Le désert des tartares - Collector : Le livre de Dino Buzzati

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Un chef-d'œuvre de la littérature du XX e siècle qui revient dans une édition collector.

Heureux d'échapper à la monotonie de son académie militaire, le lieutenant Drogo apprend avec joie son affectation au fort Bastiani, une citadelle sombre et silencieuse, gardienne inutile d'une frontière morte. Au-delà de ses murailles, s'étend un désert de pierres et de terres desséchées, le désert des Tartares.
À quoi sert donc cette garnison immobile aux aguets d'un ennemi qui ne se montre jamais ? Les Tartares attaqueront-ils un jour ? Drogo s'installe alors dans une attente...

De (auteur) : Dino Buzzati
Traduit par : Michel Arnaud

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Alchemiste

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 semaines

Livre très bien écrit qui raconte le néant et l'ennui. Ce livre est considéré comme un chef d'œuvre car il est très compliqué pour un écrivain de raconter le néant sans ennuyer le lecteur. Très peu d'écrivains pourraient réussir cet exercice, et Dino le réussit avec brio !

rodolphe72

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

J'ai dévoré ce roman de Dino Buzzati qui dépeint à merveille le temps qui passe et engloutit les vies humaines et leurs ambitions. À sa lecture, on songe évidemment à la chanson Zangra de Brel. Une magie indicible se dégage de ce roman, qui, bien qu'il décrive le lent écoulement du temps, vous tient en haleine jusqu'à l'issue fatale.

LaLisiere

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Publié en 1940, "Le Désert des Tartares" de Dino Buzzati est un roman singulier et profondément métaphysique, dont la portée dépasse largement son apparente simplicité. Cette œuvre, souvent comparée à celles de Kafka ou de Camus, se présente comme le récit d’un destin individuel — celui du lieutenant Giovanni Drogo — mais devient peu à peu une parabole universelle sur le temps qui passe, l’illusion de la grandeur et l’absurde attente d’un sens à donner à l’existence. Le roman s’ouvre sur l’arrivée du jeune officier Drogo à la forteresse Bastiani, poste militaire isolé aux confins d’un désert mystérieux. Tout semble d’emblée immobile, figé dans une routine creuse, suspendu à l’espoir improbable d’une guerre future contre un ennemi qui ne vient jamais : les Tartares. Buzzati construit ici un décor à la fois concret et symbolique, qui évoque autant les murs d’un lieu réel que ceux, invisibles, d’une prison mentale. La forteresse devient vite le théâtre d’une tragédie existentielle : celle d’un homme qui, au fil des années, voit sa jeunesse s’effacer, ses illusions s’éroder, sa vie se perdre dans une attente vide. Ce désert, qui n’est jamais qu’à quelques pas, devient l’image de l’inatteignable, du rêve jamais accompli, d’un avenir qui recule à mesure qu’on s’en approche. Le style de Buzzati est limpide, presque journalistique — ce qui n’est pas surprenant, l’auteur étant également reporter au Corriere della Sera. Mais cette clarté apparente cache une profondeur vertigineuse. Dans une langue sans fioritures, Buzzati sculpte le vide, rend palpable l’érosion du temps, le poids des choix non faits. Le roman avance lentement, à l’image de la vie du protagoniste, mais chaque phrase contient une tension sourde, une inquiétude feutrée. Cette économie de moyens rend d’autant plus poignante la progression du récit. Le lecteur, comme Drogo, est pris au piège d’un engrenage lent et silencieux, dans lequel les jours passent sans bruit, mais où chaque décision ou renoncement résonne longtemps. "Le Désert des Tartares" s’inscrit clairement dans une tradition littéraire du XXe siècle qui interroge le sens de la vie humaine, la liberté, la solitude, l’absurde. À la manière de Kafka dans "Le Château", de Beckett dans "En attendant Godot" ou de Camus dans "L’Étranger", Buzzati montre un homme confronté à l’inintelligibilité du monde, et à l’épreuve du temps. Drogo n’est pas un héros, ni un martyr. Il est un homme banal, comme chacun de nous, qui espère une mission grandiose, une justification à son existence, mais qui se laisse happer par l’habitude, la hiérarchie, la peur du changement. Le roman devient ainsi une allégorie de la condition humaine : attendre toute sa vie un sens ou un événement qui ne viendra peut-être jamais. Ce qui frappe également dans le roman, c’est sa portée sociale et psychologique. Buzzati interroge subtilement les mécanismes qui nous rendent passifs : l’inertie des institutions, la peur de rompre avec la norme, le confort trompeur de la routine. Drogo pourrait partir, il en a plusieurs fois l’occasion, mais il reste. Par fidélité ? Par orgueil ? Par lâcheté ? Le roman ne tranche pas, mais pose la question essentielle : qu’est-ce qui nous retient d’agir ? En cela, "Le Désert des Tartares" résonne avec une acuité particulière dans nos sociétés modernes, où l’individu, saturé de promesses et d’attentes, peine parfois à prendre en main son propre destin. "Le Désert des Tartares" est une œuvre lente, silencieuse, mais d’une force rare. C’est un roman qui ne fait pas de bruit, mais qui continue de hanter le lecteur longtemps après sa lecture. Par sa forme épurée, son décor presque irréel, et sa profondeur existentielle, il atteint une universalité qui en fait un classique de la littérature du XXe siècle. Dino Buzzati y montre avec une lucidité sans cruauté, mais sans illusion non plus, la tragédie ordinaire d’une vie qui se consume dans l’attente d’un événement salvateur. Un livre à méditer, et à relire aux différentes étapes de sa vie, tant il interroge ce que chacun fait de son propre temps — ce bien si fragile, et si souvent gaspillé.

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Dandine

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

J’ai voulu verifier si et comment, apres une cinquantaine d’annees, ce livre avait vieilli. Oui, les pages de mon vieil exemplaire du Livre de Poche ont jauni, prenant la couleur de l’enceinte du fort Bastiani qui y etait decrit. Et j’ai eu grand peur qu’elles se detachent une a une et se dispersent au vent du desert des tartares, optant donc pour ma liseuse. Mais si le corps du livre a vieilli, l’esprit en est reste alerte. J’ai retrouve mes impressions d’alors, le melange oppressant d’espoir et d’angoisse, l’absurdite de l’attente sans fin, l’attente qui altere toute intention, qui empeche toute enterprise, l’attente sterile du lieutenant Giovanni Drogo que les hordes des tartares du nord affluent vers la frontiere qu’il garde, vers le fort ou il stationne, et donnent du sens a sa vie, ou a sa mort heroique. Et je n’ai pu non plus oublier la fin, le creve-coeur de ce soldat quand, malade et affaibli, il est evacue du fort justement a l’arrivee inopinee des tartares. Mais 50 ans ne passent pas en vain, alors ou bien j’ai oublie bien d’autres perceptions que j’avais eu du livre, ou bien ce n’est qu’a mon age que j’y discerne de nouveaux aspects. Et tout d’abord les tartares, tant attendus, tant hallucines par les soldats du fort, me ramenent aux grandes migrations de notre temps, a la vision cauchemardesque de certains que l’autre, le barbare ou tartare, veut nous envahir, detruire notre ordre, notre civilisation, ou meme que la simple menace de son existence peut introduire le chaos dans notre ordre, ou tout simplement que le chaos et le desordre existaient depuis toujours en nous et les etrangers envahisseurs servent, a notre grande honte, de revelateur. A cette phobie a repondu il y a deja une centaine d’annees un poete, le grand Constantin Cavafis : “— Qu’attendons-nous, rassemblés ainsi sur la place ? — Les Barbares vont arriver aujourd’hui. — Pourquoi un tel marasme au Sénat ? Pourquoi les Sénateurs restent-ils sans légiférer ? — C’est que les Barbares arrivent aujourd’hui. Quelles lois voteraient les Sénateurs ? Quand ils viendront, les Barbares feront la loi. [...] — Et pourquoi, subitement, cette inquiétude et ce trouble ? Comme les visages sont devenus graves ! Pourquoi les rues et les places se désemplissent-elles si vite, et pourquoi rentrent-ils tous chez eux d’un air sombre ? — C’est que la nuit est tombée, et que les Barbares n’arrivent pas. Et des gens sont venus des frontières, et ils disent qu’il n’y a point de Barbares… Et maintenant, que deviendrons-nous sans Barbares ? Ces gens-là, c’était quand même une solution.” Oui, malgre tout, peut-etre quand meme une solution. Une qu’on ne pouvait imaginer avant leur apparition. En tous cas il m’est clair que ce poeme a surement inspire Buzzatti. Autre chose qui ressort de cette tardive relecture: qui est le principal protagoniste de ce livre? Le lieutenant Drogo? Ou, comme j’avais cru comprendre, la futilite de l’attente? Je pencherais maintenant pour un heros encore plus abstrait: le temps. Le temps qui passe, qu’on s’en apercoive ou pas. Le temps qui consume les espoirs des soldats du fort Bastiani, qui consume leurs vies. Qui joue avec les illusions des hommes, leur fait croire qu’ils ont encore, qu’ils auront toujours la possibilite de realiser leurs reves, qu’ils n’ont pas a se presser, que c’est lui qui les attend. Le temps qui aide a instaurer, qui sacre, la routine, cette drogue endormante, cette tueuse d’initiatives. La routine qui nous fait passer le temps, et, insidieusement, fait passer nos vies. En l’attente de quoi? De rien. De la mort. De l’oubli. La routine qui est, pour les soldats du fort, une sorte de suicide en marche. Un suicide regle par la marche du temps. Le suicide. Au fur et a mesure de ma relecture j’ai ete de plus en plus imprégné par ce concept. Buzzatti a publie ce livre en 1940. Les trompettes de la deuxieme guerre mondiale etaient embouchees depuis 1939 et meme avant. Et il ecrit sur des soldats qui revent d’une mort heroique. A-t-il voulu prevenir tous les nouveaux conscrits que ce reve est une chimere? Qu’il n’y a pas de mort heroique? Que tout soldat jete au front prepare en fait son suicide? Que le vrai heroisme reside dans des actions de vie civile, de celles qui font avancer et l’agissant et sa societe? En fin de livre, quand Buzzatti jette toute une armee en pature au Dieu Mars, il devient misericordieux envers son heros, qui mourra seul, en civil, loin des bruits de la guerre qu’il avait espere en vain, mais reconcilie finalement avec son sort. “A ce moment précis, surgit, claire et terrible, venue de lointains replis, une nouvelle pensée : celle de la mort. [...] Courage, Drogo, c’est là ta dernière carte, va en soldat à la rencontre de la mort et que, au moins, ton existence fourvoyée finisse bien. Venge-toi finalement du sort, nul ne chantera tes louanges, nul ne t’appellera héros ou quelque chose de semblable, mais justement pour cela ça vaut la peine. Franchis d’un pied ferme la limite de l’ombre, droit comme pour une parade, et souris même, si tu y parviens. Après tout, ta conscience n’est pas trop lourde et Dieu saura pardonner. [...] L’obscurité a empli la chambre, ce n’est qu’à grand’peine que l’on peut distinguer la blancheur du lit et tout le reste est noir. Sous peu, la lune devrait se lever. Drogo aura-t-il le temps de la voir ou faudra-t-il qu’il s’en aille avant ? La porte de la chambre a un frémissement et craque légèrement. Peut-être est-ce un courant d’air, un simple coup de vent comme il y en a par ces inquiètes nuits de printemps. Mais peut-être aussi est-ce Elle qui est entrée, à pas silencieux, et qui maintenant s’approche du fauteuil de Drogo. Faisant un effort, Giovanni redresse un peu le buste, arrange d’une main le col de son uniforme, jette encore un regard par la fenêtre, un très bref coup d’œil, pour voir une dernière fois les étoiles. Puis, dans l’obscurité, bien que personne ne le voie, il sourit.” Une larme mouille l’ecran de ma liseuse, devenu la scene d’une fable hautement symbolique. Fable parce que sans ancrages de lieu ou de temps reels. Une fable sur l’ecoulement irrepressible du temps et la decadence physique qu’il entraine, sur la futilite de l’attente d’un reve chimerique, sur la conscience tardive d’une vie faussee par cette attente, d’une vie gachee. Et peut-être, surtout, une fable tragique sur l’aspiration a la gloire. Une fable melancolique, sillonnee de bouffees d’une musicalite poetique. Elle vaut bien une larme.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782266346832
  • Collection ou Série
    Littérature - Classiques
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    272
  • Dimensions
    178 x 112 mm

L'auteur

Dino Buzzati

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9,00 € Poche 272 pages