Malheur aux vaincus : Le livre de Gwenaël Bulteau

Pour moi c'est un livre déroutant car on ne nous a jamais appris à l'école, ou ailleurs, les bagnes militaires d'Algérie ou la mission Centre Afrique. Loin de moi l'idée que la colonisation est une affaire d'enfants de chœur. Il faut lire ce livre. C'est édifiant et ô combien nécessaire . Merci à Gwenaël Bulteau

J'avoue être assez partagé sur ce roman, très intéressant sur le plan historique, à l'intrigue plutôt bien menée, mais assez maladroit je trouve dans l'analyse psychologique des personnages et aux descriptions assez pauvres, qui ne m'ont pas fait ressentir ce qu'était alors l'Algérie coloniale. Problème sans doute : je l'ai lu juste après "Ce que le jour doit à la nuit" de Yasmina Khadra, et le contraste entre le style lyrique autant que fleuri du second et celui assez sec voire désincarné du premier n'a probablement pas joué en faveur de celui-ci... Néanmoins, cette enquête suite au massacre d'une famille de la grande bourgeoisie pied-noire permet une plongée dans la société coloniale du tout début du XX° siècle, avec une coexistence parfois conflictuelle entre des Musulmans discriminés, des Juifs intégrés et rejetés à la fois, et des Pieds-Noirs très divers, entre Alsaciens arrivant suite à la défaite de 1870 face à l'Allemagne, commerçants plus ou moins prospères, grands propriétaires terriens spectaculairement enrichis, sans oublier les nombreux militaires ayant pour mission de "pacifier" cette partie de la métropole... L'évocation de la violence de l'antisémitisme régnant alors à Alger est ainsi un des aspects que j'ai trouvé le plus réussi dans ce roman. À ce tableau socio-historique se mêle le récit rétrospectif d'une expédition coloniale vers le Tchad qui a complètement déraillé, en raison des errements des officiers la dirigeant... Ce récit discontinu constitue en fait un rappel crucial pour expliquer le massacre au départ de l'ouvrage. Et s'ajoute aussi une relation d'amour déçu entre le lieutenant chargé de l'affaire et une jeune commerçante juive, s'étend par ailleurs prise d'affection pour quelques enfants arabes abandonnés à eux-mêmes... Sur 300 pages, cela fait beaucoup, un peu trop peut-être, d'où le sentiment que j'ai eu d'un roman, certes intéressant, mais qui n'est jamais réellement parvenu à faire vivre ses personnages en leur donnant suffisamment d'épaisseur, ni à rendre vraiment attachante l'atmosphère si particulière d'Alger au début du XX° siècle...

troisième roman de Gwenaël Bulteau que je lis en l'espace de quelques mois, sans lassitude. l'auteur nous propose des récits passionnants, des bribes d'histoire que l'on a bien souvent oubliés ou partiellement retenus. Avec malheur aux vaincus, nous voilà projeté dans l'Algérie du début du 20ème siècle avec ses horreurs et sa violence. La colonisation bat son plein. L'assassinat de la famille Wandell permet de revisiter cette période trouble au moyen de personnages intéressants et si savamment dépeints. un roman passionnant que je recommande.

« […] De loin, Alger donnait l’impression d’une ville envoûtante et paisible. L’illusion était parfaite. N’importe qui aurait pu se laisser berner et croire qu’en cet endroit il faisait bon vivre. » Gwenaël Bulteau met en lumière, dans cette enquête dans l'Algérie française des années 1900, quelques sinistres et tragiques pages de l'Histoire de la Troisième République. Antisémitisme et colonialisme règnent en maître dans les pages de ce roman extrêmement bien ficelé. Il faut avoir le coeur accroché car l'immersion est garantie dans cette féroce leçon d'Histoire. Gwenaël Bulteau a su me tenir en haleine et je n'ai aucune doute sur le fait que je lirai les 2 premiers romans de cette trilogie.