L'invité(e) de trop : Le livre de Lucy Foley

On ouvre le roman comme on reçoit un carton d invitation. Et étrangement, comme lors d une cérémonie de mariage ,on peut se trouver , avec peu de repères ,notamment si on fait parti des "pièces rapportées ". Le décor fait l objet de descriptions nous permettant de nous situer, là sur une île aux airs de bout du monde ,malmenée par le climat irlandais. Ce flou et ce besoin de repères perdurent un petit temps. En effet, l auteure essaie de nous embarquer dans la description de nombreux invités au rôle secondaire ,à travers une gymnastique cérébrale temporelle, qui au premier abord, a demandé que je force un peu pour m accrocher. Je l avoue , c est un peu long, mais ressemble , en même temps ,fortement au temps de flottement lors d un mariage auquel on est invité et où on ne connaît personne. L invitée de trop. Puis...ça prend. Et l intrigue se joue. On maîtrise et on reconnaît quasiment chacun et on passe la seconde où le huis clos s abat sur nous comme si nous étions coincés avec les invités sur l île. Je vous rassure (ou pas ) l aspect du huis clos ,lorsque l intrigue débute, est néanmoins aéré car ponctué par l aspect folâtre de la fête. On rebondit alors de twist en révélation à grande vitesse jusqu'au retournement final. En définitive. Des longueurs et de l incertitude au depart . Mais, il faut etre patient ,le jeu en vaut la chandelle.

Julia, riche et ambitieuse, va épouser le beau Will héros d’une émission télévisée de survie. Elle s’inquiète d’avoir reçu une lettre anonyme la prévenant de ne pas épouser Will. Le mariage a lieu sur l’île des Cormorans dans une splendide bâtisse réaménagée par Aoife, la wedding planner et son mari, le cuisinier. Parmi les invités, il y a Olivia, la demi-sœur de Julia, Hannah, la très empathique mère de trois enfants et la bruyante bande d’amis de Will, dont son fidèle Johnno, tous sortis du collège dirigé par son propre père. Le mariage est célébré et le festin s’engouffre à force de champagne et de discours ambigus jusqu’au dessert, quand soudain on crie au meurtre. Ce roman choral est porté par cinq voix, dont chacune, sauf celle de Julia, souffre la perte d’un être cher, se ravage de culpabilité ou porte un secret pesant. Les personnages se disent, éveillant la compassion, l’admiration ou la tendresse pour chacune de ces voix qui sont comme autant de mouvements d’un concerto. Dans un décor somptueux et sauvage, avec la tempête qui s’annonce, celle de la nature comme celle de coeurs en colère, il y a un gros risque que tempête et colères ne soient meurtrières. Bien des sujets sont abordés ici, la violence décuplés par l’effet de groupe, la culpabilité qui ravage les corps et ruine tout accomplissement, la dangerosité des réseaux sociaux propres à détruire une existence, ou encore le préjudice qui appelle la vengeance Ce roman à suspense n’est pas un chef d’oeuvre littéraire mais il est fort agréable à lire et avec ses déssillements qui de personnage en personnage ouvrent les rideaux du mystère, il délasse, se fait pardonner ses facilités avant de se laisser oublier.