Les essais : Le livre de Montaigne, Marie-Madeleine Fragonard
Édition présentée et commentée par Marie-Madeleine Fragonard, professeur de littérature française à l'université de la Sorbonne Nouvelle (Paris III)
Personne, avant lui, n'y avait pensé. Se chercher, visiter, explorer le pays le plus proche et le plus mystérieux : soi-même. En " s'essayant " ainsi, Montaigne découvre un homme nonchalant et rêveur qui doute, agit, rêve, s'amuse. Ce voyageur, ce diplomate, ce soldat, dans l'intimité de sa " librairie " périgourdine, trouve le secret de " l'humaine condition ". Il nous crée, nous révèle notre intelligence, notre destin, notre âme. Il invente le goût du plaisir, de la liberté et de la sagesse.
Grâce à lui – sans doute le premier homme libre qui ait paru en Occident – nous pouvons vivre, aimer, nous connaître un peu mieux.
Lire avec les textes choisis et la préface
Comprendre avec Les clés de l'œuvre
42 pages pour aller à l'essentiel
88 pages pour approfondir
De (auteur) : Montaigne, Marie-Madeleine Fragonard
Expérience de lecture
Avis Babelio
RamonPerez
• Il y a 1 semaine
C'est parce que chaque homme contient toutes l'humanité que Michel, en se racontant, parle de nous. En vieux français, mais drôlement bien. Il se sert de ses lectures et expériences pour étayer ses divagations... C'est parce que son esprit partait dans tous les sens qu'il a décidé de le coucher sur le papier : pour lui faire honte... Merci à lui. C'est drôle autant que ça instruit.
Marti94
• Il y a 1 mois
Michel de Montaigne ne faisait pas de manière et disait franchement ce qu'il pensait, la preuve est dans "Les essais" recueil de textes célèbres aussi vivants que variés. L'auteur de la renaissance prône les valeurs humaines et cherche à comprendre comment fonctionne l'humanité. Il est en cela passionnant quand il évoque la culture, la politique, la religion, l'histoire mais aussi sa vie intime, sans fard. "Les Essais" publiés vers 1580 en trois tomes assez volumineux ne peut pas être résumé car Montaigne s'essaie à réfléchir sur un tas de sujets de nature différentes qui justifient de nombreux chapitres. Si l'homme engagé qui a été Maire de Bordeaux montre son érudition en citant les philosophes grecs notamment Socrate et Platon il évoque aussi des sujets très concrets. Le Tome 1 est probablement le plus célèbre puisqu'il aborde entre autres les thèmes de l'amitié et de l'éducation. Il faut dire que Montaigne plaçait très haut l'amitié, celle de la Boétie au sujet duquel il a écrit "Parce que c'était lui, parce que c'était moi". Et quand je pense qu'au 16ème siècle il disait que les enfants devaient avoir la tête bien faite plutôt que bien pleine, je suis admirative. Dans le Tome 2 j'ai noté plus précisément sa description de la mort comme un plongeon dans le sommeil. Montaigne réussit à décrire l'état des corps vivants et morts sans pudeur et je comprends le caractère scandaleux pour l'époque. Mais rien de morbide dans ses propos car déjà il montre son caractère épicurien en écrivant "Me porter bien et vivre est toute ma science". Enfin, dans le Tome 3 j'ai apprécié son fameux chapitre sur les trois commerces dans lequel il juge les livres plus profitables dans la vie que l'amour ou l'amitié. C'est placer vraiment haut la littérature ce qui ne l'empêche pas d'aimer aussi discuter pour avoir des contradicteurs, bénéfiques pour alimenter sa réflexion (il parle de limer notre cervelle contre celle d'autrui). Et puis, je me dois d'évoquer ses propos avec lesquels je m'accorde sur l'honorable vieillesse, les vieux connaissant la valeur du temps ont l'âge des loisirs et de la liberté. Voilà des textes plaisants à lire, parfois sérieux souvent profonds. Certes je n'ai pas lu les 1400 pages d'une seule traite car cela fait un moment déjà que je pioche dans cet ouvrage qui n'est pas difficile à lire contrairement aux apparences surtout dans la traduction supervisée par André Lanly pour la collection Quarto de Gallimard. J'ai pris plaisir aussi à recontextualiser des citations apprises au lycée, ma préférée étant "Sciences sans conscience n'est que ruine de l'âme" car en posant son regard sur le monde, Michel de Montaigne enseigne que la philosophie est formatrice des jugements et des mœurs.
david19721976
• Il y a 3 mois
Depuis longtemps et ceci grâce à ma mère, je me suis forgée mon Montaigne à moi, en écoutant au départ la chanson de Georges Brassens: Les copainsd'abord, grand admirateur de Montaigne et la Boétie. Dans tous les cas, au fil des ans depuis mes quatorze ans j'y ai puisé quelques réflexions personnelles dans ces essais volumineux qui trônaient dessus une étagère de la bibliothèque familiale bien avant qu'ils ne soient cités par un éminent professeur lors de mon parcours scolaire, sans rien apporté de plus à qui m'a été enseigné par ma chère maman. En puisant dans les Essais, comme on fait pour la Bible, j'ai découvert comment lutter contre les désordres, dans les chapitres 19 et 20 à combattre la crainte, la mort et le suicide considéré par Montaigne comme un acte héroïque... Dans le second livre , Montaigne revient sur le mépris de la mort, bien que ses préférences vont aux livres qui l'instruisent à bien vivre et à bien mourir... Dans le 3ème, Montaigne dans le chapitre 3, traite de trois commerces par une conversation libre et familière, l'autre avec les femmes par l'amour. Le chapitre 5 sur des vers de Virgile Montaigne fait des remarques sur les anciens écrivains et sur son propre style. Le 9ème chapitre traite de la vanité à dégager des profits tirés de ses voyages. Ensuite viennent les derniers chapitres: ménager sa volonté sur les enseignements tirés de sa vie d'homme public. Le 12 ème chapitre, Montaigne dépeint son existence menacée et résignée, pendant les troubles religieux, il résume les principes de sa sagesse, et mesure son équilibre entre les plaisirs du corps et les joies de l'esprit, la patience dans les moments difficiles, l'acceptation de sa vie telle qu'elle est, avec l'aide amicale et intellectuelle entretenue avec madame de Gournay qui s'efforça de faire un tri définitif afin d'en extirper l'essentiel pour les éditer après la mort de Montaigne.
Vinnie_Twopens
• Il y a 6 mois
Lire les Essais de Montaigne, c'est un peu comme se préparer à gravir un sommet ardu ou démarrer une course au long cours. J'ai pris ça comme un challenge de plonger dans la pensée de ce philosophe et moraliste français du XVIème siècle cité par tant d'auteurs contemporains et cela m'aura pris environ un mois et demi. Son œuvre principale publiée en 1580 est celle-ci et compte trois tomes divisés en 107 chapitres. Elle existe en diverses éditions et dans mon cas j'ai pioché une brique de l'intégrale de 800 pages actualisée en Français moderne. Il n'en faut pas moins s'accrocher au style assez lourd, aux phrases à rallonges et aux nombreuses digressions. J'avoue m'être souvent perdu dans ces longs soliloques, comme si j'avançais à pas lents dans une sombre jungle inextricable. Mais heureusement de temps en temps des clairières apportaient une lumière sur divers traits de ses démonstrations et menaient à une réelle réflexion personnelle. Biberonné aux philosophes et poètes de l'Antiquité qu'il cite allégrement comme Cicéron, Sénèque, Plutarque, Horace, Lucrèce, Aristote, Socrate ... il tente pourtant d'exposer sa propre vision des choses. Il annonce dès le départ qu'il ne se pose pas en tant maître à penser, mais plutôt comme un compagnon de conversations avec son lectorat. Il faut dire qu'on peut remarquer une certaine évolution de sa pensée au fil du trio de livres écrits sur une durée de vingt années. On ne lui portera donc pas rigueur de certaines de ses contradictions qui se dessinent au grés de sa rhétorique. Cela aurait même tendance à montrer sa propre humanité. Il clame qu'il aime les joutes verbales et préfère les gens qui ne sont pas d'accord avec lui. " Je cherche à la vérité plus la fréquentation de ceux qui me gourment que de ceux qui me craignent. C'est un plaisir fade et nuisible d'avoir affaire à gens qui nous admirent et fassent place". Il aborde dans le désordre les sujets les plus divers comme la mort, l'éducation, le temps, la vertu, la cruauté, l'âme, etc et différents témoignages de son époque. De tout temps l'Homme a débattu sur son passage au trépas et a développé diverses angoisses auxquelles il tente d'apporter un apaisement. Pour ce qui est de l'éducation, il prône un apprentissage moral et pratique qui ne s'encombre pas de théorie scientifique à outrance qui serait comme une bibliothèque de l'âme qu'on remplit d'une inepte collectionnite, mais d'un distillat qui nous serait utile à la vie de tous les jours. Il condamne le racisme de certains pour les "sauvages du nouveau monde" qui seraient finalement moins "sauvages" que certaines de nos pratiques de torture européennes. Le plus long chapitre s'appelle "Apologie de Raymond Sebon" et tourne autour des religions et différentes philosophies antiques qu'il nome sectes. Il est difficile de se forger vraiment une opinion de sa position théologique si ce n'est qu'il reconnaît l'existence de Dieu comme base de tout. Mais sans oser trop se mouiller il est plus volontiers critique de la morale antique que des dogmes du catholicisme/protestantisme contemporain. Pourtant on sent sa profonde admiration pour ces penseurs anciens mais souligne toutefois les nombreuses joutes philosophiques qui ont défié le temps. Comment peut-on vraiment s'y fier tant elles sont contradictoires et changeantes même chez certains théoriciens? Il rappelle la propension à la versatilité de l'esprit humain et renchérit que seul dieu est réellement immuable. Les chapitres évoquent des thèmes relatifs aux vices et à la vertu des humains, se livrant de bon gré à des confidences sur sa personnalité ce qui fait comme l'annonce la préface, qu'au fil des pages on finit par avoir l'impression de connaitre un bon ami. Il parle aussi de son ami Etienne de la Boétie qui rappelons le est l'auteur du très avant-gardiste "Discours de la servitude volontaire" que je ne peux que conseiller ! Vers la fin du deuxième livre il y'a toute une tirade sur la Médecine qu'il examine au fil des siècles et des nombreuses contradictions et aberrations qu'elle a pu colporter et tire la conclusion qu'elle est à fuir. Dans le troisième livre qui ramène vraiment plus à des confessions sur sa vie privée et pratique, il y a un long soliloque sur les "Femmes" qui sont d'une autre condition et n'ont pas vraiment de considération. Elle sont justes bonnes à la fermer et encaisser les désirs des hommes en gros. Mais tout cela est encore une fois à remettre dans son contexte... En tous cas on peut déplorer le peu d'évolution dans l'égalité des sexes sur une période qui a cours sur près de deux millénaires. Il conclut quand même que cette misogynie est plus culturelle que naturelle. Ce qui m'a le plus dérangé ce sont les trop nombreuses interprétations d'histoires antérieures de plus d'un millénaires et demi. Comme si il y avait eu un désert de la Pensée entre l'Antiquité et la Renaissance. C'est comme s'il construisait toute sa pensée uniquement d'après des interprétations des grandes pages historiques et philosophiques de l'Antiquité. Chose qu'il condamne lui même: "Il y a plus à faire à interpréter les interprétations qu'à interpréter les choses, et plus de livres sur les livres que sur autre sujet : nous ne faisons que nous entre gloser." Il a savamment réussi à s'attirer les sympathies de courants parfois antinomiques de son temps et bien après; son influence sur la philosophie moderne sont indéniables. Content d'être arrivé au bout, bien que j'aie plusieurs fois été tenté d'abandonner, de pouvoir ajouter à mon palmarès ce monument. J'aurais peut-être du diluer la lecture pour la rendre plus digeste et faisant des pauses. Ici je ne me suis octroyé des pauses qu'entre les livres. Chose tout à fait arbitraire, car il n'y a aucune suite logique entre les chapitres.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782266196031
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- Collection ou Série
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 544
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- Dimensions
- 179 x 110 mm
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6,40 € Poche 544 pages