La Noyée de Berlin - Une enquête de Fräulein Gold, sage-femme T1 : Le livre de Anne Stern

Traduit de l'allemand par Brice Germain Je croyais emprunter un cosy mystery. Mais là, on en est très loin. L'enquête sur la noyée de Berlin sert surtout de prétexte, du moins à mes yeux, pour nous montrer d'une part l'état dans lequel se trouve l'Allemagne lors de l'entre- deux guerres et, d'autre part, le sort réservé aux aliénés de toutes sortes. Dans ce Berlin des années 20, la misère est omniprésente, la famine, les maladies font des ravages, le travail manque. Les gens portent alors tous leurs espoirs vers un certain Hitler qui leur promet des jours meilleurs. Et s'il fait peur à certains, ce n'est pas le cas pour ceux qui souffrent le plus. Quant au sort réservé aux aliénés et plus particulièrement à ceux touchés par la guerre 14/18 non pas physiquement mais psychologiquement, il est abominable. Ils sont souvent traités comme des simulateurs et torturés sous couvert d'un traitement thérapeutique. Et les enfants sont parqués, négligés, maltraités. Hulda Gold, l'héroïne, est une sage-femme réputée, appréciée, efficace, empathique. Voyant que la Police ne fait pas correctement son travail, du moins à ses yeux, elle décide de mener son enquête sur "Rita la flèche", en parrallèle de l'enquête de l'inspecteur Karl North. C'est une histoire sombre, nauséabonde, comme les quartiers miséreux de Berlin. Tenant compte de ça, je retire mon étiquette cosy mystery.

C'était mon premier cosy mystery. Je n'imaginais pas ça comme ça. J'avais une autre idée de ce genre littéraire. Nous ne sommes pas dans un style anglais, ça c'est évident, le titre est clair là-dessus et à mon sens il y a une erreur de classification dans lesquelles on case trop vite les livres pour plaire à un certain public. C'est peut-être pour ça que j'ai mis du temps à entrer dans l'histoire. Il y a en parallèle la lenteur du cosy mystery et un style roman policier. Aussi je n'ai pas ressenti ce fameux côté cosy. Et pour cause le roman est sombre et teinté de misère. L'époque à laquelle se déroule l'intrigue (la république Weimar) permet peu de tergiversations vers le côté cosy. Bien souvent la représentation mentale que nous avons de cette époque sont les années folles, les cabarets,... Certes oui cela a fait partie de l'histoire mais en parallèle il y a avait un monde de misère, de pauvreté et des conditions de vies très difficiles. Cependant c'est ce contexte historique qui m'a attiré. En effet je suis un inconditionnel du Berlin de l'entre deux guerres et je n'ai pas été déçu. L'époque y est bien détaillée avec ses excès (Hulda prend à plusieurs reprise "cette poudre blanche de l'enfer", sort dans les cabarets,...). Les conditions de vie sont bien décrites dans ce Berlin de 1922 et les protagonistes ont leurs propres problèmes, leurs propres démons ce qui leur donne un peu de profondeur. Hulda à un point de vue féministe sur plusieurs questions mais elle se sait impuissante de par l'époque dans laquelle elle vit. Idem pour Rita le victime qui avait des points de vues très perspicaces sur la médecine et les hôpitaux d'alors. Sont également présenté dans le roman les séquelles de la première guerre mondiale, le sort réservé aux anciens combattants. Pour ne rien gâcher la politique est présente dans le roman avec en toile de fond la montée du nazisme. Cette lecture est donc bien plus riche et complexe qu'il n'y parait. Je vais continuer la série afin de voir où l'autrice nous emmène.

“Je suggère que vous me laissiez faire mon travail, et que vous fassiez plutôt le vôtre. J'imagine que vous allez bientôt avoir un lange à changer ou un biberon à préparer." Lorsque j’ai vu ce roman dans la sélection ‘cosy mystery’ de ma médiathèque, je l’ai tout de suite emprunté en me disant que cela changerait un peu de l’Angleterre. J’essaie de ne pas lire les critiques avant de lire un livre pour éviter d’avoir une idée préconçue mais cette fois, cela m’aurait évité une déception! La critique de Zazaboum résume bien mon problème: ce livre est trop sombre pour être dans la catégorie cosy! La montée du nazisme dans le Berlin des années 20, la misère des quartiers pauvres, la déshumanisation des personnes (à l’orphelinat ou à l'hôpital psychiatrique), sont autant de thèmes intéressants mais qui résonnent trop avec l’actualité récente à mon goût. J’arrête donc là avec un petit goût d’inachevé, car le personnage d’Hulda vaut le détour!

Hulda Gold est sage-femme dans une Allemagne des années 1920 en plein désarroi : précarité, famine, montée du nazisme, addictions, traumatismes d'après-guerre, enfants livrés à eux-mêmes, etc. Femme plus ou moins libre, hantée par ses propres démons, sa vie bascule le jour où elle commence à se mêler de la mort d'une certaine Ruth. Mort sur laquelle enquête une autre âme tourmentée : Karl North. Je suis ressortie de cette lecture mitigée. J'ai adoré le contexte historique. J'ai adoré le personnage fascinant d'Hulda. J'ai adoré les thèmes abordés : le rôle de sage-femme dans les années 1920, les asiles, les séquelles de la Première Guerre mondiale. Par contre, l'autrice tombe parfois dans la facilité de scénario. Elle nous offre des passages un peu mal fagotés avec des résolutions qui tombent un peu des nues. Les relations entre les personnages sont également trop rapides à mon goût et je n'y ai pas toujours cru. Je lirai quand même le tome suivant pour retrouver l'ambiance et le personnage d'Hulda. En espérant que ce deuxième tome soit un peu mieux travaillé.