L'énigme de Turnglass : Le livre de Gareth Rubin

J'ai passé un bon moment de lecture grâce à ce roman et à l'originalité de sa forme. L'idée est bonne et j'ai particulièrement apprécié la première histoire dont l'ambiance gothique se passe au 19ème siècle. Le récit du 20ème siècle est un peu moins prenant. J'ai toutefois adoré que les histoires et les intrigues s'imbriquent les unes aux autres. La fin est brutale et laisse encore des questions.

Une lecture en demi-teinte. Le concept de roman tête-bêche est vraiment très attrayant. Cependant la lecture n’est pas à l’image du concept. Bien que le dénouement des deux histoires est assez bien réfléchi, le récit des enquêtes n’est pas à la hauteur. Les choses vont beaucoup trop rapidement, les événements et les rebondissants s’enchaînent les uns après les autres sans trop de lien, l’ensemble a une structure un peu décousue. Ce n’était pas une mauvaise lecture, mais quand même moyen en soi.

Jusqu’il y a peu de temps, je n’avais eu l’occasion que de lire un seul livre sous la forme tête-bêche et c’était le roman « Avec elle / Sans elle » des autrices françaises, Solène Bakowski et Amélie Antoine, paru il y a déjà près de 7 ans. L’auteur anglais, Gareth Rubin offre, pour sa première œuvre traduite en français, cette forme originale (et qui a reçu une large publicité sur les réseaux sociaux). Chacune des parties se déroule alors à des périodes différentes : l’un prend place à la fin du 19ème siècle, en 1881 au Royaume-Uni, alors que la seconde se déroule en 1939 aux Etats-Unis. Mais, bien entendu, un point commun à ces deux temporalités : il s’agit de la perpétration d’un meurtre où de nombreuses questions se posent tant par la cause que pour les raisons. Une atmosphère de mystères enrobe le récit. La première partie offre un brin de fantastique qui sera, malheureusement, oublié dans la seconde. Lorsque le lecteur entreprend la lecture de celle-ci, il a l’impression de se trouver dans un roman totalement différent de la première partie. Pourtant, elles trouveront finalement à s’imbriquer l’une à l’autre pour en révéler toutes les clés. Ce qui est un peu dommage est que les ficelles sont assez flagrantes, surtout si vous êtes un grand amateur de littérature noire. Je dois relever que l’intrigue est assez lente sur une grande partie du livre et le suspens pas vraiment omniprésent. Même si cela ne m’a pas particulièrement dérangé, j’ai trouvé que c’était une lecture assez longuette. Si vous aimez l’action et les page-tuners alors vous n’êtes pas vraiment au bon endroit. Mais sortir parfois de sa zone de confort peut aussi plaire. Donc, pourquoi pas se laisser tenter ?

Dans le petit monde des thrillers historiques et des romans à énigmes, L’Énigme de Turnglass de Gareth Rubin a fait une entrée remarquée. Présenté comme une prouesse et une innovation narrative, un roman « à lire dans l’ordre que l’on veut », il promet une expérience de lecture originale, immersive, et presque ludique. Et il faut reconnaître que, sur ce point, la promesse est tenue. Le livre se compose de deux récits imbriqués : l’un se déroule à la fin du XIXe siècle, l’autre dans les années 1930. Chacun éclaire l’autre, et au fil des chapitres, les pièces du puzzle s’assemblent. Le style est efficace, les ambiances sont soignées, et l’intrigue, centrée autour d’une maison isolée, de secrets de famille et d’un crime mystérieux, coche habilement toutes les cases du genre gothique et policier. Là où l'auteur brille, c’est dans sa capacité à construire une atmosphère. L’Angleterre victorienne est décrite avec minutie, le suspense est bien dosé, et les personnages ont ce qu’il faut de zones d’ombre pour tenir en haleine. Idem pour le Hollywood des années 30. Mais malgré toutes ces qualités, une légère réserve s’impose. Si le format est indéniablement original, l’intrigue, bien que bien ficelée, n’est pas aussi vertigineuse ou renversante qu’on aurait pu l’espérer au vu de la « hype » qui entoure le livre. Celui qui attend une claque narrative en ressortira peut-être légèrement frustré. Le jeu de construction, aussi habile soit-il, finit par éclipser l’émotion. Cela dit, L’Énigme de Turnglass reste un excellent divertissement, particulièrement plaisant pour les amateurs de mystères à tiroirs. Il ne révolutionne peut-être pas le genre, mais il en offre une variation très bien exécutée.