Le Passeur de Prospera : Le livre de Justin Cronin

Soyons très honnête, le style d'écriture et le message du roman sont assez prétentieux et pédants, autour de thèmes pourtant vus et revus. Ça, c'est vrai, et je ne peux qu'abonder dans le sens de certaines critiques publiées ici. Mais, une fois passée le petit soupir d'exaspération, ça reste un roman que j'ai beaucoup aimé lire. Il est très bien construit et très bien rythmé. Il est divisé en parties qui changent à la fois de lieux et d'enjeux, et qui marquent aussi des avancées dans la compréhension du mystère global qui entoure Prospera. Ainsi, l'histoire peut avancer à un rythme qui est à la fois lent, mais en même temps englobé dans beaucoup d'actions, d'évolutions et de révélations. Je dois avouer que j'ai été assez impressionnée par la maîtrise du rythme et de la narration pour garder l'attention du lecteur toujours au maximum. Pour moi, l'intérêt de ce roman est dans son histoire, et dans les questions voire malaise qu'elle soulève. Parce qu'il y a des moments absolument incompréhensibles et psychédéliques, mais qui prendront tout leur sens ne vous inquiétez pas. En revanche, le style assez froid de l'auteur empêche de réellement s'attacher aux personnages. Tout est toujours très distancié, même de la part des personnages eux-mêmes. Si vous êtes accrochés à eux, ce n'est pas parce que vous les aimez : c'est parce que vous voulez qu'ils avancent dans leur quête pour enfin comprendre ce qu'il se passe. Donc si vous n'êtes pas rebutés par les styles froids et un peu prétentieux, et que vous n'avez pas besoin d'être complètement immergés dans les émotions des personnages pour apprécier une lecture, c'est vraiment un très bon roman, dont j'ai apprécié la lecture.

#128755; j’avais lu de très belles critiques sur ce roman de SF, notamment celle de @armance_around_the_corner et je dois dire que, moi non plus, je n’ai pas été déçue ! #128755; C’est d’abord un roman page-turner. Une fois qu’on est plongé dedans, il est très difficile d’en sortir! L’auteur nous happe dès le début de l’intrigue avec cette île de Prospera, plutôt idyllique, où les gens sont « recyclés » une fois arrivés à l’âge de la retraite. On sent vite poindre le motif de la dystopie. #128755; Tout irait bien pour notre personnage principal s’il ne devait pas accompagner justement son père pour ce fameux recyclage. Et là, tout bascule… #128755; Ça marche du tonnerre : on a envie d’en savoir plus sur le fonctionnement de cette société. En même temps, certains petits détails nous mettent la puce à l’oreille. #128755; Et puis on attend le twist, très bien réussi pour le coup, qui redistribue les cartes totalement ! #128755; Le passeur de Prospera est une vraie réussite sur tous les plans! Je vous le recommande les yeux fermés !

Nous avions découvert Justin Cronin avec son excellente série du Passage (surtout le premier tome) qui nous projetais dans un univers postapocalyptique très sombre et envahi de sorte de zombies. Il revient avec un tout autre genre, un roman oscillant entre science-fiction et fantastique  sur fond de dystopie. Rapidement, le roman prend une tournure un peu folle. Suite à une phrase évoquée par son père juste avant de quitter le monde, le héros principal va se retrouver plonger dans une mystérieuse affaire conspirationniste dont il ne comprend pas l'origine. Il va bien sûr enquêter et découvrir ce qui se trame derrière la direction du monde et de ce mécanisme de régénération des êtres humains. Le héros, et donc le lecteur par la même occasion, va devoir faire le tri entre ce qu'il vit, croit vivre, rêve et croit rêver. Les amateurs de films lynchiens y trouveront leur bonheur puisque, tout comme dans ces films, le héros va s'interroger sur sa position dans le monde, ce qu'il est et ce que les autres croient qu'il est. Je n'en dirais pas plus pour ne pas divulgâcher le roman et le plaisir de vous faire surprendre par le dénouement du livre, mais par ce livre l'auteur rend hommage à de nombreux auteurs de romans et de films (argh! : difficile de ne pas les citer). L'écriture est très maîtrisée, il y a encore quelques longueurs et répétitions, mais le rythme est beaucoup plus soutenu que dans la série du Passage. Les personnages sont complexes, énigmatiques et ne se dévoilent qu'au fur et à mesure de la progression de l'histoire. Un gros roman qui se dévore.

Ce livre est génial! Pourtant moyennement fan de science fiction ce livre m'a plongé dans une réflexion et un univers que je ne pensais pas. Je n'ai pas réussi à le lâcher. Il mérite vraiment d'être lu. L'auteur que je ne connaissais pas, nous emmène sur plusieurs pistes avec un suspens haletant.