La grande béké - tome 1 - NE : Le livre de Marie-Reine de Jaham

Grand format

Robert Laffont

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La Grande Béké est l'héritière d'un de ces orgeuilleuses dynasties de colon français qui, au début du XXe siècle encore, régnaient sur la Martinique, farouchement attachés à leur terre. Ruinée par l'éruption du volcan Pelée en 1902, sa famille anéantie, sa plantation détruite, Fleur de Mase se jure de relever le domaine et de refaire fortune, dût-elle pour cela sacrifier l'homme qu'elle aime.
Pendant plus d'un demi-siècle, elle lutte sans relâche, contre ses ennemis, contre le volcan, contre la fatalité et les préjugés antillais. A force de ruse, d'acharnement, de séduction, elle parvient à ses fins. Admirée et redoutée de tous, elle est au faîte de sa puissance.
Jusqu'au jour où Michel, son petit-fils qu'elle ne connaît pas, débarque à la Martinique. Alors, soudain, son univers bascule...
Un grand roman qui tire sa force du tableau sans concession et sans faux exotisme que Marie-Reine de Jaham brosse des grandeurs et petitesses de chaque communauté et de leurs affrontements, et quui doit sa beauté à l'amour lucide qu'elle porte à cette terre qui est la sienne.

De (auteur) : Marie-Reine de Jaham

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Expérience de lecture

Avis Babelio

fresnigirl

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 5 mois

Voilà un roman riche, car il génère une grande complexité dans l’analyse et la critique. Déjà, je pense que dans la littérature antillaise, c’est l’un des très rares exemples de romans de békés ou sur l’histoire des békés. Leurs pensées et mécanismes nous restent généralement inaccessibles mais ici - et c’est louable - Marie-Reine de Jaham nous y donne accès. Et c’est là que les choses se compliquent : on sent bien tout le mépris de cette classe pour celle qu’elle domine (les noirs de l’île). Les personnages noirs sont simplets, parfois bêtes, ce ne sont jamais les stratèges, ils n’ont jamais l’étoffe de héros ou de dirigeants. Ils aspirent tout au plus à être d’admirables serviteurs de la grande madame : la meilleure nounou, le meilleur jardinier, le plus lèche bottes finalement… C’est d’autant plus vrai qu’ils sont comparés et comparables aux personnages blancs divers et variés qui eux sont présentés sous leur meilleur jour, voués à la réussite, peuvent aspirer à de grandes choses. Ce sont d’ailleurs eux les sauveurs de l’île, ce qui œuvrent pour qu’elle ressemble à quelque chose. Ces quelques 3. 000 békés qui dirigent 300.000 noirs, la Martinique leur doit tout : l’argent, les routes, même la botanique! On croit rêver non? Plus directement, Marie-Reine de Jaham use parfois d’un langage rabaissant pour caractériser les noirs, rabaissés à rien, leurs corps erotisés d’une façon maladroite : « Entre le rhum et le sexe, il y avait, dans le vie de Pollius tout juste la place pour des occupations à l’habitation et pour Gran Madam ». Évidement, le langage des autochtones et beaucoup plus limités que celui des blancs. Eux peuvent s’exprimer en bon français et en créole mais les noirs sont limités à un mauvais français, choix stylistique contestable… «  faut aller voir si l’mait’ savane il a pas besoin d’nous ». Limite, limite… L’ouvrage pullule également de marques de déférence exagérées, non nécessaires : les blancs sont toujours des Missié, des Gran Madam, etc. Avec en prime une critique sur la culpabilité qu’expriment certains békés pour le passé esclavagiste de leur famille : « la volonté farouche que mon petit-fils a d’exorciser la fatalité béké, cette gangrène de remords et d’impuissance qui nous ronge tous ici ». Marie-Reine de Jaham offre toutefois des analyses intéressantes et toujours d’actualités sur l’assistanat induit ou forcé des populations, la corruption des politiques, les pleins pouvoirs de certaines populations (békés) au détriment des autres. Revenant sur le fond, je dirais que l’intrigue est classique, pas forcément intéressante mais que tout l’intérêt du roman réside dans le cadre où ladite intrigue se déroule. Le personnage principal est just too-much : trop forte, trop méchante, trop béké, trop puissante, trop tout quoi… La forme quant à elle, m’a marquée au début par sa médiocrité : ne s’improvise pas romancier qui veut. Je trouvais le développement des personnages trop caricatural et forcé, les choix stylistiques (mentionnés avant) relativement douteux, et les éléments de l’intrigue mal amenés ou agencés. Mais finalement, passées les premières pages, je m’y suis faite et je reviens donc sur ce jugement trop sévère. Une lecture intéressante donc que je recommande pour comprendre une certaine mentalité qui sévit encore aux Antilles françaises bien que je note la date d’édition de ce roman : 1989, une autre époque où l’on se permettait d’écrire plus franchement ce que l’on pensait et où la société antillaise n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui.

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fresnigirl

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 5 mois

Voilà un roman riche, car il génère une grande complexité dans l’analyse et la critique. Déjà, je pense que dans la littérature antillaise, c’est l’un des très rares exemples de romans de békés ou sur l’histoire des békés. Leurs pensées et mécanismes nous restent généralement inaccessibles mais ici - et c’est louable - Marie-Reine de Jaham nous y donne accès. Et c’est là que les choses se compliquent : on sent bien tout le mépris de cette classe pour celle qu’elle domine (les noirs de l’île). Les personnages noirs sont simplets, parfois bêtes, ce ne sont jamais les stratèges, ils n’ont jamais l’étoffe de héros ou de dirigeants. Ils aspirent tout au plus à être d’admirables serviteurs de la grande madame : la meilleure nounou, le meilleur jardinier, le plus lèche bottes finalement… C’est d’autant plus vrai qu’ils sont comparés et comparables aux personnages blancs divers et variés qui eux sont présentés sous leur meilleur jour, voués à la réussite, peuvent aspirer à de grandes choses. Ce sont d’ailleurs eux les sauveurs de l’île, ce qui œuvrent pour qu’elle ressemble à quelque chose. Ces quelques 3. 000 békés qui dirigent 300.000 noirs, la Martinique leur doit tout : l’argent, les routes, même la botanique! On croit rêver non? Plus directement, Marie-Reine de Jaham use parfois d’un langage rabaissant pour caractériser les noirs, rabaissés à rien, leurs corps erotisés d’une façon maladroite : « Entre le rhum et le sexe, il y avait, dans le vie de Pollius tout juste la place pour des occupations à l’habitation et pour Gran Madam ». Évidement, le langage des autochtones et beaucoup plus limités que celui des blancs. Eux peuvent s’exprimer en bon français et en créole mais les noirs sont limités à un mauvais français, choix stylistique contestable… «  faut aller voir si l’mait’ savane il a pas besoin d’nous ». Limite, limite… L’ouvrage pullule également de marques de déférence exagérées, non nécessaires : les blancs sont toujours des Missié, des Gran Madam, etc. Avec en prime une critique sur la culpabilité qu’expriment certains békés pour le passé esclavagiste de leur famille : « la volonté farouche que mon petit-fils a d’exorciser la fatalité béké, cette gangrène de remords et d’impuissance qui nous ronge tous ici ». Marie-Reine de Jaham offre toutefois des analyses intéressantes et toujours d’actualités sur l’assistanat induit ou forcé des populations, la corruption des politiques, les pleins pouvoirs de certaines populations (békés) au détriment des autres. Revenant sur le fond, je dirais que l’intrigue est classique, pas forcément intéressante mais que tout l’intérêt du roman réside dans le cadre où ladite intrigue se déroule. Le personnage principal est just too-much : trop forte, trop méchante, trop béké, trop puissante, trop tout quoi… La forme quant à elle, m’a marquée au début par sa médiocrité : ne s’improvise pas romancier qui veut. Je trouvais le développement des personnages trop caricatural et forcé, les choix stylistiques (mentionnés avant) relativement douteux, et les éléments de l’intrigue mal amenés ou agencés. Mais finalement, passées les premières pages, je m’y suis faite et je reviens donc sur ce jugement trop sévère. Une lecture intéressante donc que je recommande pour comprendre une certaine mentalité qui sévit encore aux Antilles françaises bien que je note la date d’édition de ce roman : 1989, une autre époque où l’on se permettait d’écrire plus franchement ce que l’on pensait et où la société antillaise n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui.

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Fiche technique du livre

  • Genres
  • EAN
    9782221087367
  • Collection ou Série
    Best-sellers
  • Format
    Grand format
  • Nombre de pages
    336
  • Dimensions
    241 x 154 mm

L'auteur

Marie-Reine de Jaham

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20,50 € Grand format 336 pages