Le Moine : Le livre de Matthew Gregory Lewis

Ce classique du roman gothique met en scène la déchéance d’un capucin mais aussi la noirceur que peut cacher l’église en son sein. Viols, tortures, meurtres rien n’épargne lecteur. Entre fantastique et horreur, ce roman est celui de la perversion. Une superbe découverte.

De Mathilde à Antonia, de la tentation à l’abîme, il s’incline, perdu… chaque regard le précipite un peu plus dans les gouffres du péché… Les cloîtres se transforment en prisons noires, les crucifix plient, et la Vierge détourne les yeux… Sous le vernis des sermons, c’est la chair qui parle, pétillante, assoiffée, pervertie… Autour de lui, tout n’est que décomposition… foi suppliciée, cryptes mordues, pactes endiablés… le parfum du vice flotte comme un encens putréfié… On se tord, on n’y contemple la beauté du désastre… Ambrosio, ange cramoisi, devient l’emblème de l’homme que la sainteté enivre et que la passion dévore… Il tombe… et dans sa chute, quelque chose sent encore… une splendeur impure, une grâce condamnée… une rose carbonisée… celle, peut-être, de l’humanité vivotante éclatée.

Tout commence à Madrid, où un Abbé enflamme la foule par sa vertu et son éloquence. Un homme respectant les préceptes religieux mais manquant de compassion. C’est lors d’un de ses prêches qu’Antonia rencontre Lorenzo, qui tombe aussitôt sous son charme Le plus proche ami de Lorenzo, quant à lui, se meurt d’amour pour une femme qui a intégré un couvent de nonnes. Tous ces personnages vont se trouver mêler à une sombre histoire de sorcellerie, de vengeance et bien d’autres crimes… Bienvenue dans ce pilier de la littérature gothique écrit par Matthew Lewis à l’âge de dix-neuf ans. On y retrouve tout ce qui fait le charme de ce type de roman, des lieux sombres et inquiétants, des jeunes femmes en détresse, des hommes vertueux voulant les protéger et des figures maléfiques prêtes à tout pour assouvir leurs désirs J’ai été embarquée par le rythme frénétique de l’intrigue, les multiples rebondissements et autres récits enchâssés. Le personnage de l’Abbé Ambrosio est certainement le plus intéressant du roman. C’est un homme vertueux, par vanité et non par principes, qui va se laisser entraîner sur la pente du vice. On suit les mouvements de son âme, ses hésitations et finalement son incapacité à résister à ses impulsions. Ce roman démontre aussi l’hypocrisie des gens d’église, bons tant qu’ils sont observés. Mais c’est surtout une critique de l’ordre monacal que l’on retrouve dans ses pages. En bref, une lecture haletante, sombre et passionnée, parfaite pour frissonner à l’automne.

Un moine capucin rongé par ses désirs refoulés, un peu de magie noire, des créatures invoqués et des jeunes gens un peu bébètes. Rien de mieux pour vous plonger dans un roman gothique. Le seul cette année je pense! J'ai été attiré par le côté un peu ésotérique du roman. Et pas de déception de ce côté même si le roman est parfois un peu long sur la vie de certains personnages qui ne sont pas forcément intéressants. La fin m'a surpris et est vraiment bien.