Les Trois Épouses de Blake Nelson : Le livre de Cate Quinn

Blake Nelson a été retrouvé mort dans des circonstances étranges, et très vite, la décision d’interroger sa femme semble évidente. Mais Blake était polygame et avait trois épouses : Rachel, Tina et Emilie. Rachel est la première épouse, tandis que Tina et Emilie sont considérées comme des sœurs-épouses. Leur entente est loin d’être idéale, mais auraient-elles pu s’accorder pour se débarrasser de leur mari#8201;? Et d’ailleurs, ce mari méritait-il de mourir#8201;? C’est ce que je vais découvrir tout au long de cette écoute. Le roman est écrit à la première personne, et les points de vue alternent, offrant une immersion totale. Je craignais de mélanger les personnages, mais très vite, leurs différences de personnalité s’imposent, et on sait exactement qui nous parle à chaque instant. Rachel, la première épouse, est réservée et organisée : c’est elle qui mène la maison. Tina, plus extravertie, a connu plusieurs vies avant d’épouser Blake, tandis qu’Emilie, tout en timidité, semble être la plus effacée des trois. Au fil de l’écoute, je découvre qui sont ces femmes, et peu à peu, elles deviennent bien plus humaines et complexes que ce que leur religion voudrait faire croire. Une écoute entraînante et touchante. Bien sûr, j’ai voulu savoir qui avait tué Blake Nelson, mais plus le temps passait, plus la découverte de Rachel, Tina et Emilie devenait primordiale. Peu importe ce que je pense de la religion ou de la polygamie : ici, il est avant tout question d’un homme abusant de la faiblesse d’autrui. Et ça, rien ne l’autorise.

Il y a Rachel, la première épouse, qui fait des bocaux dans un des hangars du Ranch. Il y a Emily, la seconde épouse, appelée soeur-épouse, avec ses grands yeux perdus et fan de la série « Cagney et Lacey ». Il y a Tina, la troisième soeur-épouse, ex-droguée de Las Vegas qui travaille dans une agence immobilière. Il y a avait le mari, Blake, décédé de façon étrange au bord du ruisseau où il péchait. J’ai aimé découvrir Blake petit à petit : le mari gentil qui cache un adepte de la strangulation, qui gagnait peu d’argent, avait des grandes phases de grands projets puis des moments d’abattements. J’ai aimé découvrir, au fil de leurs pensées, les trois épouses recueillies par Blake, qui se détestent et se soupçonnent tour à tour. J’ai aimé que les chapitres alternent, leur laissant la parole sur un même événement. J’ai aimé le premier huis-clos entre femmes : chaque épouse dans une salle et l’agente Brewer qui passe de l’une à l’autre. J’ai mois apprécié la Maison, la secte dans laquelle a grandit Rachel et dont elle se souvient par flash, la pauvreté et la faim qui y régnaient. J’ai découvert un peu de la religion Mormone : les fidèles reçoivent leurs sous-vêtements du Temple lors de leur mariage, qu’ils ne devront jamais quitter ; l’expiation des pêchers par le sang, ce qui explique la présence de pelotons d’exécution dans l’Utah. J’ai été éblouie avec les trois épouses devant la magnificence du temple mormon de Salt Lake City. J’ai souri chaque fois que Rachel faisait des bocaux ou se rendait au supermarché Deseret pour tout acheter en gros conditionnements. J’ai détesté le pasteur Young chef de la paroisse qui ferme les yeux sur le mariage polygame et considère les femmes comme des servantes. J’ai souri chaque fois qu’une coiffure en toupet, signe de ralliement des femmes mormones, faisait son apparition dans le récit. J’ai adoré ne pas découvrir qui était l’assassin. Quelques citations : La région autour de Salt Lake City est connue pour ses taux élevés de consanguinité, de polygamie et pour ses zones de non-droit. L’Etat tient à mettre fin à tout ça. (p.166) C’est à la mode, de nos jours, de blâmer les hommes pour les situations que les femmes génèrent. C’est sans doute très tentant de jouer les victimes, de ne jamais assumer la responsabilité de ses actes. Mais le mariage, ça va dans les deux sens, et dans les mariages réussis, les femmes accueillent leur mari en ouvrant leur coeur. (p.245) L’image que je retiendrai : Celle de l’autoclave qui sert à Rachel à faire ses centaines de bocaux, et qui lui sauvera la vie.

Découverte de l'univers des mormons .. histoire policière assez sordide que l'on suit à travers le récit des trois épouses de la victime... comment ces trois femmes de personnalités très différentes peuvent-elles cohabiter avec un époux commun? Tensions très fortes par moment et parfois une certaine complicité.. mais le dénouement nous ramène à la toute puissance maternelle...

Plongée au cœur de l'Utah, dans un univers aussi fascinant qu'inquiétant, Les Trois épouses de Blake Nelson nous offre une immersion dans un monde que l'on croit connaître sans en saisir toutes les nuances. La polygamie, les croyances mormones et leurs dérives se mêlent ici à une intrigue policière captivante. Blake Nelson, mormon dissident, est retrouvé mort dans le désert. L'enquête se concentre rapidement sur ses trois épouses, Rachel, Tina et Emily, chacune ayant des raisons de lui en vouloir. Mais qui, parmi elles, est passée à l'acte ? Le roman nous présente trois portraits de femmes puissants et bouleversants. Rachel, la première épouse, est celle qui incarne le plus les principes de leur communauté, tout en subissant la violence de Blake. Tina, ancienne prostituée, a trouvé dans cette famille atypique une forme de stabilité. Emily, la plus jeune et la plus idéaliste, croyait à la promesse d'un foyer harmonieux. Mais leur union, dictée par la religion et l'autoritarisme de Blake, se fissure au fil du récit. Ce polar psychologique ne se contente pas de suivre une enquête. Il dévoile les rouages d'une société fermée où le poids des dogmes religieux et l'oppression de ses membres et surtout des femmes sont omniprésents. La frontière entre secte et foi y est explorée avec justesse, rappelant que certaines croyances peuvent basculer dans l'extrémisme. Au fil des pages, Cate Quinn nous plonge dans un suspense haletant, rythmé par les voix des trois femmes. La construction narrative, alternant les points de vue, permet d'approfondir leurs psychologies et d'accentuer la tension dramatique. L'auteure dresse ainsi un portrait sans concession de ces vies sous emprise, tout en offrant un thriller redoutable. J'ai découvert cet univers à travers le documentaire Crime et trahison chez les mormons, qui met en lumière comment la frustration et la privation peuvent pousser un disciple à contourner les lois de son église. Ce documentaire retrace l’histoire d’un faussaire talentueux qui, en jouant avec les dogmes et les attentes de sa communauté, a réussi à ébranler une institution rigide et convaincue de son infaillibilité. Il illustre parfaitement la fine frontière entre croyance et manipulation, un thème central également présent dans le roman de Cate Quinn.