Les âmes égarées : Le livre de Joseph O'Connor
Londres, le Dublin d'aujourd'hui, New York au XIXe siècle : deux amis se retrouvant dans un pub, une famille d'émigrants affamée, un fils enterrant un père bien aimé, des mensonges, des chansons, des métamorphoses... Des âmes, sombres, et soudain lumineuses, qui parlent de solitude, de désespoir, mais aussi de foi en l'avenir et en l'homme, d'amitié et d'amour. Essence d'une Irlande à la fois éternelle et contemporaine, les nouvelles de Joseph O'Connor incarnent les rêveurs égarés de notre monde avec une vitalité et une grâce entêtantes.
" Il y aura forcément un passage, au coin de l'une ou l'autre des nouvelles de Joseph O'Connor, où vous aurez soudain les larmes aux yeux. Ce sera inattendu. "
Libération
Traduit de l'anglais (Irlande) par Carine Chichereau
De (auteur) : Joseph O'Connor
Traduit par : Carine Chichereau
Expérience de lecture
Avis Babelio
sabine59
• Il y a 9 ans
Même s'il se teinte d'humour et de dérision, quelle tristesse infinie émane de ce recueil de nouvelles ! C'est le premier livre que je lis de cet auteur irlandais.Le point commun de tous les textes, c'est le manque, l'absence, le vide.Certaines de ces nouvelles m'ont davantage touchée que d'autres, notamment la première " The Wexford Girl", où un fils se souvient de l'été 1975, et du départ de sa mère, quittant un père désemparé.Le mélange de constatations désabusées, fatalistes et de notations, au détour d'une phrase, bouleversantes, est saisissant. J'ai beaucoup aimé aussi " Couleur octobre" et son personnage si attachant, Maureen, qui sait qu'elle va bientôt mourir mais ne l'a pas encore annoncé à sa famille.Une rencontre de hasard va lui faire un bien fou. La dernière partie du livre est particulière car elle présente des instantanés d'une même vie, celle de Cian Hanahoe, qui a noué un lien très fort mais complexe avec son père. L'Irlande est omniprésente, même quand les personnages habitent loin d'elle, comme dans " Orchard Street, à l'aube". Elle s'impose à leurs souvenirs, comme un chant lancinant, qui ne cesse de les hanter. Ces évocations de vie poignantes, dans leur vérité crue, m'ont marquée, le ton amer et tendre à la fois aussi.Il y a une grande puissance émotionnelle chez cet auteur.J'aimerais découvrir davantage son univers.
Bellonzo
• Il y a 11 ans
Une novella, je ne savais pas ce que, c'était. Ainsi est présenté le recueil de Joseph O'Connor, Les âmes égarées (titre français médiocre pour Where have you been?, moins pompeux, plus sobre, que je traduirais bien par "Qu'est-ce que t'as foutu?), sept nouvelles + une novella, nommée Un garçon bien-aimé. Si j'ai bien compris une novella serait un court roman d'une centaine de pages avec des chapitres. Appelons ça comme on veut, on s'en fiche. Joseph O'Connor a déjà été abondamment chroniqué ici que ce soit romans, Muse, Redemption Falls, Inishowen ou nouvelles, Les bons chrétiens. Il fait partie de l'invincible armada des écrivains irlandais dont je découvre toujours de nouveaux matelots. J'extrairai de ce beau recueil, où Dublin tient une place importante,ce qui m'intéresse au plus haut point, deux nouvelles qui m'ont particulièrement emballé. Deux petits nuages, qu'O'Connor définit comme une réponse à une nouvelle de Joyce, Un petit nuage, dont je ne me souviens plus mais que je vais relire, est une formidable tranche de vie sur les retrouvailles à Dublin de deux quadras, le narrateur et Eddy, mainteanant soi-disant dans le show-biz, proche de Bono et pote avec Van Morrison, et dont les enfants s'appellent Kurt et Courtney, vous voyez le genre. Addict aux substances et divorcé menant une vie agitée Eddy se moque de son ami vivant à Londres. Sauf que rien n'est vrai et qu'il vit tout à fait bourgeoisement avec son épouse enceinte d'un troisième, ce qui est finalement bien plus original mais quand le dit anticonformisme devient orthodoxie...J'ai vraiment beaucoup aimé la chute de cette nouvelle qui m'a pas mal touché. Orchard Street, à l'aube revient (c'est récurrent chez les auteurs de l'île verte) sur New York, première ville irlandaise, et la difficile insertion de ces émigrés de la fameuse famine dite des pommes de terre du XIXème Siècle. Très poignante avec la mort d'un bébé cette nouvelle symbolise très bien l'axe transatlantique, omniprésent dans cetet littérature dont je ne me lasse pas. On pense à Dickens, contemporain, car la misère à cette époque n'était pas géographiquement exclusive. La dite novella, Un garçon bien-aimé, raconte quelques années de la vie de Cian Hanahoe, divorce, déprime, du classique dans une ville de Dublin qui a beaucoup changé, avec une évocation de son père Colm d'une grande portée émotionnelle. O'Connor cite d'ailleurs Dickens, souvent incontournable bien qu' anglais. Dans cette ville moderne qu'est devenue la capitale irlandaise, entre "salons de coiffure à l'africaine et cybercafés polonais" le rock-blues de Rory Gallagher traîne toujours et à côté quelques substances gangréneuses, hélas, pas de la petite bière. Bien que la bière là-bas soit tout sauf petite.
CookieandWhite
• Il y a 11 ans
Ce livre m'a été proposé par "Masse critique". Ce recueil de nouvelles et novella décrit de façon admirable l'Irlande, celle d'hier et d'aujourd'hui et donne envie de mieux connaître ce pays et ces habitants. Il règne dans toutes ces nouvelles une atmosphère nostalgique, triste et joyeuse en même temps, certains sont mêmes très sombres, je pense à celle de la famille d'immigrants à New-York, mais certaines sont lumineuses et emplies d'espoir, comme la novella qui clôt l'ouvrage. Tous les personnages ont une histoire douloureuse mais arrivent à s'en sortir, ou pas... Le happy end n'est pas n'est pas obligatoire chez Joseph O'connor. J'ai beaucoup apprécié ce recueil qui m'a fait connaître une Irlande touchante partagée entre modernité et tradition. Je ne connaissais pas Joseph O'connor et cela me donne envie de lire d'autres oeuvres de lui. J'ai également remarqué des coquilles et des fautes de grammaire, ce qui est assez énervant.
maevedefrance
• Il y a 11 ans
Depuis Muse, nous n'avions pas de news de Joseph O'Connor, en France. Et puis, le revoici, avec, cette fois, non pas un roman, mais un recueil de nouvelles (le deuxième après Les Bons Chrétiens publié en 2010), dédié à Dermot Bogler, qui n'est pas tout à fait étranger à ce volume. Les textes ont été publiés sur divers supports, remaniés, puis enfin réunis dans ce livre, sous le titre original de Where have you been ?. Il faut lire la page des remerciements, située à la fin du recueil, avant de commencer à le lire : on y apprend notamment que "Deux petits nuages" est un écho à "Un petit nuage", nouvelle de James Joyce. On apprend aussi que Joseph O'Connor s'est amusé avec les textes antérieurs et même les chansons irlandaises qu'il fait chanter à ses personnages. Il en fait revenir certains, qui étaient dans Les Bons Chrétiens ou reprend des phrases de Muse... Il s'est aussi inspiré de la réalité, comme l'ont fait ses prédécesseurs... La majorité des nouvelles du recueil se déroulent dans l'Irlande de la crise économique, à Dublin et dans sa région. Parfois aussi avant : "The Wexford Girl", se situe en 1975 ; "Le Feu de la jeunesse" et "Orchad Steet, à l'aube" nous propulsent respectivement à Londres en 1988, lors d'un match de foot historique entre l'Irlande et l'Angleterre et à à New York en 1869. Toutes ces nouvelles néanmoins mettent en scène des hommes et des femmes tourmentés, en proie à une souffrance qui conduit parfois à la mort. La crise économique contemporaine y est pour quelque chose, évidemment, mais les crises antérieures qu'a connu l'Irlande aussi. Celle qui a vu s'expatrier les Irlandais vers les Etats-Unis et New York en particulier, très bien évoquée dans le poignant "Orchad Street, à l'aube", qui donne des frissons jusqu'à la chair de poule. Cette nouvelle est inspirée de la vie d'une famille ayant réellement existé. Dans la novella "Un garçon bien-aimé", Cian Hanahoe, qui dirige "le département des prêts immobiliers auprès d'une banque d'investissement irlandaise", démissionne après avoir passé cinq semaines en hôpital psychiatrique pour ce que son médecin excentrique nomme "un épisode". Tout cela n'a pas l'air très joyeux. Effectivement, ça ne l'est pas toujours, mais cependant O'Connor ne se morfond pas non plus dans le pathos à se pendre. Son recueil recèle également une bonne dose d'humour ! C'est même ce qui ouvre le recueil. Dans "The Wexford Girl", le narrateur, qui s'appelle Patrick (comme son père, son grand-père, son arrière grand-père et son arrière arrière grand-père), explique le "craic" préféré de son paternel : "Mon père disait que la mer ça fait du bien aux gens. Il disait que plus on se rapproche de la mer, plus on est sain d'esprit. D'après lui, c'est pour ça que les gens de Dublin sont vraiment des gens bien, dans l'ensemble. Et c'est pour ça aussi qu'ils sont tous dingues à l'intérieur des terres. Ils sont trop loin de la mer. C'est pas bon pour le cerveau." Et son père mourra de rire (du moins c'est ce qui se dit) et dans sa vie, il rêvait d'être comique. Sachez qu'en Afrique, "tu sues tellement que tu te ramènes chez toi dans une bouteille". Les pères ou du moins les hommes, sont la mémoire de la métamorphose de l'Irlande dans ce recueil. Patrick raconte la construction de la jetée de Dun Laoghaire : son arrière arrière grand-père a participé à la construction alors qu'il venait habiter dans le coin en 1848, depuis les Liberties, le quartier miséreux de Dublin. Il y a laissé sa sueur, avec tous les hommes venus extraire la roche des carrières de Dalkey. Et c'est en 1852, l'année de la construction du phare de Dun Laoghaire qu'il épousa l'arrière arrière grand-mère du narrateur. Le père du narrateur rencontra sa mère au pied du phare un jour de 1962. Plus tard, l'explosion immobilière et les bobos sont passés par là... La petite ville de la banlieue de Dublin occupe d'ailleurs une place importante dans le recueil. C'est la ville d'enfance du personnage de "Un figurant sur la photo", qui habite le Dublin de 2010; c'est là que cette même année, dans "Un garçon bien-aimé", Cian Hanahoe donne rendez-vous à sa nouvelle amie, "à l'ancien hôtel Elphin de Dun Laoghaire, transformé en pub gastronomique, avec terrasse chauffée", une manière de prendre un nouveau départ. Enfin, passé et présent se rejoignent aussi parce que les nouvelles sont pétries de références littéraires, hantées par Beckett, Joyce, Patrick Kavanagh, Synge, Sean O'Casey et j'en oublie sûrement ! Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce livre, parce que Joseph O'Connor, monument national de la littérature irlandaise est un écrivain complexe. Je me suis régalée à cette lecture. Je déplore juste une édition française pétrie de coquilles ou de faute de grammaire, à tel point que je me demande si l'éditeur ne m'a pas envoyé une version non corrigée. J'en ai trouvé quatre... ça commence à faire beaucoup !
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
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- EAN
- 9782264065889
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- Collection ou Série
- Littérature étrangère
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 336
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- Dimensions
- 178 x 109 mm
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8,60 € Poche 336 pages