Le bleu du ciel : Le livre de Georges Bataille
" J'ai voulu m'exprimer lourdement. Mais je n'insinue pas qu'un sursaut de rage ou que l'épreuve de la souffrance assurent seuls aux récits leur pouvoir de révélation. J'en ai parlé ici pour arriver à dire qu'un tourment qui me ravageait est seul à l'origine des monstrueuses anomalies du Bleu du Ciel.
Mais je suis si éloigné de penser que ce fondement suffit à la valeur que j'avais renoncé à publier ce livre, écrit en 1935. Aujourd'hui, en 1957, des amis qu'avait émus la lecture du manuscrit m'ont incité à sa publication. Je m'en suis à la fin remis à leur jugement. "
Georges Bataille
De (auteur) : Georges Bataille
Expérience de lecture
Avis Babelio
gpatro01
• Il y a 3 semaines
Georges Bataille a écrit ce livre dans une période difficile de sa vie (milieu des années 30), et il a renoncé à le proposer à son éditeur. Il a fini par le publier 20 ans plus tard, sur le conseil de ses amis. Ceci est la version officielle. Personnellement, j’en doute un peu… Le fait est que ce livre, qui est un livre sur la désespérance, sur le dégoût de soi (et le dégoût des autres), peut paraitre intemporel. Il est, en réalité, inscrit dans une temporalité bien précise, puisque le personnage principal (Troppmann), après avoir quitté Paris, se retrouve à Barcelone, alors qu’une révolution chaotique et brouillonne est en train de sourdre. Puis à Trèves où, par temps de pluie, il se trouve confronté au spectacle donné par un orchestre des jeunesses hitlériennes. Il en conclut que la guerre est devenue inévitable. Ce qui, à l’époque où fut écrit le livre, était pour le moins visionnaire. Mais est-ce là le thème principal du livre ? Où n’est ce qu’un prétexte ? Nous n’en saurons rien, car le but de l’auteur n’est pas de nous éclairer. Dans les deux hypothèses, le pessimisme est total. Car, du début à la fin, nous sommes confrontés à un homme qui a complètement lâché prise. Il est ballotté entre trois personnages féminins, avec lesquels il entretient des relations que l’on a du mal à qualifier d’amoureuses. Ni de sexuelles d’ailleurs. Des relations que l’on ne sait même pas qualifier. Dont l’anomalie peut s’expliquer par l’abus d’alcool, car pendant toute la première partie du livre, Troppmann s’enivre du matin au soir, jusqu’à la nausée. Mais cette anomalie ne se dissipe pas dans la deuxième partie, malgré une sobriété retrouvée. Comment dans l’esprit de Bataille, cet homme d’apparence douce, courtoise, qui parle lentement, intelligemment, sans jamais lever le ton, ont pu germer de telles anomalies ? L’explication se situe certainement dans l’enfance de l’auteur, qui fut brutalisé et abusé sexuellement par un père atteint de syphilis tertiaire. On a pu dire de Bataille que ses œuvres étaient transgressives. Ce n’est pas le cas. Bataille est l’auteur de la transgression. Il transgresse la transgression. Troppmann oscille entre les excès et la retenue. L’incapacité d’aller jusqu’au bout de ses délires et la capacité d’y entrainer les personnages qui l’entourent. Un être manipulateur, qui est lui-même manipulé. Un être qui recherche la jouissance dans le délire, et ne trouve que du désespoir, de la souffrance et du non sens. Bataille fait dire à son personnage que Sade était un imposteur. Certains ont pu penser qu’il voulait dépasser le maître. En fait, Bataille ne suit pas le même chemin. Sade cherche à exciter le lecteur, tout en s’excitant lui-même. Le livre de Bataille, malgré ses excès (Troppmann va jusqu’à avouer son penchant pour la nécrophilie), est complètement désexualisé. La notion de plaisir en est complètement absente. On éprouve la sensation d’évoluer dans un labyrinthe sans fin. A chaque détour, l’angoisse de mort, qui finit par se transformer en désir de mort. Il est nécessaire d’aborder l’ouvrage avec un certain recul. Sinon, malgré la qualité du style, on serra tenté très vite de le jeter au feu. C’est peu dire que Bataille nous dérange. C’est d’ailleurs son but. Il bouscule tous les codes. Il nous confronte à un océan de noirceur. Et il faut être bon nageur pour ne pas s’y noyer. Le patronyme « Troppmann » fait inévitablement penser à « Trop-Homme ». N’est ce donc que cela l’humanité ? Sommes-nous condamnés à retenir sans cesse nos pulsions faute de devenir des fascistes, des assassins, des monstres ? En conclusion, je ne peux conseiller à personne de lire ce livre. Ce serait absurde, incorrect, indécent… Donc, surtout ne le lisez pas. Vous risqueriez de ne pas en sortir indemne. Mais si vous avez dépassé vos angoisses et êtes débarrassés de vos illusions, alors vous pouvez y aller.
Nidal94
• Il y a 1 mois
C’est probablement le livre que j’ai lu le plus grand nombre de fois depuis la fin de l’adolescence. Mêlant les thèmes de l’amour et de la souillure, ceux de la mort et de la jouissance, il emmène le lecteur de l’émoi au malaise, de l’angoisse au ricanement. Le narrateur, « un idiot qui s’alcoolise et qui pleure », erre entre des femmes qu’il désire autant qu’il méprise, sur l’arrière-plan de la guerre qui arrive
MaximilienIsidorPaumier
• Il y a 1 mois
Ecrite en 1935 , et située en 1934, la narration à la première personne du singulier commence par brouiller les pistes entre un récit autobiographique et une narration romanesque focalisée monocentrée sur le personnage ou locuteur qui parle, recit apocryphe ou narration romanesque faussement apocryphe que cette histoire affective intense d ' attraction passionnelle fortement étrange entre ces deux protagonistes paraphiliques, car c est bien d ' une relation totalement anormale et donc ex - centrique qu ' il va s ' agir, avec entre les deux tout l ' obstacle du ' noyau de nuit ' noire , impregnant le moindre de leurs échanges , actes et propos. Cette névrose erotique faisant communiquer par fusion attractive et par rétraction suspensive le couple ' pivotal ' , chacun des deux, henri Troppmann comme Dorothea S..., à egale distance de dis - corde mue et tendue par THANATOS , appariant , dos a dos, un désir grimé dans les matières de la Scatologie et dans les rets fantasmatiques des dentelles osseuses de la Necrophilie marbrée. Longtemps refoulé , pathologiquement, ce désir, en une mésentente couplée, sans mesalliance. Il y a des rayonnements solaires ' noirs ' aussi radiants et lumineux , d ' une attraction folle, ' hors mesure ' , fascination hallucinée. Il y a aussi des passions catastrophiques bouleversantes, individuelles comme collectives, devenues ou devenant par leur énormité, ' historiques'. Parfois en simultané, se répondant, mais sans aucun écho de doublure familiere. Ce dont témoigne et atteste fiévreusement ce roman du Négatif Social relationnel , psycho - sexuel. Le bleu du ciel à midi - foudroiement médusant , sans un seul eclair de bienséance.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782264000972
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- Collection ou Série
- Domaine Français
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 192
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- Dimensions
- 179 x 110 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
6,70 € Poche 192 pages