Le Silence de la ville blanche : Le livre de Eva Garcia Saenz de Urturi

Quand on pense au pays basque espagnol, pour ce qui est des villes, on pense de suite à Saint-Sébastien et Bilbao. Mais la capitale de la région n'est pas l'une de ces deux métropoles côtières mais une ville beaucoup moins connue : Vitoria (Gasteiz de son nom basque). Et c'est ça qu'a lieu l'intrigue de ce thriller. Hormis le cadre de cette ville, qui est relativement moins renommée que d'autres grandes villes espagnoles et même basques, ça n'a a priori pas l'air d'être d'une grande originalité lorsqu'on lit le quatrième de couverture. Mais qu'est-ce que c'est bon ! En plein coeur du centre historique de Vitoria, un couple est retrouvé sauvagement assassiné, avec mise en scène : les deux corps nus avec des abeilles dans la bouche, et placés de manière à ce qu'on aie l'impression qu'ils se caressent la joue. Cela rappelle un crime qui avait secoué la ville vingt ans auparavant et dont l'auteur est emprisonné pour ces faits mais s'apprête à être libéré. Meurtre téléguidé de sa cellule ? Copycat ? Autre raison ? L’inspecteur Unai Lopez de Ayala, surnommé Kraken, va mener l'enquête au comble de l'horreur... Parce que des meurtres similaires ne vont pas tarder à se reproduire. C'est remarquablement bien écrit et bien ficelé, avec des puzzles dont les morceaux sont l'occasion de voyager dans le temps, l'énigme ayant des clés de nombreuses décennies auparavant. L'histoire de la ville de Vitoria et de la province basque de l'Alava (bien différente des provinces de la Biscaye et du Gipuzkoa sur la côte) est également bien mise en valeur, la ville étant presque un personnage à part entière. Alors parfois, c'est vrai que les potentiomètres sont poussés un peu trop à fond, que les ficelles sont un peu grosses, les personnages parfois un peu caricaturaux... Mais au final, c'est tellement bon qu'on passe outre ! Parce que l'intrigue est très bien conçue, que le style de l'auteure est très agréable, qu'on y prend vraiment plaisir et qu'on arrive au bout des 500 pages très rapidement. J'ai pris un énorme plaisir à la lecture de ce thriller. Et par chance, c'est le premier tome d'une série où je n'ai qu'une envie : y replonger !