La mémoire est une chienne indocile : Le livre de Elliot Perlman

Grand format

Robert Laffont

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" Déchirant. Éperdument humain. Et brillant. " The Times

Tout juste libéré de prison, Lamont Williams, jeune Noir du Bronx, entame une période probatoire cruciale pour lui au service d'entretien du grand centre de cancérologie de Manhattan. Quelques kilomètres plus loin, uptown, Adam Zignelik, professeur d'histoire à Columbia et fils d'un héros du Mouvement pour les droits civiques, subit l'effondrement simultané de sa carrière et de son couple. Alors qu'il est en pleine dépression, il met au jour des enregistrements inconnus, d'une portée historique considérable : les tout premiers témoignages sonores de survivants de l'Holocauste. Dans le même temps, à l'hôpital, Lamont noue une improbable amitié avec un vieux patient, juif polonais, lui-même rescapé des camps...
Entremêlée au destin personnel de Lamont et d'Adam et de la myriade de personnages qui les entoure dans le New York d'aujourd'hui, c'est l'histoire du XXe siècle – sa barbarie et son humanité – qu'Elliot Perlman interroge dans une construction narrative aussi virtuose qu'émouvante.
Épique et intime, une peinture magistrale du pouvoir de la mémoire sur nos vies.
Après Ambiguïtés, le nouveau grand roman d'Elliot Perlman.

De (auteur) : Elliot Perlman
Traduit par : Johan-Frédérik Hel-Guedj

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Archie

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 8 ans

Je ne sais plus qui m’a conseillé ce livre publié en 2013 ; s’il me lit, qu’il sache que je lui rends grâce. Ce roman exceptionnel m’a embarqué pour un voyage inattendu et époustouflant dans le vingtième siècle, entre l’Amérique et l’Europe, sans oublier un court détour par l’Australie. Son titre en français, La mémoire est une chienne indocile, est à lui seul un sujet qui interpelle, d’autant plus qu’il n’a rien à voir avec le titre d’origine, The street sweeper, autrement dit, le balayeur. L’auteur, Elliot Perlman, n’est pas un poète. Dans les six cent pages de son livre, nulle envolée lyrique, quasiment pas de représentation de paysage, de description de décor, ni de portrait – on ne sait même pas à quoi ressemblent les personnages ! Cet Australien, issu d’une famille juive d’Europe Centrale, est avocat de profession. Son livre, un roman-témoignage d’envergure magistrale, met en perspective racisme et antisémitisme, se déploie sur la lutte contre les droits civiques aux Etats-Unis, pour conduire à la Shoah en Pologne. Deux histoires cheminent en même temps dans la même Histoire. Dans un hôpital de New York où il est traité pour un cancer en phase terminale, un homme très âgé, juif, rescapé d’Auschwitz, Henry (Henryk) Mandelbrot, livre ses souvenirs à un Afro-américain du Bronx, Lamont Williams, un homme mis à l’épreuve dans un poste de balayeur (street sweeper !) à l’issue d’une lourde peine pénale pour… disons, naïveté et mauvaises fréquentations. Le traitement des Juifs par les nazis et sa gradation année après année est une découverte pour Lamont, qui en retiendra tous les détails : les ghettos, les camps de concentration, les camps de la mort, Auschwitz, le rôle de Mandelbrot au sein du sonderkommando, ce qu’il a pu voir à l’intérieur des chambres à gaz... Des images... terrifiantes, horrifiantes ? Aucun mot ne peut convenir, les hommes n’ayant pas prévu d’en concevoir un pour qualifier de telles choses. Dans le même temps, un autre Juif ashkénaze, Adam Zignelik, professeur d’histoire à Columbia, très investi dans le Mouvement des droits civiques, est à la recherche d’éléments attestant l’engagement d’un bataillon de combattants afro-américains dans la libération du camp de concentration de Dachau. L’enquête bifurque et conduit Adam à approfondir les travaux d’un professeur de psychologie de Chicago nommé Border, qui s’était rendu en Europe dans l’immédiat après-guerre, et avait enregistré des témoignages de Juifs faisant partie de ce qu’on appelait alors des « personnes déplacées ». Question : à une époque où l’on n’avait pas encore pris conscience de l’ampleur de la « solution finale » mise en œuvre par les Nazis, pourquoi le professeur Border avait-il choisi d’orienter son étude sur les seuls Juifs ? Et surtout, pourquoi, plus tard, avait-il tout fait pour dissimuler l’un des enregistrements ? C’est là que le roman reprend ses droits. Au fil des chapitres, autour de Lamont, Adam, Mandelbrot et Border, chacun traversé par ses peines et ses remords, animé par ses convictions et ses projets, parfois saisi par des souvenirs inattendus – indocile mémoire ! –, viennent se greffer de nombreux personnages, des femmes et des hommes comptant ou ayant compté dans leur quotidien. L’ouvrage prend ainsi la consistance d’une vaste fresque romanesque étendue sur huit décennies. Il m’est souvent arrivé d’avertir le lecteur que les romans aux ramifications les plus prolifiques exigent un minimum de patience, surtout au début, à un moment où l’on ne sait pas où l’auteur a l’intention de nous emmener. Dans La mémoire est une chienne indocile, une fois mis en place le contexte dans lequel évoluent les personnages principaux, la lecture devient aisée et attachante, les péripéties s’enchaînant en courtes séquences, sous la houlette d’un narrateur unique et universel. Au final, les trajectoires convergent pour atteindre l’objectif primordial, l’exhortation répétée presque convulsivement par ceux qui allaient mourir : « Dites à tout le monde ce qui s’est passé ici ; dites à tout le monde ce qui s’est passé ici » ! Comme Mandelbrot l’y enjoignait, Lamont a tout retenu, tous les détails. Mémoire transmise au balayeur noir du Bronx. Le dénouement de la fiction est très émouvant, mais je ne l’ai pas trouvé tout à fait à la hauteur des ambitions romanesques de l’ouvrage. Faut-il en conclure que l’imagination du romancier peut aussi se comporter en chienne indocile ?

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PASSIONLIVRE88

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 8 ans

Œuvre prodigieuse ! Certes, le début peut être considéré comme un peu lent, l'auteur faisant longuement référence à la lutte des noirs pour leurs droits civiques aux États-Unis. Mais ce détail rythmique n'est vraiment rien comparé à la qualité de l'histoire. De plus, l'auteur est particulièrement talentueux dans sa manière de passer d'un personnage à un autre, de faire voyager le lecteur d'une époque à une autre sans lui faire perdre le fil. Ce livre est, en plus d'être enrichissant, source d'émotions. Je n'ai pu m'empêcher, en le lisant, de penser à l’œuvre de William Styron, "Le Choix de Sophie," dans laquelle il est également question à la fois du peuple noir, du nazisme et de l'amour.

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sweetie

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 8 ans

Un roman brillant qui met en parallèle la ségrégation raciale subie par les Afro-américains et celle vécue par les Juifs sous le régime nazi. Des destins enchevêtrés, des rencontres avec les fantômes du passé, des souvenirs douloureux ramenés à la surface et surtout, un éloge à la mémoire humaine, à l'oralité et à l'Histoire. Magistralement construit autour de personnages évoluant dans des lieux et des temps variés, qui se parlent à eux-mêmes, se confient à des étrangers et entendent aussi des voix intérieures, ce roman, tel une fleur dont les pétales s'ouvrent peu à peu, se laisse déguster lentement avec une jolie finale tout en finesse. Une très belle découverte!

VALENTYNE

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 8 ans

LC avec Bellonzo ;-) New-York de nos jours. Lamond, un jeune afro-américin sort de prison, Adam un professeur d’histoire à Columbia vit une période de sa vie délicate : il est en train de perdre son boulot et refuse de concevoir un enfant avec sa femme. Au début, on suit les deux personnages en parallèle : pas de réels points communs hormis leur « ville » de résidence. Le point commun qui les fera se rencontrer sera Michelle, cousine de Lamond et épouse du meilleur ami d’Adam. Le jeune homme noir est resté de nombreuses années en prison pour un vol qu’il n’a pas commis, il était juste coupable d’être noir, d’avoir de mauvaises fréquentations et un avocat commis d’office. Son but dans la vie est de retrouver sa fille qui avait deux ans au moment de son incarcération, six ans auparavant. L’historien quant à lui ne réussit plus à publier dans son université prestigieuse, et de ce fait se retrouve licencié. Le père de son meilleur ami lui soumet une idée de recherches historiques : « le rôle des soldats noirs américains dans la libération des camps de concentration en 1945 » En parallèle Lamond travaille comme homme de ménage dans un hôpital où il rencontre un vieil homme atteint d’un cancer en phase terminale. Ce vieil homme se met à lui raconter sa vie en Pologne en 1940 et comment il deviend Zonderkommando au Camp d’Auschwitz… On comprend alors que les deux personnages principaux, Lamond et Adam, vont se retrouver autour de ce thème, très éprouvant. C’est un livre très, très, dense où on suit tour à tour le destin de nombreux personnages : de ce jeune homme noir qui cherche à retrouver sa fille, de ce vieil homme qui a survécu à l’holocauste et qui condamné par le cancer, de l’historien qui trouve des bandes-son enregistrées en 1945 en Europe par un homme rongé par la culpabilité. Eliott Perlmann passe donc d’un chapitre à l’autre de 1942 à 45 puis dans les années 60 autour de la bataille pour les droits civiques (le père d’Adam étant un ardent défenseur de la fin de la ségrégation) puis de nos jours avec des conversations entre Michelle et sa fille de 14 ans.. L’alternance des périodes est bienvenue et permet de ne pas rester plus que supportable dans les camps d’Auschwitz… Un livre où l’auteur s’interroge sur la mémoire sous toutes ses formes : aussi bien sur la mémoire écrite – les juifs tentant de sauvegarder un témoignage du génocide en enterrant des papiers – et surtout la mémoire orale avec les enregistrements de 1945 du professeur Broder mais aussi le témoignage de Mandelbrot, ancien Zondercommando, qui nous parle après sa mort à travers la voix de Lamond, jeune noir victime du racisme ordinaire de nos jours… A lire….

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Fiche technique du livre

  • Genres
  • EAN
    9782221109816
  • Collection ou Série
    Pavillons
  • Format
    Grand format
  • Nombre de pages
    592
  • Dimensions
    242 x 155 mm

L'auteur

Elliot Perlman

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23,00 € Grand format 592 pages