L'Amour moderne : Le livre de Louis-Henri de La Rochefoucauld
Comment raconter l'amour aujourd'hui ? On pourrait décrire un mariage de conte de fées, parler de cette actrice de cinéma dont le mari producteur exploite la beauté. Ou dépeindre un émoi naissant. Mais il faudrait aussi ouvrir les portes closes des appartements bourgeois, et dévoiler la violence intime qui pousse au meurtre. C'est ainsi que Louis-Henri de La Rochefoucauld nous révèle différents visages de l'existence et interroge avec son humour et sa mélancolie légendaires la possibilité d'aimer encore au XXIe siècle.
De (auteur) : Louis-Henri de La Rochefoucauld
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
ODP31
• Il y a 2 jours
L’envers du décor. Louis-Henri de la Rochefoucauld, sortez les rallonges, n’est ni un auteur de banlieue, ni un poète des grands espaces. Ses romans fréquentent les beaux quartiers du 16-ème arrondissement de Paris. Même Modiano a la plume moins casanière. Il nous propose, non pas un week-end avec des cercleux à foulard pour un rallye à particules, mais un vaudeville tourmenté autour d’un triangle amoureux presque isocèle, puisque deux côtés sont d’une même langueur. La géométrie des sentiments. Dans l’équation avec aucun inconnu, il y a le mari, ancien ministre de la Culture, producteur de cinéma Weinsteinisé, aussi craint que détesté et sacrément carencé en scrupules. Du bagout au dégout, il n’y a pas qu’une rime. Michel Hugo, c’est son nom, est riche mais misérable. Il réserve ses contemplations à ses relevés bancaires. Il sollicite Ivan, auteur à succès qui n’a rien de terrible, en rade d’inspiration depuis son divorce, afin qu’il écrive une pièce sur mesure pour sa femme, Albane. Le producteur veut ainsi relancer la carrière de son épouse, actrice célèbre retirée des sunlights. Oscar, Cesar puis placard. La couverture mondaine du roman, le pédigrée illustre de l’auteur et la trame classique laissaient présager une comédie bourgeoise un peu dépassée par son temps, des portes qui claquent et des amants en slip bien français planqués dans l’armoire. Eh bien, oubliez le théâtre de Boulevard car ce roman s’intéresse surtout aux amours désenchantés qui se cachent sous les plafonds à moulures des hôtels particuliers. Les apparences déguisent les sentiments et les murs calfeutrent les violences. Dans ce récit à l’humour sombre, l’auteur introduit un drame qui hante et unit les personnages : une tuerie familiale vieille de 30 ans, mitonnée à la sauce Ligonnes. En 1994, un notable du quartier avait tué sans raison sa femme et deux de ses trois jeunes enfants. Ce fait divers n’est pas sorti de l’imagination du romancier mais de sa mémoire, puisqu’il fréquentait la même école que les enfants assassinés au moment des faits. Le mérite de Louis-Henri de la Rochefoucauld est de jouer le funambule sur le fil de son récit sans jamais tomber ni du côté de la comédie snob arrosée de champagne éventé, ni de celui du True crime du dimanche après-midi post poulet rôti. En guise de perche d’équilibre, une ironie légère. Une belle réussite. Difficile de ne pas terminer le billet sans une référence à l’illustre aïeul de l’auteur et à l’une de ses maximes célèbres : « nos vertus ne sont, le plus souvent, que des vices déguisés ». L’ironie est apparemment génétique.
Philine
• Il y a 3 semaines
L'amour moderne est un vaudeville de nos jours, addictif et mordant. Un écrivain en manque d'inspiration est appelé à travailler pour un magnat du cinéma. Ce dernier lui demande d'écrire une pièce pour sa femme, ancienne actrice à succès qui s'est enfermée dans une dépression longue durée et qui ne fait plus aucune apparition sur le grand écran. L'écrivain accepte, la paie et bonne et ça sera l'occasion de côtoyer une actrice qu'il admire. Mais... le temps passé ensemble porte ses fruits, et ce n'est pas une pièce qui ressort de ces entretiens, mais bien un trio amoureux où chacun dépend de l'autre pour assouvir son objectif. J'ai été surprise par ce roman que j'ai beaucoup aimé ! Je l'ai trouvé très prenant, les personnages forts biens travaillés et il m'a même sembler déceler un air du dernier roman de Karine Tuil. Soit dit en passant, les références étaient nombreuses et agréablement intégrées dans le récit. L'amour qui est décrit ici est également très intéressant et la fin du roman fut une vraie surprise ! Je recommande fortement !
Lalitote
• Il y a 1 mois
Avec L’Amour moderne, Louis-Henri de la Rochefoucauld signe une comédie sociale élégante et ironique, qui radiographie nos illusions sentimentales à travers le destin d’Ivan Kamenov. Quadragénaire parisien, séparé, dramaturge en perte de vitesse, Ivan erre entre les vestiges d’une jeunesse dorée et les exigences affectives d’une époque saturée de codes, de discours et de faux-semblants. Le roman s’ouvre sur une scène fondatrice : un mariage mondain, une église de Champagne, un enfant de huit ans porteur d’alliances qui découvre, au détour d’une charmille, son premier émoi amoureux. Tout est déjà écrit : l’éclat d’un souvenir trop beau pour durer, et la promesse d’illusions bientôt fracassées. Devenu adulte, Ivan se débat avec ses désirs, ses souvenirs, son détachement – oscillant entre mélancolie et humour pince-sans-rire. Quand un producteur influent lui propose de relancer sa carrière avec une pièce calibrée, au titre racoleur :L’Amour moderne, l’ironie est totale : l’amour devient un produit, une marchandise à vendre au théâtre, scénarisée comme une comédie de boulevard. Derrière la farce, c’est une satire cruelle : l’époque recycle les sentiments, industrialise les affects, digère même les idéaux. Mais la force du roman ne tient pas seulement à cette moquerie des vanités contemporaines. On y entend aussi des voix plus discrètes, comme celle d’Albane, qui refuse de se laisser enfermer dans les clichés, et qui, à travers Virginia Woolf, cherche ces “moments d’être” où la vérité surgit. Cette quête résonne en contrepoint du désenchantement d’Ivan, qui, malgré ses airs de dandy désabusé, n’a pas renoncé à l’espérance. Avec son style vif, précis, teinté d’ironie, Louis-Henri de la Rochefoucauld réussit un roman à la frontière du comique et du tragique, lucide sur l’époque mais traversé par une question intemporelle : comment aimer encore, aujourd’hui, sans se perdre dans les masques et les simulacres ?
hcdahlem
• Il y a 1 mois
Le sentiment amoureux à l'ère numérique Louis-Henri de la Rochefoucault orchestre avec ironie le naufrage sentimental d'un quadragénaire parisien, tiraillé entre les illusions d'une jeunesse dorée et les injonctions affectives d'une époque en perpétuelle recomposition. Comment peut-on encore aimer aujourd'hui ? Il y a dans l'ouverture de L'Amour moderne une lumière d'adieu, celle d'un été qui finit et d'une enfance qui s'efface. Ivan Kamenov, huit ans, enfant d'honneur d'un mariage mondain, porte les alliances dans une église de Champagne et découvre, dans une charmille, un premier émoi érotique. «#8239;Il en avait conçu une certaine idée de l'amour – bien trop candide, et qui ne pouvait pas tenir longtemps.#8239;» Tout est déjà là#8239;: le souvenir fondateur, la promesse d'un roman sentimental teinté d'ironie, et le spectre d'une illusion bientôt fracassée. Car Ivan, devenu adulte, est un homme seul, séparé, vaguement célèbre, dramaturge en panne d'inspiration, quadragénaire légèrement las mais encore debout, qui regarde le monde avec détachement. Les années ont poli sa lucidité comme elles ont rongé ses certitudes. Il vit sous les dorures d'un passé figé, héritier d'une famille russe blanche, élevé dans le mythe d'un monde perdu, tiraillé entre le goût de la tragédie et la tentation de la comédie. «#8239;À l'image de certains rescapés d'un accident ou d'une maladie lourde, il avait pris la vie comme une sorte de temps additionnel où il fallait trouver de l'amusement.#8239;» Après un mariage qui avait tenu dix ans, il était maintenant séparé depuis un an et se trouvait à la croisée des chemins. C'est à ce moment qu'un producteur, Michel Hugo, propriétaire du théâtre Mélusine, lui offre de relancer sa carrière avec une pièce calibrée dans laquelle son épouse – une actrice qui ne tourne plus, mais qui a connu son heure de gloire – aurait le premier rôle. — «#8239;J'ai un titre pour vous : L'Amour moderne. L'amour, c'est toujours vendeur. Jetez-nous sur les planches trois femmes de générations différentes, ajoutez-y un homme un peu niais, veillez à la diversité, soyez inclusif, et le tour est joué. (…) Votre nom sera accolé à celui d'une actrice oscarisée ! de surcroît dans le plus beau théâtre de Paris. Ce sera excellent pour votre prestige. Et, tout en avançant dans votre carrière, vous ferez acte de charité. » La scène pourrait être burlesque. Elle est surtout cruelle. L'époque a digéré les idéaux, recyclé les sentiments, industrialisé les affects. L'amour, devenu produit de consommation, se vend, se joue, se scénarise – mais la sincérité, elle, reste introuvable. Ivan flotte. Il relit Tourgueniev, lit Barthes sans comprendre, se moque gentiment de lui-même, multiplie les souvenirs et les digressions, dans un Paris « socialement bien cartographié », peuplé « d'éditeurs cyniques, d'ex-femmes directes, d'amies plus lucides que tendres ». Dans cette comédie sociale, on retiendra aussi la voix féminine, celle d'Albane qui ne se résout pas à jouer les potiches, se tient à distance du bavardage ambiant, reprend des études. «#8239;Dans un texte de Virginia Woolf, Albane avait retenu cette image : les bons livres agissent sur vous comme une opération de la cataracte, en vous offrant une vision plus nette du monde. Connaître quand on ne s'y attend pas ce que Woolf appelait des “moments d'être” était son ambition première. » On comprend alors que L'Amour moderne n'est pas seulement un titre ironique. C'est aussi une tentative d'approcher ces «#8239;moments d'être#8239;», même à travers les maladresses, les non-dits, les accidents. Ivan, sous ses dehors d'aristocrate décati et de dandy désabusé, cherche encore. Lui qui a connu l'amour avant les algorithmes de rencontre doute et tremble, mais continue d'espérer. D'autres ont renoncé, on choisi la violence et iront jusqu'au meurtre. Le style de l'auteur du Club des vieux garçons est net, élégant, rapide. En fin observateur des vanités contemporaines, le critique littéraire de L'Express poursuit ici une oeuvre construite à la frontière du comique et du tragique. Les titres de chapitres l'illustrent parfaitement : « Gatsby le Maléfique », « De l'humiliation considérée comme un des beaux-arts » ou encore « Le crime aurait été presque parfait ». Dans ce théâtre existentiel, chacun tient son rôle, mais aucun n'est dupe. Et Ivan, entre deux aphorismes et trois verres de vin blanc, finit par reconnaître que l'amour ne se résume pas à une bonne pièce. «#8239;Tu pourras refaire l'histoire mille fois, ça n'y changera rien : la complexité d'un couple, les ambiguïtés d'un mariage, tout ce qui se noue et tout ce qu'on tait, il y a trop de nuages mouvants, en perpétuelle métamorphose, pour qu'un livre puisse en figer sur le papier l'hypothétique vérité… » NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782221278024
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 256
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- Dimensions
- 217 x 141 mm
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20,00 € Grand format 256 pages