LE CHAT : Le livre de Georges Simenon

Marguerite et Émile, tous deux veufs, se sont mis en ménage il y a quelques années. Mais ce couple, pourtant pas si vieux en termes de durée, se meurt, se détruit même. Ils ne s'adressent plus la parole et se méfient l'un de l'autre depuis que Marguerite s'en est pris au chat d'Émile et que ce dernier, en représailles, s'en est pris au perroquet de Marguerite. Dans ce huis clos tantôt étouffant, tantôt cynique, Simenon décrypte la haine et la rancœur qui s'installent parfois dans les couples qui préfèrent attendre une délivrance quelle qu'elle soit plutôt que de se séparer. Cette histoire de "solitude à deux" tristement pathétique mais magnifiquement décrite fait de ce roman psychologique mon préféré de l'auteur pour le moment.

Je considère ''Le Chat'', œuvre de Georges SIMENON, non pas comme un ''roman'' mais comme une longue ''nouvelle''. Le sujet vécu par Emile et Marguerite n'est composé ni de péripéties, ni d'évolutions, ingrédients propres au roman. Au contraire, le thème de cette histoire est comme un cliché photographique, écrit dans des termes ciselés, froids, sans ressenti, sans émotion et on lit ici davantage un fait de société, l'exposition d'un CAS SOCIAL. Le style ne comporte aucune lourdeur, il est à l'image de l'existence : léger, parfois grossier, superficiel, éphémère. L'auteur nous mène droit à l'essentiel : le drame psychologique dans l'absurdité du quotidien. Le destin du chat et celui du perroquet ne sont que des prétextes et les deux animaux sont les victimes de l'expression d'un malaise plus profond qu'il n'y parait. L'histoire conclue par un crime serait alors devenue "roman... policier". Ce qui n'est pas le cas et c'est ce qui a été évité ici avec la maîtrise de G. SIMENON que l'on lit toujours avec la plus grande attention et le plus grand respect. Le lecteur apprécie, mais avec modération.

Un grand classique de Simenon, dont je me souvenais , par brides, des images du film célèbre mettant en actions Simone Signoret et Jean Gabin.... Intrigue pesante , presque comme un huis clos....bien écrit biensûr et qui vous mène jusqu'au bout par des chemins inattendus....Interessant de voir que l'histoire est narrée par Emile , le personnage masculin....un parti pris? q'aurait été le roman avec les yeux de Marguerite? Est ce que quelqu'un a fait l'exercice? Est ce que Simenon l'a fait?

Emile et Marguerite, un couple de septuagénaires, crèvent lentement de solitude et de rancœur. Chaque jour, chaque heure est l'occasion d'une sournoiserie, d'une nouvelle méchanceté... Simenon n'a jamais été un romancier de la joie et du bonheur, mais ce roman est sûrement, dans son oeuvre, un sommet de pessimisme ! Sa trame est d'une diaphane simplicité, et pourtant derrière chaque phrase, derrière chaque mot, quelle somme de douleur accumulée, bien meilleur que le film, et que les autres romans et pièces de théâtre qui s'en sont inspirés... irés.