Le Moineau de Dieu : Le livre de Mary Doria Russell
2019, un signal musical est capté par la Terre. Pendant que l'ONU palabre sans fin, la Compagnie de Jésus a déjà trouvé les financements et mis sur pied son expédition. À son bord, des athées et des jésuites, dont Emilio Sandoz, jeune prêtre et brillant linguiste, pour un voyage d'exploration vers la planète Rakhat et ses habitants.
2059, Emilio Sandoz, mutique, les mains mutilées et marqué du sceau de l'infamie, est le seul rescapé de la mission. Sur Rakhat, il aurait tué et se serait prostitué. Qu'a-t-il donc pu se passer pour que la mission tourne si mal ?
" Non content d'être un parfait chef-d'oeuvre,
Le Moineau de Dieu est aussi une belle porte d'entrée pour quiconque chercherait à faire ses premiers pas dans la science-fiction. "
Simon Krug – Les Inrockuptibles
De (auteur) : Mary Doria Russell
Traduit par : Béatrice Vierne
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
Nadou38
• Il y a 1 mois
Comme l’auteure Mary Doria Russell l’indique dans une interview d’ActuSF (postface), on pourrait vulgairement résumer son roman de la manière suivante : des jésuites dans l’espace. Mais ce serait bien réducteur et occulterait toute la richesse de ce joli pavé de plus de 700 pages. Nous sommes en 2019, une musique venant de l’espace est captée par la Terre. Rapidement, une expédition spatiale s’organise pour rencontrer l’intelligence qui a créé ce chant… Car enfin, nous savons maintenant que nous ne sommes pas seuls dans l’univers, et qu’en plus, ces extraterrestres sont capables de produire des chants musicaux magnifiques. La preuve d’une intelligence et d’une sensibilité qui donne envie de les rencontrer, de tout savoir sur leurs connaissances scientifiques, leur structure sociale et économique, ou encore leurs langages et moyens de communication. Et puis à quoi ressemble leur planète, Rakhat, et comment s’y développe le vivant et s’équilibre leur éco-système ? Et il y a aussi les questionnements théologiques et religieux. Quelles sont leurs croyances s’ils en ont ? Vénèrent-ils quelques divinités ou partagent-ils la même foi en Dieu ? C’est ce qui motive le jésuite Emilio Sandoz à participer à cette grande aventure, car il y voit comme un signe, un appel de Dieu. L’équipage sera dirigé par des jésuites. Toutes ces questions vont être développées tout au long du récit, mais aussi le choix des membres de l’équipage et le rôle de chacun, les moyens techniques pour aller jusqu’à Rakhat, les étapes d’investigation sur la planète, la prise de contact… et après. J’ai trouvé cela passionnant, l’auteure soulève de nombreux obstacles à surmonter et les contraintes à respecter pour limiter les perturbations que vont occasionner à coup sûr leur présence. Elle fait d’ailleurs souvent référence aux expériences (et erreurs) passées - lors des grandes découvertes notamment - comme par exemple les techniques de communication utilisées à cette époque-là : l’apprentissage des dialectes par l’intermédiaire d’enfants. Cela m’a rappelé l’excellent « Rouge Brésil » de Rufin. Et puis j’ai beaucoup aimé aussi suivre les principaux personnages qui composent cet équipage : Sofia, Anne, Jimmy, Georges, DW et bien sûr Emilio. Des personnalités très différentes par leurs caractères et leurs compétences, mais qui sont toutes liées par une amitié sincère et le désir de vivre ensemble cette grande aventure. Au fil des pages, on en apprend plus sur chacun d’eux, leur histoire propre et ce qui les a construit. Ils sont très bien travaillés et nous deviennent familiers. Je me suis beaucoup attachée à eux. Mais j’avertis cependant que c’est un roman qui prend son temps, ce n’est pas le genre d’ouvrage où l’action nous accroche à chaque retournement de page. Il y a des rebondissements bien sûr, c’est une aventure épique. Mais c’est un roman qui interpelle et interroge sur toutes ces questions autour du sens de la vie, de la foi, le pourquoi… Les personnages évoquent leurs interrogations et leurs inquiétudes, mais aussi leur joie et leurs tristesse. Le rapport humain est au coeur du récit. Dès le début, on sait comment se termine l’histoire, nous revivons l’expédition par le récit d’Emilio. Et je peux vous dire qu’on veut savoir, comprendre ce qui s’est passé. Et quand on le découvre… c’est la claque à chaque fois. L’auteure ne va pas forcément là où on l’attend, elle m’a prise au dépourvu à plusieurs reprises. J’ai beaucoup aimé ce roman, découvert grâce au billet de Fifrildi et j’ai eu la chance de partager cette lecture avec mon amie Srafina. Merci à toutes les deux. Je regrette juste d’avoir été une si mauvaise partenaire de lecture, n’étant malgré moi pas très disponible pour lire ces dernières semaines. J’en suis vraiment navrée Srafina, tu as été plus que patiente avec moi et je t’en remercie. Il existe une suite à ce roman, Children of God, mais qui n’est toujours pas traduite en français. Si jamais ActuSF lit ce billet (bon, je n’y crois pas trop, hein !), y’a de futurs lecteurs qui attendent… ;)
Srafina
• Il y a 1 mois
Suite à l’avis enthousiaste de notre chère amie Fifrildi, Nadou38 et moi-même sommes parties à l’aventure vers Rahkat d’Alpha du Centaure en compagnie de huit compagnons qui s’embarquent sur le Stella Maris. Tout démarre lorsqu’un signal musical est capté par Jimmy Quinn, un jeune astronome passionné. Ses amis Emilio Sandoz, jésuite de son état, Anne et Georges Edwards, Sofia Mendes sont les premiers à être au courant. L’idée du voyage germe dans leurs esprits et c’est la Compagnie de Jésus qui leur met le pied à l’étrier en finançant le voyage en tout secret. D’autres compagnons les rejoindront : des jésuites, ordre habitué à se rendre dans des régions reculées et inexplorées. L’auteur fait le parallèle entre l’expédition de Christophe Colomb partit à la recherche du chemin vers les Indes. Une civilisation à la rencontre d’une autre. C’est avant tout un roman sur la rencontre de civilisations différentes et une belle étude anthropologique. Avec Emilio, le prêtre linguiste doué à communiquer et à comprendre de nombreuses langues, Anne, le médecin empathique et observatrice, Georges son mari, ingénieur, Jimmy astronome, le père D.W. Yarbrough le navigateur et ancien pilote de chasse, Marc Robichaux, le peintre et Sofia Mendes, jeune femme complexe et douée en synthèse. L’amitié, l’humour et les qualités de chacun soudent très fortement cette petite équipe. Pour partir sur de si nombreuses années, cela est nécessaire. L’auteure nous livre là, un roman à la fois généreux et intéressant sur cette rencontre de deux civilisations. Le développement et l’étude de chaque personnalité, de leurs failles, de leurs joies et de leurs capacités est abordé de manière fluide et agréable. On sent les interactions entre chacun, la profondeur des sentiments et surtout la place de la religion y est très présente. A travers Emilio on ressent ses doutes, ses motivations, son engagement dans tout ce qu’il fait. Lui seul reviendra vivant de ce périple, et tout au long du roman, on navigue entre les deux époques. Cela nous donne un aperçu et une dynamique à l’évolution de l’histoire. Un vrai plaisir de lecture à savourer et à bien s’imprégner. Je conseille vivement mais pas à ceux qui rêvent de grandes batailles interstellaires. C’est plutôt une aventure humaine et profonde. Merci Nadou pour ce beau partage.
Fifrildi
• Il y a 3 mois
Mary Doria Russell diplômée en anthropologie physique, sociale et linguistique n'a écrit que deux romans de SF : ‘The Sparrow' en 1996 (Le moineau de Dieu) et son sequel ‘Children of God' en 1998 (non traduit). ‘Le moineau de Dieu' a gagné pas moins de cinq prix : le Tiptree/Otherwise (1996), le BSFA (1997), le Clarke (1998), le Gaylactic Spectrum (2001) et le Kurd Lasswitz (2001). Pour ma part, c'est un énorme coup de coeur, merci à BazaR pour cette pioche dans le cadre du Challenge multi-auteures SFFF. Russell est partie d'une interrogation : ferions-nous mieux que Christophe Colomb et ses camarades si nous entrions en contact avec une culture inconnue ? Pourrions-nous éviter leurs erreurs ? En 2019, un signal musical est capté au radiotélescope d'Arecibo à Porto Rico. Ils proviennent d'Alpha du Centaure située à un peu plus de 4 années lumières de la Terre. Jimmy prévient d'abord ses amis dont le père jésuite Emilio Sandoz qui s'empresse de préparer une mission afin de rencontrer les mystérieux chanteurs. Ils seront huit à embarquer à bord du Stella Maris à destination de la planète Rahkat. Dès le départ, on sait que cela s'est très mal passé. le roman démarre en 2059 sur Terre, après le rapatriement de l'unique survivant de la mission : Sandoz. Il est physiquement et psychologiquement démoli. Que s'est-il passé ? L'auteure alterne entre passé et présent, ce que j'ai trouvé vraiment être la meilleure manière de raconter cette histoire. Cela donne une autre dimension aux événements et on s'attache quoi qu'il en soit aux personnages. J'ai adoré la doctoresse agnostique Anne Edwards. J'ai peur d'en dire trop, je préfère vous laisser le plaisir de la découverte. J'ai juste envie de vous prévenir que la fin n'est pas facile à lire. Comment une erreur d'apparence aussi anodine peut conduire à une telle horreur ? Un roman solide qui reflète fortement les connaissances académiques de l'auteure. Impossible de ne pas lire la suite. Challenge pavés 2025 Challenge XXe siècle 2025 Challenge musical 2024-2025 Challenge multi-défis 2025 (36) Challenge plumes féminines (56) Challenge mauvais genres 2025 (M) Challenge multi-auteures SFFF 2025
Tachan
• Il y a 5 mois
Démarrant sur un trope que j’adore en SF : la rencontre du 3e type, je m’attendais à un récit de rencontre qui allait me faire voyager et me dépayser. Perdue dans les propos autres que voulait conter l’autrice, j’ai longtemps navigué à l’aveugle, sans comprendre où j’allais, avant ce final qui me laisse sans voix. Ce moineau est un petit OLNI dans le monde de la SF. Remarqué comme l’un des meilleurs livres de l’année aux Etats-Unis lors de sa sortie en 1996, c’est un premier roman qui flirte entre la SF et la théologie, mais dont la prose n’est pas des plus accessibles et abordables, tant l’autrice aime se perdre et nous perdre. Ce fut donc une lecture des plus résistantes. Pourtant la plume est simple en elle-même, accessible, entraînante d’une certaine façon. Elle nous fait naviguer entre plusieurs époques : celle de la rencontre entre nous et ce peuple autre découvert grâce à leur chant, l’époque où on est allé à sa rencontre grâce à une mission menée par le jeune frère jésuite Emilio Sandoz et la présent (2060) où ce dernier est interrogé comme seul survivant de l’affaire et potentiel coupable de terribles crimes. Que s’est-il passé ? Sur cette base, je m’attendais à un récit sous forme d’enquête où nous allions pénétrer cette culture et société extraterrestre mais également vivre l’expédition humaine de l’intérieur. Je n’ai rien eu de cela. Pendant de longs, très longs chapitres, il ne se passe rien. C’est simple, arrivée à la page 200 (sur 570), on cerne à peine la découverte de cette civilisation chantante et on n’a pas la moindre idée de qui est Emilio Sandoz et de ce qu’il a pu faire. Le reste du récit est à l’aune de cela, quelques rares pages nous présentant cette civilisation extraterrestre, les peuples qui la composent, la place de chacun et leur rôle, des tentatives de communication et partage d’une nouvelle langue, le tout dans une ambiance un peu de conquistadors, mais surtout beaucoup beaucoup de vide, beaucoup beaucoup de théologie, et pourquoi ? Je vais être franche, je me suis longuement ennuyée. J’ai attendu en vain ce que j’attendais d’un récit d’une rencontre du 3e type et d’un travail autour de la langue et de la foi. Ce n’est que dans les ultimes pages, ultimes chapitres, quand Emilio confie son secret, son drame, que le récit prend alors la teinte que j’étais en droit d’attendre de lui. Et je me suis alors dit : Tout ça pour ça ! Toutes ces pages inutiles pour un si bon final, pour enfin une interrogation pertinente et ravageuse de la foi lors d’une mission d’exploration où le doute était partout. Si seulement l’autrice avait eu l’intelligence de faire une nouvelle de ce récit et non ce long roman insipide, j’aurais sûrement crié au génie, car le final est génial ! SPOILER : [masquer] Il raconte la chute d’un homme, d’un croyant, face à l’indicible, une civilisation aussi oppressive et terrible que la nôtre, qui a imaginé une autre façon d’exploiter les plus faibles et de les violenter, que ce soit une autre espèce extraterrestre considérée comme inférieure ou la nôtre considérée comme exotique et à leur merci. La personnalité du prêtre, ce qu’il est par essence, ce en quoi il croit, ce qu’il vit et qui vient percuter ses croyances, est terrible. Puissant mais terrible et les mots de l’autrice sonne terriblement juste pour évoquer ces violences qui pour une fois ne frappent pas une femme mais un homme. Chapeau ! Alors vient ensuite la question : jusqu’où est-on prêt à aller pour la science, pour la connaissance ? Peut-on oublier un tel drame, pardonner de telles violences ? La foi est-elle le verni pardonnateur ultime ? Mary Doria nous offre une belle et riche porte de réflexion ici, à laquelle on ne sera pas insensible. [/masquer] Quelle lecture à la fois géniale et décevante. Je me suis ennuyée 90% du temps face à un récit qui ne racontait rien et ne correspondait pas à mes attentes sur un trope que j’adore. Et pourtant, les 10% restants, les ultimes chapitres, relèvent du génie pour moi en abordant le sujet de la foi dans la SF comme je l’ai rarement vu fait, avec une cruauté, une crudité implacable que j’ai adoré ! Quel dommage que ce ne soit pas une nouvelle…
Avis des membres
Fiche technique du livre
-
- Genres
- Romans , Roman Science-Fiction Dystopie
-
- EAN
- 9782266294751
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- Collection ou Série
- S.F. Fantasy - Science Fiction
-
- Format
- Poche
-
- Nombre de pages
- 800
-
- Dimensions
- 178 x 110 mm
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