Le Grand Meaulnes : Le livre de Alain Fournier

Lire « Le grand Meaulnes » adulte a-t-il un intérêt ? J’ai enfin lu ce roman d’initiation dont j’avais tant entendu parler toute ma vie. Augustin Meaulnes est un grand ado envoyé en pension chez un professeur de campagne. Le fils du professeur est celui qui s’initie à la vie à travers et avec Meaulnes. Celui-ci en improvisant une sortie en voiture (hippomobile) se perd puis aboutit à un lieu inconnu, un domaine où se déroule une fête costumée. Il découvre un compagnon et une compagne mais repart bien vite sans pouvoir ensuite retrouver le lieu et ses personnages. Commence une quête pour laquelle le fils du professeur embauche de bonne grâce. Elle sera longue et tragique, Meaulnes étant torturé par un conflit de fidélité (ou se torturant tout seul). L’intrigue m’a paru assez transparente, ses ressorts matériels et psychologiques étant prévisibles (comment Meaulnes et son ami ne font-ils pas plus tôt tel ou tel rapprochement ?). Mais on découvre l’ambiance de la campagne berrichonne au dix-neuvième siècle finissant et l’histoire est suffisamment dépaysante pour être rafraîchissante. J’ai donc, sinon vibré intensément à la lecture, au moins du plaisir.

Ma cinq-centième critique sur Babelio ! Cela se fête, n’est-ce pas ? Avec une critique un peu différente, sur un livre gardé en réserve pour cette occasion. Le livre de la nostalgie de la jeunesse passée, de l’amer destin de ceux qui ont trouvé leur paradis et l’ont aussitôt perdu, du chant du cygne des campagnes françaises avant la boucherie de la Grande Guerre. J'aime particulièrement les premiers souvenirs de François Seurel. La vieille école. L'odeur de poussière et de craie. le visage maternel penché sur son ouvrage. La douceur des soirs, dans ces petits villages où chaque maison est une famille et chaque arbre un ami. L'odeur de feu de bois et de pain frais cuisant… Et puis Meaulnes fait irruption. Une force, une détermination étonnante pour un adolescent d'origines si simples, dont la seule présence bouscule les habitudes du village, le petit monde des enfants. Il semble promis à un destin extraordinaire. Et c'est ce qui arrive. Car il ne trouve rien moins que son paradis. Avec son alternance de folie enfantine et ses moments de grande douceur, la fête étrange est un moment unique. Meaulnes n'a rien à faire là. Au début, on ne sait même pas en quel honneur elle est donnée. Tout en elle est magnifique, inattendue. L'un de ces moments où la vie semble enfin avoir trouvé un sens, où tous les jours qui ont précédé ne paraissent plus que comme une attente d'on ne savait quoi, un lourd sommeil terne dans une routine maussade. Mais à tout moment le rêve peut se briser… Dans ‘l'enfant et la rivière', Gatzo décrit ainsi le chant du chat-huant : ‘'c'est une bête qui a trouvé son paradis mais l'a perdu. C'est pour ça qu'elle est aussi triste''. Et c'est ce qui arrive à Meaulnes. Mais Meaulnes n'est pas homme à se résigner. Et Meaulnes de partir et d'errer. Par les rues de Paris. Dans la boue et les ornières. Aux côtés de Franz. Au côté d'une certaine Valentine… Seul le hasard, et cet ami fidèle laissé de côté, lui permettront de retrouver son amour. Et le paysan épousa la comtesse. La musique de la fête était depuis longtemps éteinte, les invités partis, et le château même détruit. Bientôt les danseurs allaient, comme l'auteur, mourir dans la boue et l'orage de fer. Les danseuses les attendraient vainement, puis prendraient le chemin des villes. Et Meaulnes, lui, repartirait… Il y a, dans ‘le Grand Meaulnes', l'éternel amertume de devenir adulte. L'éternelle tristesse de perdre le visage maternel. L'éternelle nostalgie de la beauté d'un lieu détruit. Et le souvenir d'un monde qui n'est plus.

Très belle histoire ! J’ai adoré lire ce roman qui a un style vraiment fluide et « moderne ». Cette lecture était plutôt courte et vraiment très douce. L’ambiance est aussi très agréable. J’ai vraiment apprécié la description des paysages. C’est un beau classique à lire ! Je recommanderai ce roman à mon entourage !

Le Grand Maulnes est une œuvre magistrale, un roman initiatique où se mêlent les mystères de l'adolescence, de l'amitié et de l'amour. À travers le personnage d'Augustin Maulnes, Alain-Fournier nous plonge dans un monde entre réel et irréel, où les frontières de l’imaginaire se dissolvent et où la quête de l’inaccessible devient une obsession. Ce récit d’une beauté mélancolique raconte l'irruption d’un rêve dans la vie d'un jeune homme, une rencontre fugace mais marquante qui déchire son existence. L’auteur capte avec une rare finesse les émotions complexes de l'adolescence : l’intensité de la première passion, la quête de soi, et la nostalgie d’un âge révolu. La narration, poétique et envoûtante, parvient à saisir l’éphémérité de l’instant et la douleur d’un amour perdu. Le Grand Maulnes n’est pas seulement un roman d’aventure ; c’est une réflexion sur le temps, la mémoire et la quête de l’absolu. Un chef-d'œuvre, lumineux et profondément humain, qui résonne longtemps après la lecture.