Mort d'un commis voyageur : Le livre de Arthur Miller

Poche

Robert Laffont

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" Un monument théâtral de l'Amérique d'après-guerre. " France Inter

Willy Loman, la soixantaine, marié et père de deux enfants adultes, se remémore les étapes de sa vie de commis voyageur. Il s'est toujours donné avec passion à son métier mais, au seuil de la vieillesse, il constate qu'il n'est plus dans le coup. Il va alors préférer disparaître plutôt que de perdre la dignité qu'il a su préserver jusque-là.
Arthur Miller a été le témoin du drame qu'il décrit. Il s'est en effet inspiré des représentants qui travaillaient dans la fabrique de manteaux de son père. Au-delà de son talent, c'est cet accent de vérité qui donne à la pièce sa dimension universelle.
Mort d'un commis voyageur, qui a valu à Arthur Miller de remporter le prix Pulitzer, est l'une des pièces les plus jouées dans le monde depuis sa création en 1949.

De (auteur) : Arthur Miller
Traduit par : Raymond Gérome

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Gruizzli

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 6 mois

Ouf, voila une pièce de théâtre dingue ! Elle contient en essence le capitalisme moderne, la vacuité du patriarcat et la déchéance de la croyance dans le rêve américain. Je découvre Henri Miller ici, auteur dont je n'ai jamais rien lu mais que j'ai vu dans la somptueuse BD de Léonie Bischoff "Anaïs Nin". Recommençant à travailler le théâtre cette année je me suis laissé tenter par ce qui semblait être une grande pièce tragique couronnée du prix Pulitzer. Et grand bien m'en a pris, puisque j'ai été subjugué par le ton de la pièce, acide jusqu'à faire grincer des dents. C'est violent et triste, constatation amer d'une vie gâchée, d'une éducation qui s'est mal passé, de rêves qui ne sont jamais devenus réels, d'illusions sur soi, sur sa famille ... Mais aussi du capitalisme, et je n'ai pas été étonné de voir que Miller était proche des penseurs communistes de son époque. Tout le capitalisme est dans cette pièce : la violence des riches et des puissants qui vous disent qu'il suffit de travailler, le manque de solidarité, la violence reproduite sur ses enfants, les rêves d'argents (et que d'argent), la position sociétale par la place dans le système productif ... On sent que Miller est plein de compassion pour ses personnages, quand bien même ce sont des gens parfois détestable et avec lesquels je suis en profond désaccord (ce père horrible !). Il montre que tout cet échec n'est qu'un échec sociétal, celui du rêve américain et de la croyance dans la réussite. Ces personnages tous malheureux et rêvant de bonheur, croyant le toucher du bout des doigts, sont en fait le plus loin possible de celui-ci. La pièce mélange plusieurs flash-back à sa trame narrative, donnant le ton de ces voix internes qui se battent dans notre protagoniste. La mise en scène doit être particulièrement ardue mais son histoire, son ton et sa conclusion brutale, dure et triste est parfaite. Je comprend le succès que cette pièce peut encore avoir et je serais carrément intéressé pour la voir sur scène. Claire et nette, précise dans son message, elle reste en tête après lecture !

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Verteflamme

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 7 mois

Lue dans le cadre d'un club de lecture amical (comme les sorcières de Salem, que j'ai aimé), cette pièce contemporaine (du moins, de l'époque où Miller écrit) et new-yorkaise n'a pas su me captiver, ce qui est peut être dû à la lecture plutôt qu'au visionnage. Au début, je me suis un peu ennuyée, et si l'auteur critique le travail, le fait de s'épuiser sur les routes pour deux semaines de repos dans l'année, j'ai malgré tout eu du mal à voir où le dramaturge voulait en venir. Le moins qu'on puisse dire de cette pièce, c'est qu'elle est très réaliste. Les préoccupations des personnages sont pratiques et matérielles, par exemple le frigidaire en panne, avec mention de marques. L'intérieur est assez déprimant, rien ne pousse dans le jardin, la maison est assez impersonnelle. La trajectoire du personnage qui est allé dans la forêt à dix huit ans et est devenu riche à vingt-deux, et la pièce en général, me semble représenter le rêve américain, avec une certaine conception de la réussite. A ce titre, le fils du voisin (Bernard) que notre commis-voyageur traite de cloporte, se soucie de ses maths (et de ceux du fils de Willy) et de ne pas tricher à un examen national. Il n'est pas traité comme un modèle de réussite, au contraire. Réussir sa vie, c'est se faire de l'argent quitte à raconter qu'on s'en fait et se mentir. C'est faire une carrière dans une société fondée sur la comm', quitte à arpenter les routes à l'âge de soixante ans. Car montrer un homme d'âge mûr, c'est aussi faire un bilan sur ce qu'est une vie "réussie", sur s'il a su réaliser ses rêves d'enfant, et cet homme, marié à Linda et père de famille, trompe et ment. C'est un personnage plutôt "gris" dans une pièce peu manichéenne. Je l'ai trouvée intéressante et regrette d'avoir décroché par moments.

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Lutopie

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 ans

Comment raconter la vie d'un homme qui se définit par son métier, la mort d'un commis voyageur ? On expose sur la scène ni la route ni les domiciles des clients du commis, mais la maison de W. Loman, la maison qu'il entretient tant bien que mal lorsqu'il rentre chez lui, lui qui passe la majeure partie de sa vie sur les routes, une maison à plusieurs étages, avec une cuisine, une cave, un living-room, des chambres, avec cour et jardin. Une maison qui ne laisse filtrer le soleil que ponctuellement, étant mal exposée depuis qu'on a construit tout autour, des immeubles. Un jeu d'ombre et de lumière pour l'homme dont la pensée s'éclaire ou s'assombrit selon les moments de la journée. Un dispositif scénique est à mettre en place (le dramaturge propose de jouer ces moments sur l'avant-scène) pour distinguer ce qui se passe présentement et ce qui se passe dans la tête de Loman, qui a, de plus en plus souvent, des absences, paradoxalement présences puisqu'il s'adresse alors non pas au public (quoique) ni aux autres personnages mais aux fantômes de son passé. Sont représentés sur scène les regrets et les souvenirs de Loman, le passé tel qu'il se le représente, idéalisé, notamment lorsqu'on voit Loman entouré, aimé, de ses fils. Or, présentement, Loman et son fils Biff ne s'entendent plus comme dans le passé et le public ne peut que constater une fracture entre le passé et le présent. Il y a comme une fissure dans la maison, dans cette famille qui tombe en ruines. Loman passe son temps libre, lorsqu'il est chez lui, à refaire le plafond, à réparer la tuyauterie, à semer des graines qui ne germeront jamais dans leur jardin, le jardin étant devenu un terrain stérile, hostile. Loman s'active vainement, parce que c'est un homme actif, qui se donne du mal, mais en comptabilité, l'actif et le passif s'équilibrent, et Loman est proche de la retraite. Aussi est-il condamné à sombrer dans la passivité. Aussi espère-t-il que ses fils s'activent à leur tour, mais ses fils perdent leur temps à courir les filles, ou à enchaîner les petits boulots non gratifiants. Ils n'ont pas de situation, et Loman s'en inquiète, lui qui ne jure que par la stabilité bien qu'il n'ait fait que s'agiter toute sa vie. Il s'interroge et revient dans les flashback représentés sur l'avant-scène théâtrale sur les évènements qui ont fait que son fils est devenu ce qu'il est alors que la vie semblait lui sourire, que tout le monde l'adorait, l'estimait. Et il se réfugie dans ses souvenirs heureux pour ne pas voir la réalité en face. Il a enregistré en lui ses souvenirs, qu'il travaille et retravaille et s'étonne lorsqu'il rend visite au -fils du- patron et découvre cet objet : l'enregistreur, qui répète ce qui a été dit dans la famille du patron ; un accessoire qui fascine et effraie Loman, lui qui ne vit qu'en se remémorant les voix du passé, et qui se rend compte qu'avec l'enregistreur, le passé ne peut être falsifié. Loman s'affole lorsqu'il découvre cet objet car Loman est un falsificateur, un tricheur dirait son fils mais je préfère en anglais, a cheater et Loman s'avère être a lone man, un homme qui chemine seul, a low man, un homme insignifiant, diminué, qui n'est, après tout, qu'un commis voyageur.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782221264300
  • Collection ou Série
    Pavillons Poche
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    256
  • Dimensions
    183 x 124 mm

L'auteur

Arthur Miller

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9,00 € Poche 256 pages