LA GUINGUETTE A DEUX SOUS : Le livre de Georges Simenon

Avant d'être exécuté, Lenoir confie au Commissaire Maigret qu'il a été témoin d'un crime vieux de six ans. Il a fait chanter l'assassin qui a déménagé. "Y'a pas trois mois, il l'a rencontré à la Guinguette à deux sous" Maigret découvre donc cette guinguette au bord de la Seine, près de Morsang. Il se lie avec les habitués qui s'y retrouvent chaque week-end. On danse, on picole, on s'enivre on fait du canotage. Atmosphère trouble, des couples, dettes et de l'adultère. Le monde très évocateur de Simenon.

Le début des années 30, Paris, l'été, une chaleur orageuse, Madame Maigret, comme chaque été est chez sa sœur, en Alsace. Maigret s'ennuie un peu, la demie confidence d'un condamné, une guinguette, une bande de copains du Dimanche. Le drame. Maigret cherche, Maigret boit un peu trop, il s'attache et s'attendrit. Et bien sûr qu'il trouve, en douceur, en lenteur, avec humanité. Et allez savoir pourquoi, je finis ce petit roman les larmes aux yeux.

Une fin d’après-midi radieuse. Un soleil presque sirupeux dans les rues paisibles de la Rive Gauche. Et partout, sur les visages, dans les mille bruits familiers de la rue, de la joie de vivre. Il y a des jours ainsi, où l’existence est moins quotidienne et où les passants, sur les trottoirs, les tramways et les autos semblent jouer leur rôle dans une féerie. Quand Maigret arriva à la poterne de la Santé, le factionnaire attendri regardait un petit chat blanc qui jouait avec le chien de la crémière... Un roman sympa, classique, sans agressivité. Un polar un peu lent, mais nous sommes en été et il fait chaud. Rien de spectaculaire dans l'énigme et la chute est presque banale. Lire cette enquête pour l'ambiance si particulière et les détails révolus...

Certes le début de cette enquête est tiré par les cheveux. Certes avec un commissaire qui a tout pouvoir, il n'était pas besoin d'user d'une coïncidence à deux sous pour lancer Maigret sur la piste de la guinguette idoine. Mais bien sûr avec Simenon l'essentiel est ailleurs, dans cette atmosphère unique, lourde d'humanité et de faiblesses humaines qu'il sait installer comme nul autre. Et puis ce titre vaut aussi parce l'air de rien Simenon nous explique par la voix même de Maigret la construction en deux temps de ces romans. Un premier temps qui est celui de l'imprégnation de l'ambiance, où Maigret prend toute sa place, et qui fait mon bonheur de lecteur, un second temps plus mécanique, où l'enquête se résout presque par elle même, une avancée en entraînant une autre. Probablement pas le meilleur Maigret donc, en aucun cas le dernier.