Les Braises de Patagonie : Le livre de Delphine Grouès
" Valentina était au bout du monde, là où les courants des océans s'affrontent, où les glaciers torpillent les roches... "
En Patagonie, Terre de Feu où la nature se déchire, s'entrelacent deux destins. D'un côté, celui de Valentina Silva, l'une des premières femmes médecin dans le Chili des années 1950, appelée à soigner les travailleurs des estancias alors que la répression politique gronde. De l'autre, celui de Luis Echerrin, un jeune Havrais, fils d'un disparu de la dictature de Pinochet et d'une exilée, qui part en 1998 à la recherche de ses racines, dans l'espoir de déchiffrer les silences de sa mère.
Valentina se confronte aux obstacles jalonnant la route d'une femme indépendante et aux méandres d'un amour naissant pour un inconnu. Luis s'initie à la culture des gauchos en retraçant peu à peu l'histoire de ses parents, avant de se découvrir lui-même.
Les glaciers de la Cordillère, les fjords et la pampa tantôt les perdent, tantôt les guident, tout en témoignant de l'anéantissement d'un peuple premier, les Kawésqars, dont la mystérieuse Tcefayek est l'une des dernières survivantes, et cet anéantissement préfigure un autre massacre, irrémédiable, celui de l'environnement.
Unies dans un même élan, les vies de Luis et Valentina composent une ode à la liberté dans une nature aussi sublime qu'impitoyable.
De (auteur) : Delphine Grouès
Collection dirigée par : Emmanuelle Dugain-Delacomptée
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
Waterlyly
• Il y a 1 mois
Années 1950, Patagonie. Valentina est une pionnière. En effet, elle est l’une des premières femmes médecins. La jeune femme devra s’opposer à une multitude de regards hostiles de la part des hommes, mais elle fera aussi une rencontre mystérieuse qui l’a bouleversera. 1998, Le Havre. Luis vient de perdre sa mère. Il n’a jamais connu son père, et il décide alors de partir sur ses traces en Patagonie. Ce roman est une réussite tant au niveau de l’intrigue qu’au niveau de la plume qui m’a conquise. Je dois pourtant avouer avoir mis un petit temps avant de rentrer pleinement dans le récit, mais une fois que cela a été chose faite, je me suis laissée emporter par des paysages sublimes, et les personnages forts et remarquablement esquissés qui portent l’histoire. D’emblée, les deux personnages principaux m’ont terriblement touchée. Évoluant chacun à une période temporelle différente, ils sont tous les deux très bien dessinés. Le personnage de Valentina est fort et j’ai été admirative de son courage. Celui de Luis est incroyablement touchant dans la quête de ses racines. Mais ce roman, c’est aussi une invitation au voyage. En effet, l’auteure a réussi à m’immerger complètement dans un décor de toute beauté. Elle décrit les paysages de Patagonie avec beaucoup de réalisme et de précision. La plume de l’auteure m’a énormément plu. Avec un style poétique, elle égrène une intrigue faite de secrets, de quêtes, au milieu d’un paysage somptueux. Les petits chapitres permettent de rythmer l’histoire. Le schéma narratif alterne les passages qui nous narrent le quotidien de Valentina, avec ceux de Luis. Un roman dense, servi par une plume de toute beauté. À découvrir.
Virginilit
• Il y a 2 mois
Les braises de Patagonie est une immersion sensorielle et littéraire dans la Terre de Feu de Patagonie. Littéraire car la langue y est précise,le vocabulaire choisi ne laisse rien au hasard et les sensations sont fortes,abruptes comme cette terre. Les chemins de Valentina et de Luis, à des décennies d'intervalles,sur fond de dictature chilienne sont émouvantes,profondément humaines et terriennes. La situation écologiquement historique n'est pas en reste et ce texte en est puissamment beau.
soniamanaa
• Il y a 2 mois
J'ai convoqué Coloane et Chatwin pour leurs évocations patagonnes. C'était bien, mais cela ne suffisait pas. Alors j'ai aussi invoqué Neruda et Gabriela Mistral, ces poètes des steppes et de la pampa chiliennes. Cela ne suffisait toujours pas. J'ai compris qu'il me fallait convoquer les Mapuches, les Tehuelches, les Kawesqars, les Yagans, peuples premiers et racines de ce pays de verticalité, sur les planisphères comme le long des parois de sa Cordillère. Las! Je n'y arrivais toujours pas... J'ai donc invité les baleines les condors, les pumas, lions de mer et autres Hued-Hueds, tous témoins silencieux de la folie des hommes. C'etait mieux. Mais seul le Williwaw, ce vent fuegien qui souffle à plus de 300 km/heure dans le Detroit de Magellan peut rendre justice aux émotions qui m'ont traversées pendant toute la lecture de ce roman. Il me fallait bien tout ces partenaires pour dire la beauté d'une écriture qui fait écho à la beauté des lieux, à la beauté des âmes de personnages jetés en pâture à une violence qui n'a d'égale que la force tellurique d'une terre inouïe Manifeste écologique? Oui. Sûrement. Pamphlet contre la folie des marchands qui après avoir décimé les hommes, dépècent terre et mer? Aussi. Hymne à la liberté pour une région du monde qui louvoie entre coups d'états et dictateurs sous le regard bienveillant de son voisin du Nord? Aussi. Certainement. Ce livre embrasse les époques, les lieux, la cruauté des uns, la sagesse des autres avec une prose virtuose, émouvante, ensorcelante. Un véritable coup de cœur que ces braises non éteintes venues du bout du monde.
Michel69004
• Il y a 2 mois
Delphine Grouès nous saisit au collet pour ne plus nous lâcher, dans ce récit épique porté par une écriture virtuose. L’époustouflante scène inaugurale, une tempête d’anthologie, donne le ton de ce flux d’écriture baroque et impitoyable. J’ai bien failli lâcher l’affaire au bout de trois pages devant tant de densité, face au vent mordant des mots qui traduisent l’excès et qui pulvérise l’attention du lecteur qui s’attendait à autre chose que cette déferlante patagonne. Une fois bien accroché à cette plume affolante, on est comme débourré et on s’engouffre à la recherche de Valentina. "Il neige. Les flocons voilent les hululements. S’endormir. Battement de coeur de la terre. Silence." Valentina est la Doctora. Dans les années 1950 au Chili. On sait qu’elle est originaire du Maule, une région andine au sud de Santiago. Qu’elle est l’une des premières femmes médecins appelée à soigner les travailleurs des grandes propriétés de Patagonie. Qu’elle est respectée. Qu’elle est farouchement indépendante. Et qu’elle a quarante ans. Armé de Google Maps, de ChatGPT et du Le Robert, le lecteur peut relativement sereinement accompagner notre héroïne jusqu’en Terre de Feu où son destin l’attend. Le destin a de beaux yeux verts, on fait d’ailleurs sa connaissance assez tôt. Mais il est redoublé par un étrange personnage, une vielle indienne Kaswésqar un peu sorcière, répondant au doux nom de Tcefayek. Parmi les peuples premiers de Patagonie (ils ont tous disparus, massacrés impitoyablement par les colons ou l’armées, à différentes époques) les Kaswèqar sont des nomades voguant de fjord en fjord sur des canoës de bois de cogüe, plongeant dans l’eau glacés pour cueillir les coquillages. L’indienne aime chantonner : "Mais seul le vent aurait su accompagner ce thrène dolent" Laissons Valentina chevaucher à travers le parc Torrès del Paine, arriver à Puerto Natales puis traverser le détroit de Magellan. Laissons la soigner, recoudre, amputer, aimer. Laissons la affronter le williwaw, ce vent qui s’abat dans la mer à plus de 300 kilomètre-heure. Laissons-la. La France de Zizou vient de remporter la coupe du monde. Nous sommes au Havre. Luis vient d’enterrer sa mère. Il n’a que vingt-quatre ans et est orphelin. Il n’a jamais connu son père. Chez le notaire il va faire deux découvertes qui vont bouleverser sa vie. Il sait bien que sa mère est d’origine chilienne mais il découvre qu’il a eu un père, "détenu-disparu"pendant les années Pinochet. Et le père de Luis ne se nomme pas tout à fait comme lui. Évidemment Luis plaque tout (sa vie d’étudiant en particulier) pour aller à la recherche de ses racines, dans l’espoir de déchiffrer les silences de sa mère. Delphine Grouès entrelace les deux fils narratifs avec brio. Les chapitres portent aléatoirement les aventures de Valentina et Luis. Le lecteur n’est pas idiot, il comprend assez vite que ces histoires-là vont se télescoper. En revanche, ce à quoi il ne s’attendait pas, c’est que pour savourer ce récit, il lui faudra enfourcher un style qui épouse les forces telluriques. La nature féroce (mais sublime) est malmenée par la cupidité des colonisateurs. Mais l’âme des peuples premiers va relier à tout jamais Luis et Valentina. Le lecteur, privé de livres pendant quelques semaines, tangue un peu. "Les braises crépitent au soleil levant. Les vagues se prosternent. Le vent écoute. Résonne alors le chant terrestre, l’hymne des ultimes espérances" Les peuples Selk’nam, Hauch, Tehuelche, Aónikenk, Yagans et Kaswéqar sont aujourd’hui éradiqués des terres et des mémoires. Ce livre leur rend un hommage vibrant qui iodle comme une brise glaciale et fissure le silence des fjords et des glaciers. On adorera ou on restera de marbre. On considèrera qu’il s’agit d’un ode sublime à la liberté ou un texte boursouflé par le style ampoulé. Le lecteur n’a pas encore tranché. D'ailleurs, il ne le fera pas. Il s’est laissé emporté par le grondement de la terre qui cisaille le vent.
Avis des membres
Fiche technique du livre
-
- Genres
- Romans , Roman Français
-
- EAN
- 9782749181806
-
- Collection ou Série
- Les Passe-murailles
-
- Format
- Grand format
-
- Nombre de pages
- 256
-
- Dimensions
- 201 x 126 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
20,90 € Grand format 256 pages