Le révolver de Maigret : Le livre de Georges Simenon

C’est bien un Simenon, pas de doute à ce sujet, et même un Maigret. Pas de grande surprise donc, à part le vol initial du revolver de Maigret, chez lui… Ça se passe en grande partie à Londres, où étonnamment il fait beau et chaud, et où le commissaire a tout loisir de maugréer sur les usages locaux. La conversation entre Maigret et le voleur du revolver m’a quand même parue un peu longuette, et dans l’ensemble, tout ça ne paraît pas très crédible. Mais ça reste du Simenon.

Je dois dire que lorsque j'ai récemment ouvert mon premier Maigret, je ne m'attendais pas du tout à découvrir une telle qualité littéraire, une psychologie des personnages si fine, un art des descriptions et une capacité à créer des ambiances aussi colorées, parfumées, gustatives, visuelles grâces auxquelles on n'en finit pas de sentir et de goûter le Paris d'autrefois. Simenon est tout simplement génial (je suppose que d'autres l'ont dit avant moi). Sorte de Mozart du polar, Simenon cumule quantité et qualité. La grande différence entre Maigret et les enquêteurs d'aujourd'hui, c'est que Maigret passe la plupart de son temps à attendre là où d'autres passeraient leur temps à courir. Maigret, c'est le temps qui passe sur les choses et les gens. C'est la sagesse d'un homme qui écoute parler les suspects, qui les regarde agir et qui répond toujours à ceux qui lui demandent ce qu'il en pense : "Oh moi, je ne pense rien !". Maigret, c'est l'homme juste et à juste titre l'homme respecté. Maigret, enfin, c'est aussi une époque avec ce qu'elle a de bon et de moins bon mais Simenon l'évoque avec une poésie capable d'éveiller une forme de nostalgie même chez celles et ceux qui ne l'ont pas connue.

Délicate enquête. "Même mort, il faut que celui-là nous em… !" Dixit le ministre de l'intérieur. Prévenu par le préfet de police. Qui le tient du chef de la PJ. Suite à l'appel de Maigret, pour lui annoncer qu'il y a avait un petit problème. Trois fois rien, un meurtre. Classique au quai des orfèvres... Mais là, c'est celui d'André Delteil, sulfureux député, retrouvé assassiné dans une malle déposée à la consigne de la gare du Nord... "Rien de spécial ? Si. Çà pue !" L'enquête ? Oui. Non... Enfin, le corps dans la malle, bien faisandé selon Lucas. Par contre, ce qui gêne le plus Jules n'est pas tant le cadavre, mais plutôt que l'entourage du commissaire soit concerné. Car l'intrigue part du vol d'un revolver chez lui, Mme Maigret ayant le dos tourné... subtilisé par le fils du suspect, Lagrange... un ami d'enfance du Dr Pardon, chez qui le couple Maigret à l'habitude d'aller diner une fois par mois... Çà en fait beaucoup des coïncidences... Certes, il en découle pas mal d'animation en début de roman. Certes, le commissaire nous dépayse avec ce voyage à Londres, où l'on retrouve une vieille connaissance, Pyke. Mais dans l'ensemble, c'est une enquête assez pantouflarde, où notre bon Jules est pris d'affection pour le jeune homme qui est passé chez lui avant de disparaître, au détriment d'investigations vraiment laissées au second plan. (plus d'avis sur PP)

Une enquête de Maigret qui commence par un drôle de truc : il se fait voler son arme chez lui ! De là, il va commencer une enquête parisienne sur le terrain, qui va le conduire même à Londres ! Amusant de le voir tout gêné quand il n'est pas dans son élément... Un épisode où Maigret est très humain, l'enquête est bien rythmée, bon opus !