le monde ? À être reçue du monde ? Isor la mutique ne sait et ne peut dire. À moins qu'elle ne veuille dire. Qui sait ? Mère ne sait. Et père pas mieux. Les médecins ? Spécialistes ? Psychologues ? N'en parlons pas. Alors le corps, lui, parle, écoute, pleure et crie, hurle, retient puis déverse en un ressac impétueux l'impensable et l'impossible à dire. La vie s'arc-boute, les vies s'entrechoquent dans une danse endiablée. Et puis, un jour, pourquoi ce jour, la douceur s'invite. La luciole offre un chemin de relâchement qu'elle éclaire doucement, malgré son apparente insignifiance. Une toute petite lumière qui surprend, qui saisit par la main et par le cœur. Alors tout s'illumine enfin et les mots comme des centaines de milliers d'étoiles constellent le champ des possibles. Alice Bernard est une magicienne, une fée peut-être. Elle transforme les petites souris en princesses et la langue en partition musicale. Avec une précision d'horlogère, une grâce et une poésie qui ne ressemble à aucune autre, elle visite et dissèque les âmes, sans dommages ni outrages... Ce livre est d'une beauté et d'une profondeur rares.