Le pays des choses perdues : Le livre de John Connolly

Pour s'évader de la cruelle réalité qui l’afflige, Cérès trouve refuge dans les livres de contes fantastiques qu'elle lit à sa fille de huit ans, Phoebe, dans le coma après avoir été percutée par un chauffard. Alors qu’elle perd peu à peu tout espoir, se résolvant à grand peine à l’inéluctable, Cérès arrive un soir face à une vielle demeure, dernier refuge de l’auteur du Livre des choses perdues. Une fois à l'intérieur, elle se retrouve propulsé dans un monde étrange et aventureux. Elle entreprend dès lors un voyage initiatique en forme de rédemption dans ce monde parallèle fantastique. Un périple ponctué de rencontres inattendues avec des personnages déconcertants qui tour à tour l'aideront à surmonter les obstacles et entretenir l'espoir de ramener Phoebe du néant ou chercheront à entraver sa quête. Cette suite informelle, entre Alice au pays des merveilles version Tim Burton et Conte de fées, revisite le concept du Livre des choses perdues, reprenant certains personnages tout en mettant en scène un nouvel univers et de nouveaux acteurs. On retrouve l'univers sombre et fantastique de John Connolly, son imaginaire débridé, son style incisif, sa singularité ainsi que quelques touches d'humour décalé. Beaucoup de poésie, quelques réflexions philosophiques mais également de la noirceur et des drames. Chaque personnage garde sa part d'ombre et de secrets mais tous comprennent rapidement que chacun des choix qui se présente à eux, même s’il peut sembler logique ou opportun, peut entrainer en retour des conséquences aussi terribles qu’irréversibles. L'auteur alterne entre la rigueur du monde réel et un imaginaire de conte de fée qui foisonne de mystère et d'une vaste complexité, explorant à la perfection quelques thèmes universels tels que le deuil, le traditionalisme obtus, les blessures émotionnelles, ou encore le despotisme masqué derrière la prévenance. Si les personnages secondaires sont intéressants, bien élaborés et apportent du sens au propos comme à l'intrigue, l’évolution régressive de Cérès dans ce monde onirique, son inconstance et son aventurisme laissent parfois interdit. L’ensemble est cependant plaisant et bien construit en dépit d’un manque de dynamisme et d’inutiles longueurs. Par-delà son roman l’auteur s’attache à célébrer l’importance de la littérature et souligne l’utilité de la lecture pour s'épanouir et développer la conscience et l’imagination. Un ouvrage quelque peu différent des thrillers à connotation mystérieuse auxquels John Connolly nous a habitué mais néanmoins passionnant.

Phoebe, 8 ans, est dans le coma. Sa mère, Cérès, passe ses soirées à son chevet, lui lisant des contes dans l’espoir de la réveiller. Une mère bouleversée, déchirée par la douleur, mais profondément touchante dans son combat. Un soir, poussée par une force mystérieuse, Cérès entre dans une vieille maison près du nouvel hôpital et se retrouve projetée dans le "Pays des choses perdues". Ce monde fantastique, à la fois envoûtant et inquiétant, regorge de dangers et de rencontres époustouflantes. Cérès devra braver les épreuves pour atteindre l’esprit de sa fille et tenter de la ramener parmi les vivants. La lecture est rapide et agréable. L’auteur alterne entre le monde contemporain et celui de l’imaginaire, explorant avec brio des thèmes universels comme la vie, la mort, les blessures émotionnelles, ou encore l’importance des livres. L’imagination débordante de l’auteur rend le récit captivant. J’ai particulièrement apprécié les clins d’œil aux contes et légendes, bien intégrés dans l’histoire. Le côté fantastique m’a particulièrement séduit comparé au monde réel : ce monde regorge de mystère et d’une belle complexité. J’ai aussi adoré la découverte du "Livre des choses perdues" par Cérès, un moment clé du récit qui souligne l’impact des histoires sur nos vies. Je n’ai pas lu le premier tome, mais celui-ci peut être lu indépendamment, ce qui est un vrai plus. L’écriture est belle, immersive, et le travail d’édition est sublime, renforçant l’expérience de lecture.

Les livres de John Connolly sont une lecture que j affectionne depuis des années, principalement les enquêtes de Charlie Parker. Je n avais pourtant pas lu "le livre des choses perdues" et ignorait même qu un nouveau livre issu du même univers était sorti. Je suis tombée sur ce livre à la très belle couverture en librairie. Connaissant l univers volontiers lugubre de cet auteur je ne doutais pas d y retrouver cette ambiance très sombre, macabre,peuplée d antagonistes cruels, déjà présente dans les enquêtes de son privé de l étrange. Son héroïne, Ceres, est une jeune maman inconsolable. Un chauffard a renversé sa fille, Phoebe, 8 ans, qui est depuis dans le coma. l'état de la petite fille ne s améliore pas, et le médecin a l idée de la transférer dans un centre spécialisé non loin d'une propriété familiale de Ceres, qui déménage donc pour suivre sa fille. Sur place, Ceres est d abord rassurée par la bienveillance et l'humanité de l équipe soignante, mais la maison où elle n est pas retournée depuis longtemps lui paraît vaguement inquiétante. Elle est vite envahie d un lierre rampant rouge sang. Ceres est irrésistiblement attirée par la maison d'un auteur, David, qui n est autre que l auteur du "livre des choses perdues". Elle se retrouve dans une demeure peuplée de livres parlants et d'un lierre maléfique. En voulant fuir, elle se retrouve dans un monde parallèle imaginaire qui est le pays des choses perdues. Elle a changé physiquement et revêt l apparence de ses seize ans. À ce moment, son parcours initiatique dans ce monde débute, sous la protection de la figure tutélaire du garde forestier (qui avait la même fonction dans "le livre des choses perdues". (David est présent lui aussi). Jamais elle ne perd de vue l idée de sauver sa fille, mais il lui faudra passer par de nombreuses épreuves avant de retrouver le monde "réel". Le fantastique de Connolly est ici toujours aussi brut et organique, avec des harpies luttant pour leur survie, des dryades créatures de la forêt (enfin surtout la vindicative Calio, qui s en prend d emblee à Ceres et elles se blessent réciproquement). Et un bienveillant et espiègle esprit des cours d'eau. Ces créatures ont une certaine importance ici. On y rencontre aussi de bons géants, ainsi que des êtres hybrides mi enfants mi animaux, et des Fae, créatures belles mais froides et n ayant que du mal à apporter aux humains, en les piegeant par leur ruse et leur duplicité. La jeune Ceres se retrouve au coeur de luttes stratégiques pour le pouvoir, entre hommes et Fae, hommes et demi loups. Elle se lance dans cette aventure pour sauver des enfants enlevés. Bref, le conte selon Connolly retrouve à mon sens ses couleurs originelles, proches de celles d Andersen ou Perrault, où le personnage qui endure souvent en silence de grandes souffrances pour sauver les siens et rétablir l équilibre est souvent une enfant, une jeune fille pure et aux intentions nobles (la petite sirène qui se prive de sa voix en echange de jambes par amour pour son prince, la princesse Elisa qui tisse des tuniques d orties pour ses frères cygnes prisonniers d'un sortilège). Ceres est ici un personnage combatif dont la volonté et le courage sont prêts de vaciller face à la duplicité de l'homme Biscornu, et à la voracité de la Dame Mort. Le fantastique de Connolly s épanouit ici avec plus d amplitude, moins bridé que dans les enquêtes de Charlie Parker. Les mêmes défauts sont inévitablement présents aussi: des personnages secondaires évoqués parfois sans grand intérêt pour l histoire, comme Raiponce ou les sorcières. La noirceur ambiante peut décourager,mais l histoire reste cependant prenante, touchante, avec ce goût pour la part des ténèbres qui caractérise Connolly, et son amour des livres et de leur vie propre qui est fréquemment évoqué. Une lecture donc toujours aussi singulière, inquiétante et attachante. Un petit bémol cependant, la fin assez elliptique. J'aurais aimé en savoir plus sur le sort de Ceres et Phoebe.

C’est le premier roman de John Connolly que je lis, attirée par son étiquette de roman fantastique destiné à la jeunesse. Après lecture, j’y découvre un mélange captivant de genres, qui puise largement dans les contes traditionnels de notre enfance. Pour ma part, je pense que tant les adolescents que les adultes peuvent être séduits par cette histoire. Le récit s’ouvre sur Cérès, la mère de Phoebe, une petite fille de huit ans plongée dans le coma après un accident de voiture. Désespérée, Cérès veille à son chevet et lui lit les contes qu’elle aimait tant, espérant la voir se réveiller. Ce début sombre et chargé d’émotion donne le ton. Plus tard, après une visite chez l’auteur du Livre des choses perdues, Cérès est, malgré elle, projetée dans un monde parallèle, le “pays des choses perdues”. Elle y fait la rencontre de divers personnages et créatures, certains bienveillants, d’autres plus menaçants. La deuxième partie du livre, imprégnée de fantastique et de poésie, m’a charmée. Elle m’a beaucoup fait penser à l’univers de Lewis Carroll. Chaque personnage y garde une part de mystère, et rien n’est totalement noir ou blanc. Il faut se méfier des promesses car elles peuvent contenir un sens caché. Chaque choix de Cérès entraîne la fermeture d’autres possibles, ce qui donne au récit la profondeur d’un voyage initiatique. D’ailleurs, dans ce monde parallèle, Cérès redevient une adolescente, comme si elle devait encore apprendre ou se construire avant de pouvoir retrouver sa vie d’adulte. Mon seul bémol tient à la difficulté que j’ai eue à relier les épreuves que traverse Cérès dans le pays des choses perdues à sa quête de réveiller sa fille. Ce n’est qu’à la toute fin que le lien apparaît, mais j’ai trouvé cette conclusion un peu rapide par rapport au rythme du reste de l’histoire. Bien que je n’aie pas lu Le livre des choses perdues, qui se déroule dans le même univers, cela n’a en rien gêné ma compréhension. J’ai seulement regretté de ne pas saisir toutes les références présentes. En tout cas, cette lecture fut très agréable et m’a donné envie d’ajouter le premier tome à ma pile à lire pour prolonger l’aventure. Je remercie Babelio et les éditions L’Archipel pour cette belle découverte.