Le voyageur de la Toussaint : Le livre de Georges Simenon

C'est l'histoire d'un jeune homme qu'on pense naïf, qui se retrouve confronté à de la jalousie, de la vénalité, de la haine, de la manipulation. Un héritage, de l'argent, du pouvoir, des secrets bien gardés. Un bon moment de lecture.

Gilles débarque à La Rochelle après avoir perdu ses parents en Norvège. Il arrive dans la ville de ses parents et reçoit un singulier accueil. Les moindres de ses faits et gestes sont pistés par les gens du coin et il ne comprend pas bien pourquoi, jusqu'au moment où il réalise qu'il est l'héritier de son oncle, décédé il y a peu dans la ville. Le jeune homme hérite de la société de transport de cet oncle et de toute sa richesse, qui est considérable. En contrepartie il doit vivre dans la maison de l'oncle et y laisser vivre sa veuve, Colette. Le jeune homme un peu naïf à son arrivée comprend petit à petit ce qui motive chacun à lui tourner autour, et finit par saisir les opportunités, à gérer les affaires. Il parvient notamment à mettre la main sur un coffre et des documents compromettants toujours dans la même maison où il habite désormais. Et si la mort du tonton n'était pas si naturelle que cela ? Le mystère s’immisce et c'est Gilles qui décide de s'y confronter. "Le voyageur de la Toussaint" est le premier Simenon que je lis et je dois reconnaitre que le bonhomme est talentueux pour dépeindre ses personnages. Les petits compromis des uns, les travers des autres, Simenon s'applique et rend ses personnages proches de ses lecteurs, humains, jaloux. Certains passages n'ont pas très bien vieilli (le traitement des personnages féminins secondaires ou non, à de nombreuses reprises résumées/liées à un trait physique) et j'ai eu un peu de mal avec les trois points à répétition. A côté de ça on prend du plaisir à suivre ce personnage voyageur qui pose ses valises dans la ville de ses parents. Un jeune homme pas si manipulable que ça, un auteur qui articule son intrigue avec talent, des dialogues qui sonnent juste. Pas de doute, ça fonctionne.

Le jeune Gilles Mauvoisin était comme un étranger qui avait débarqué un jour d'un cargo qui sentait la morue et que, sa valise en main, un bonnet de loutre sur la tête, il avait erré sur les quais de La Rochelle. Un orphelin, une longue silhouette de deuil, de retour à La Rochelle et légataire universel de son oncle Octave, l'homme le plus puissant et les plus craint de la ville. L'irruption inattendue de ce jeune homme va bouleverser les équilibres de la bourgeoisie établie. Un "Syndicat" qui dirige la ville depuis la mort d'Octave Mauvoisin. Alors, il faut impérativement contrer les volontés de cet héritier au risque de tout perdre. Car Octave "tenait" ces bourgeois par des dossiers très compromettants. Ma première incursion chez Simenon et j'avoue avoir été séduit pas la qualité littéraire de ce roman . Au delà de l'intrigue policière, Simenon prouve qu'il est un écrivain majuscule avec style et critique sociale de grande qualité. Une oeuvre puissante qui dépeint une société bourgeoise corsetée et aux agissements malsains. La bibliographie de l'auteur est impressionnante mais je vais y revenir sans aucun doute. De la grande littérature .

Gilles Mauvoisin, tout jeune homme qui vient de perdre ses parents, débarque à La Rochelle pour y retrouver un semblant de famille avec qui il n'échangeait jamais. Il hérite d'une situation élevée et de documents compromettant un groupe de barons locaux. Un peu naïf, Gilles découvre à ses dépens la méchanceté du cœur de l'homme. On lui en veut, et il semble ne pas comprendre pourquoi. Quand il découvre le pot-aux-roses, il reprend en main son destin (et pas seulement le sien !) Simenon, c'est certes le commissaire Maigret, et c'est aussi (ou surtout) autre chose: 117 romans (appelés "romans durs") dans lesquels tout le talent de cet auteur prolifique et de génie s'exprime. On retrouve dans ce récit la plume qui sait si bien décrire les atmosphères "roman noir", une psychologie impitoyable et étoffée des personnages, le monde urbain des années 30. Simenon nous dresse un portrait fataliste d'une humanité décevante. Et comme dans les Maigret, le personnage principal adopte une attitude passive pendant les premiers chapitres; il semble un peu en retrait, témoin de l'action, avant de se révéler pleinement. Ce roman est irréprochable. Pour découvrir un "roman dur" de Simenon, Le Voyageur de la Toussaint offre un très bon aperçu.