Le Silence de la ville blanche : Le livre de Eva Garcia Saenz de Urturi

J'aime le personnage central de l'histoire. Sa relation avec son grand-père. J'aime les non-dits dans l'histoire. J'ai apprécié aussi écouter et découvrir les chansons citées dans le roman. C'était le deuxième livre que je lisais de cette autrice et j'ai pris autant de plaisir qu'avec l'autre. La façon dont sont traités les personnages les rend attachants, y compris les personnages secondaires. On se sent facilement projeté dans le décor.

Je pense ne pas être la seule à avoir deviné très tôt qui était le tueur, mais ça ne m’a absolument pas dérangée. Au contraire, j’avais quand même envie de découvrir son histoire, sa véritable identité et surtout ses motivations. Tout n’est pas parfait : j’ai eu quelques passages qui m’ont fait grincer des dents, et comme toujours, la romance m’a agacée. Mais dans l’ensemble, c’est un bon livre. On se laisse embarquer facilement, la lecture est fluide, rapide, engageante et divertissante : on a envie d’avancer et de tourner les pages pour en savoir toujours plus. Et puis, l’environnement cher à l’autrice est magnifiquement rendu. Elle sait transmettre son attachement à ces lieux, au point qu’on a l’impression d’y être. Résultat : je lirai les autres enquêtes avec plaisir.

Un thriller très bien construit avec suffisamment de matière contextuelle pour attiser ma curiosité. Ici, la culture basque, et les rites ancestraux sont très présents et cela m'a emballé. Les retournements bien sentis tombent à point nommé, et les personnages sont à la fois complexes attachants et donnent envie de les suivre. Un serial killer tout droit sorti de l'enfer, un profiler sur la brèche, une histoire d'amour impossible qui nous fait vibrer, une enquête tortueuse, un final des plus angoissant, la recette est éculée mais quand c'est bien fait, cela se lit avec grand plaisir.

Deux corps nus sont retrouvés dans la crypte d’une cathédrale. Un garçon et une fille, les mains posées sur les joues l’un de l’autre alors qu’ils ne se connaissent pas. Cette mise en scène est identique à celle de meurtres perpétrés vingt ans plus tôt et dont le coupable, Tasio, est toujours en prison. Qui, vingt ans plus tard, poursuit cette série de meurtres ? Tasio les pilote-t-il depuis sa cellule ? Ou son frère jumeau, ex-inspecteur qui l’avait arrêté ? Une intrigue hautement addictive avec des personnages consistants que ce soit Kraken, l’inspecteur blessé par la vie, profondément humain et juste ou le tueur diablement intelligent et organisé, et un ancrage marqué avec cette ville basque espagnole, Vitoria, ses fêtes, ses légendes et lieux historiques. Les meurtres rituels se succèdent dans des endroits clés dans l’histoire de la ville, semant un début de psychose dans la population puisque le tueur s’en prend à des couples dont les tranches d’âge augmentent de cinq ans à chaque meurtre. Quel est le sens caché derrière ces mises en scène macabres de fleurs, de mains sur les joues et de critères d’âge et de noms typiques de la province d’Alava ? Entre fausses pistes, menace tangible sur la ville et des retours au début des années 70 distillant un mystère supplémentaire, on est pris dans ce suspense redoutable comme un poisson à l’hameçon, difficile de s’en échapper avant la dernière page. Avec un style et un rythme accrocheurs et un bel équilibre entre suspense et émotion, ce polar est une parfaite réussite ! Comme il est le premier tome d’une série de quatre, je vais m’empresser d’en découvrir la suite.