Le Bateau blanc : Le livre de Xavier Bouvet

Vibrant hommage à Otto TIEF et aux démocrates à l'origine du rétablissement très éphémère de la république souveraine d'Estonie , un fol espoir pour une Estonie indépendante mais espoir si fragile , entre la déroute des nazis ( présents en Estonie de 1940 à 1944 suite à l'opération Barbarossa ) et l'arrivée des soviétiques , entre l'enclume nazie et le marteau soviétique . L'Estonie a connu l'indépendance , non sans mal , de 1918 à 1939 En 1944 , encore sous occupation ennemie , les pourparlers , les discussions , les tractations âpres et fébriles parfois , se font dans la clandestinité , dans les caves ou les forêts afin d'établir un projet p.123 " de gouvernement unitaire porté par tous les anciens partis ..." L'expérience de 1918/1920 sert de référence , p.121 " Uluots ( qui sera président ) a parlé de saisir l'instant, comme en 1918 . le 24 février , un groupe déterminé de militants avait proclamé la République , juste après le départ des Russes en pleine révolution , juste avant l'arrivée des troupes du Kaiser . Une seule petite journée , mais ça avait suffi : la graine avait été semée. Quand l'empire allemand s'effondra à son tour en novembre , la République et ses défenseurs étaient là " . du lundi 18.09.1944 au vendredi 22.09.1944 , la république libre et démocratique d'Estonie est restaurée par une poignée d'hommes et aussi de quelques femmes prenant tous les risques : des politiques comme Jüri Uluots président bien que déjà malade , Tief devenu premier ministre , Pitka ou Maandi... des écrivains et poètes comme Friedebert Tuglas ou Marie Under... p.214 " Cette réunion ( du mercredi 20.09.)...marque l'entrée en fonction du Gouvernement , réuni officiellement pour la première fois . Ce gouvernement n'est pas au complet . Uluots et Klesment sont toujours à bord de l'Atlantique...tandis que Johannes Sikkar et August Rei sont déjà à Stockholm ". Par ailleurs , la complexité des appartenances politiques des Estoniens est bien montrée ( les pro-nazis , pro-soviétiques ...) Les bombardements allemands avant leur départ , l'avancée rapide des soviétiques avec les parachutages , les tanks ...créent angoisse et panique . Des milliers d'Estoniens partent vers le rivage de la Baltique espérant trouver un navire en partance vers la Suède dans les conditions les plus extrêmes . le " bateau blanc" doit venir sauver une grande partie d'entre eux , son mystère ne se lèvera qu'à la toute fin du livre...Nous savons que rien n'arrête l'avancée et l'occupation de l'Estonie par l'armée rouge , les soviétiques allaient cette fois rester pendant plus de cinquante ans après l'occupation de 1939 à 1941 suite au traité Molotov-Ribbentrop. Qu'advient-il du gouvernement en exil ? Et d'Otto Tief , ayant connu comme tant et tant d'autres concitoyens de l'URSS les affres du goulag et de l'exil ? Si bien décrits par Soljenitsyne ou Chalamov. Xavier Bouvet alterne de manière harmonieuse les cinq jours de la république restaurée avec le passé proche de l'Estonie ainsi qu'avec avec les années d'après guerre jusqu'à la mort d'Otto Tief . Un héros qui force le respect et l'admiration , tout comme ses collaborateurs . Bravo à l'auteur messin ayant vécu à Tallin pour l'énorme documentation , merci à lui d'avoir sorti de l'ombre cette page dhistoire méconnue de ce petit pays balte . Un livre que nos politiques seraient bien inspirés de lire !! Il donne aussi une meilleure compréhension des craintes des pays baltes ou de la Finlande devant la voracité de Poutine !

PUISSANT Alors qu'en septembre 44, l'avancée soviétique se confirme, l'occupant allemand organise sa retraite, adoptant la politique de la terre brûlée. Une fois de plus, l'Estonie va vivre sous le joug d'une puissance étrangère, son destin lié à sa position géographique, esseulée donc convoitée. Quelques hommes cependant, profitant de cette transition, prennent tous les risques pour proclamer son indépendance, durant ces quelques heures de flottement, non pas pour eux mais pour l'avenir. Certains d'entre eux de tentent ensuite de rejoindre les côtes suédoises à bord d'un bateau blanc, à la fois espoir et symbole de liberté, avant que le rideau de fer et la guerre froide ne figent l'Europe pour plus 40 ans... Un roman historique puissant, résonnant d' une grande acuité dans la période actuelle.

Vivre en direct, un pan d'Histoire; ressentir les peurs, les interrogations et les incertitudes des protagonistes; subir le destin de ces héros ordinaires plongés violemment et brutalement dans un cauchemar dévastateur; perdre sa maison, son travail, sa famille, sa liberté et même la vie. 300 pages passionnantes, bouleversantes, édifiantes. Ce roman rappelle que l'Histoire est un éternel recommencement : les pays conquérant veulent toujours envahir les pays voisins plus faibles pour s'emparer de leurs richesses. En 1945, les dictateurs, Hitler et Staline, se partagent les terres sans aucune considération pour les individus qui vivent dessus. J'ai ressenti la désespérance et la ferme volonté de ces hommes courageux qui veulent obtenir la neutralité et la paix pour le peuple balte. L'Estonie convoitée par le Reich et par l'URSS sera balayé de la carte du monde. Ses habitants vaillamment resteront fidèles aux couleurs bleu, noir, blanc du drapeau national. Face à l'irruption de la violence et de l'inexorable, Xavier Bouvet décrit les résonances intimes du fracas de l'Histoire. Il compose une fresque haletante, dont on achève la lecture le cœur serré.

Septembre 1944. L’Estonie vit une heure suspendue, entre le départ des Allemands et l’arrivée des Soviétiques, une parenthèse minuscule mais capitale. Dans ce bref temps, des hommes et des femmes se battent pour restaurer une République indépendante, malgré l’urgence, le danger, et l’inéluctable. Il s'agit d'un roman historique poignant qui nous plonge dans un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale. À travers le destin d’Otto Tief, un avocat prêt à tout sacrifier pour son pays, et de figures comme la poétesse Marie Under, l’auteur éclaire un moment d’Histoire où la résilience d’un peuple balte défie les puissances qui l’écrasent. Ce livre est bouleversant. On y découvre cet homme, Otto Tief, qui a donné de très nombreuses années de sa vie à la lutte pour l’indépendance de l’Estonie, sans revoir sa femme et qui retrouvera ses enfants que tardivement au crépuscule de sa vie. Ce combat prend tout son sens lorsque l’on sait que l’Estonie ne retrouvera sa liberté qu’en 1990 bien longtemps après sa mort. Xavier Bouvet nous offre un roman émouvant et très enrichissant, où l’émotion se mêle à la puissance de l’Histoire, soulignant la force de ces hommes et femmes luttant pour une Estonie libre. Un bel hommage à la résilience et au courage face à l’adversité !