Pensées : Le livre de Blaise Pascal
Après trois siècles de classement arbitraires, les éditions des
Pensées avaient opéré, à partir des années 1950, une progression spectaculaire grâce à la découverte des dossiers de l'écrivain dans l'état où celui-ci les avait laissés. La publication de cet état brut rendait ardue la tâche du lecteur, déconcerté par le relatif désordre des dossiers les uns par rapport aux autres. Or le texte des
Pensées contient plusieurs dizaines d'indications convergentes sur l'organisation que l'auteur prévoyait pour son ouvrage.
La présente édition obéit rigoureusement à cet ensemble d'indications. Dès lors les célèbres poèmes en prose et les notations-éclairs, de Pascal peuvent être lus dans le lumineux mouvement qui faisait parcourir successivement les quatre " fondements " d'une vision particulièrement aiguë du monde : la " Connaissance de l'homme ", la " Connaissance de Dieu ", l'éclat insurpassable des idéaux chrétiens, le mystère d'Israël au sein de l'histoire humaine et les harmonies entre prophétisme et Évangile.
De (auteur) : Blaise Pascal
Expérience de lecture
Avis Babelio
Ngc
• Il y a 4 jours
Je dois avouer que j'ai un peu de mal à rédiger cette critique des Pensées de Pascal. D'abord parce que ma lecture n'a pas été aussi plaisante ni même aussi enrichissante que ce que j'espérais, la faute à sa nature fragmentée et à la volonté de l'auteur de faire une apologie de la religion chrétienne.Revenons plus en détail sur ces deux points et sur les raisons qui font que ces caractéristiques m'ont gêné. L’œuvre de Pascal n'est en effet pas un bloc constitué de chapitres à l'unité et à la progression cohérente, cherchant à démontrer une théorie philosophique, mais bien un regroupement (ordonné différemment selon les éditions) de pensées couchées sur le papier en vue de l'écriture d'une œuvre globale postérieure mais jamais réalisée, l'auteur étant décédée avant cela. Il est d'ailleurs conseillé par certains commentateurs de Pascal de lire ces écrits dans n'importe quel ordre, des les picorer et de ne pas forcément lire l'ensemble dans l'ordre établi par les éditeurs. Chose que je n'ai pas faite. Je l'ai lu du début à la fin, continuellement, sans rien lire d'autre à côté. Un aspect peut-être à prendre en compte dans mon avis mitigé. C'est donc personnel mais j'ai besoin d'une unité dans l’œuvre philosophique que j'aborde, et l'impression d'avancer en poursuivant ma lecture, élément absent de ces Pensées de Pascal. Ensuite je ne m'attendais pas à trouver une apologie de la religion chrétienne, et si cette volonté n'est absolument pas incompatible avec mes goûts littéraires (preuve en est que je suis un grand admirateur de Dante ou de Chateaubriand pour ne citer qu''eux), elle manque ici de charme pour me conquérir et de variété dans le propos pour me satisfaire. Ces deux éléments qui m'ont un peu dérouté et refroidi quant à ma lecture ne m'ont pas empêché de savourer les éléments philosophiques qu'aborde Pascal et le fait que, avant de parler de Dieu, Pascal parle de l'homme, de la connaissance, de ce qu'est la vie avec ou sans Dieu, de l'ennui et des divertissements, de la vanité, du pouvoir ; et pour avoir ensuite écouté plusieurs émissions traitant de ces sujets, de la philosophie de Pascal, et pas seulement du fameux pari , cela s'est révélé passionnant. Mais je dois avouer que sous son aspect éclaté et sous les règlements de comptes avec les jésuites et autres, les arguments éclairants sont un peu enfouis sous l'ennui que procure une lecture assidue et continue de ces écrits. J'ai un peu honte d'avouer que j'ai pris plus de plaisir à écouter des débats ou en tout cas des commentaires sur l’œuvre de Pascal que sur cette œuvre en elle-même. Mais instruit de la façon de procéder et de ce qu'il y a à trouver dans ces Pensées, nul doute qu'une seconde lecture se révèlera plus captivante et enrichissante.
Khalil_Livres
• Il y a 7 mois
Ce qui frappe à la lecture des Pensées de Pascal est certainement l’acuité et la lucidité de ce grand génie sur notre condition humaine. S'il s'agit bien d'une apologie du Christianisme, Pascal contrairement à Descartes et d’autres philosophes délaisse le terrain métaphysique pour s’intéresser au cœur de l’Homme. En effet, Pascal en lecteur assidu de Montaigne, connait les passions de l’homme, ses misères, ses contradictions, ses tentatives désespérées d’échapper à lui-même par le divertissement « Tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. » et surtout l’insuffisance de sa raison. Raison qui doit être distinguée du cœur. La fameuse séparation de la raison et de la foi qui culmine dans la non moins fameuse citation : « le cœur a ses raisons que la raison ignore. » L’idée centrale qui revient dans plusieurs fragments est ce désir insatiable de Vérité chez l’Homme comme preuve ultime de sa chute. Le fondement de la condition humaine est intimement lié au péché originel et la chute qui s’en est suivie. En effet pour Pascal, on n’aurait pas eu ce désir d’absolu si on n’y avait pas gouté. Toutefois l’homme, par sa condition même, ne peut y parvenir. Si nous étions que corrompus comme le pensent les matérialistes et athées, on ne songerait pas à Dieu. Quoiqu’aujourd’hui on peut véritablement se demander si nous n’avons pas définitivement chuté… Pour Pascal, il faut reconnaitre la contradiction majeure de l’Homme, à savoir reconnaitre sa grandeur et sa misère en même temps. Reconnaitre sa misère est d’ailleurs une grandeur. Ne pas voir la contradiction ou la nier en essentialisant l’homme (bon ou mauvais par nature) est la base de toutes les philosophies antiques : divinisation de l’homme chez les stoïciens, sa réduction à la matière chez les sceptiques et épicuriens voir le dogmatisme religieux qui échappe à toute raison. La seule religion fondée sur cette contradiction est le Christianisme qui renvoi au péché originel comme cause de la misère de l’homme mais propose la Grâce comme moyen de rédemption et d’élévation. Le Christ étant le trait d’union entre l’Homme et Dieu, le symbole de cette cohabitation du terrestre et du céleste dans le cœur de l’Homme. Pour apprécier cette lecture, il existe à mon sens un prérequis et non des moindres. Une envie d’absolu, de Vérité, une quête de Dieu. Il y’aurait tant à dire sur les limites du pari de Pascal mais méditant certains fragments, notre âme peut être saisie, comme illuminée par un sacré qui la transcende. « Il y’a assez de lumière pour ceux qui ne désirent que voir et assez d’obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire. ». L’athée chevronné sera agacé par Pascal et certainement par ma tentative d’en parler.
Gilles59
• Il y a 1 an
Qui suis-je pour écrire une critique des Pensées de Pascal ? Je dirai juste que c'est à coup sur les textes qui m'avaient le plus marqués au Lycée (avec Montaigne), et un livre dans lequel je me replonge régulièrement. Il y a le fond bien sûr, mais il y aussi la forme et le style. Certains passages font parti des plus belle choses que j'ai jamais lues, à la fois en philosophie et en littérature.
mercutio
• Il y a 1 an
Postulant lecteur, toi qui espères - un livre qui commence par un début et se termine par une fin, cherches-en un autre car ici c'est le bazar, - une œuvre de philosophie qui ne soit pas en même temps et à la fois un cours de catéchisme et une litanie de références bibliques, passe ton chemin, ça va t'énerver - une motivation à te convertir au christianisme, tu prends le risque de devoir te replonger dans ton cours de probabilité de 2ème, ce qui te semblerait une double peine - une initiation à la mathématique, à la physique, à l'astronomie, aux sciences naturelles et aux transports publics, tu seras déçu et devras te farcir les Œuvres complètes, double peine à nouveau - une formation expresse aux professions de missionnaire, d'avocat et de procureur, les plaidoiries vont t'apparaître quelque peu mitées et désuettes, et tes futurs diplômes très compromis, - un viatique de célèbres formules pour faire le malin dans les salons, laisse tomber car elles sont noyées dans le tout qu'il faut lire intégralement pour les y débusquer; tu auras meilleur compte à dénicher une anthologie qui aura fait le travail à ta place - combler, pour la seule raison esthétique, le vide existant dans ta culture littéraire entre Montaigne et Descartes, épargne ton temps; non seulement évite Pascal mais aussi, l'entendant, oublie Montaigne et oublie surtout Descartes, Pascal démontrant en deux coups de ciseaux l'affirmation de Hobbes: "Homo homini lupus est" Nonobstant, les siècles et les plus grands ont consacré la valeur, l' intérêt et la beauté de cette œuvre. Ainsi donc, Postulant lecteur, si comme c'est probable, je ne t'ai pas convaincu, considère ce qui suit, qui vise à étayer mes prolégomènes mais n'est que mon humble avis sur le chef d'œuvre ... Les Pensées sont un ensemble de "fragments" dont la mise en ordre a occupé beaucoup d'éditeurs après qu'ils ont été rédigés et en partie assemblés en liasses par Pascal (puis perdus) mais, par bonheur, après avoir fait l'objet de 2 copies, très peu de temps après sa mort, par sa belle-famille Périer. Le Livre de Poche propose l'édition Sellier, établie en 1976, la première qui, sur la base du texte de la 2ème copie, respecte l'ordre fixé par Pascal (jusqu'au milieu du XXème siècle, les éditeurs se sont autorisés à inventer et imposer un ordre différent de celui voulu par l'auteur, qui leur semblait meilleur, on croit rêver!) Il reste au lecteur à interpoler et reconstruire la logique entre les fragments et aussi à l'intérieur de certains d'entre eux. Ce n'est pas toujours une mince affaire et il faut saluer l'excellente contribution en notes de Gérard Ferreyrolles, qui traduit toutes les citations latines, reproduit les sources littéraires discutées par Pascal et clarifie à l'occasion un propos elliptique ou une forme surannée de l'auteur. S'y ajoute un autre obstacle à une compréhension immédiate, qui provient sans doute du caractère "inachevé" de nombreux fragments (i.e. non définitivement mis en forme pour être lus par d'autres, conséquence de la mort prématurée de Pascal) mais peut-être aussi de la fulgurance de son esprit et de sa manière particulière (et souvent déroutante pour nous, quidam) de raisonner et formuler le résultat de son raisonnement. Pascal est animé d'une volonté, qu'on pourrait par endroit qualifier de féroce , de convaincre afin de convertir (libertins, mais au-delà agnostiques et athées en général), de défendre et justifier (Port-Royal et suspects de jansénisme) et de déconsidérer et ruiner (casuistes jésuites). Sur le terrain de la conversion, le plus sujet à débat, sa rhétorique se fonde principalement sur la Bible pour ce qui est de la "promesse divine" et sur sa théorie des partis. Il considère la Bible comme un document irréfutable, Ancien et Nouveau Testament s'accréditant et se justifiant l'un l'autre: dans l'Ancien Testament, les prophètes ont annoncé la venue du Messie; le Nouveau Testament rapporte effectivement cette venue et selon le mode exact qui avait été prédit; tout est donc vrai, bien qu'en partie caché, masqué, "figuré", cela même renforçant la preuve. Dans le même temps, il accepte dans leur sens le plus littéral une partie de ces sources, notamment la création, les âges et généalogies. L'exégèse historico-critique de la Bible qui commence à se développer à cette époque (cf Hobbes "Léviathan" 1651 et Spinoza "Traité théologico-politique" 1667 qu'étrangement Pascal semble méconnaître absolument) ébranlera considérablement ces fondations-là. Le scientifique s'est effacé devant le croyant inspiré, certains diront aveuglé, par la luminance de sa conversion. Comme l'a proclamé plaisamment naguère une entreprise de jeux d'agent -je cite approximativement, "tous ceux qui ont gagné, ont joué"; de fait, combien ne tentent jamais leur chance malgré une espérance mathématique certes pas infinie (à la différence du pari pascalien) mais pas tout à fait négligeable et surtout une mise de pas grand-chose! C'est que l'idée-même de pari est étrangère à leur psychologie. Comme Pascal, négligeons cette masse. Le pari pascalien fait l'hypothèse soulignée qu'il est impératif de parier, ce qui ne va pas de soi: c'est donc bien aux joueurs, et à eux seuls, que Pascal s'adresse. Que Dieu existe ou pas est affirmé équiprobable (1 chance sur 2, chaque). C'est une hypothèse honnête, incontestable de ce fait; mais faisant intervenir l'humain, elle ne peut être appliquée qu'à un joueur agnostique (mais, considérant la psychologie, un joueur peut-il être, en général, agnostique?). En revanche s'agissant d'un athée, la probabilité que Dieu existe tend pour lui vers zéro; l'espérance mathématique liée au pari (probabilité x gain) tend vers 0 x #8734;, qui est mathématiquement indéterminée…. pas hyper-motivant! J'imagine en outre que même la quasi-certitude d'un gain, mais dont la jouissance serait différé au-delà de la mort, n'inviterait pas si impérieusement un joueur à parier. Quant à la satisfaction censée être obtenue immédiatement, i.e. dès cette vie, par le seul fait de miser (i.e chercher Dieu, source de bonheur en soi), elle est elle-même de fait objet d'un pari non dit, celui consistant à faire confiance a priori à la personne qui soumet le pari et promet, ce qui restreint inéluctablement et drastiquement le nombre des parieurs….. Reste une question à cent balles: combien y a-t-il eu de ces parieurs depuis 1670? Tout au long des Pensées, Pascal entretient un dialogue presque ininterrompu, à un demi-siècle de distance, avec Montaigne, dont le séparent la relative indifférence de celui-ci à l'au-delà, son scepticisme tempéré, et "le sot projet qu'il a de se peindre" dixit Pascal, sympa. Tout autre est son opposition à Descartes qu'il expédie d'un assassin "inutile et incertain", formule que les siècles ont immortalisée, non sans quelque raison! C'est qu'il ne devait pas faire bon à n'être point de ses amis. Il n'empêche; certains fragments entièrement développés et rédigés, révélés aux classes successives de lycéens notamment français, sont superbes sur un plan littéraire, précis sans sécheresse, amplement déployés, quelquefois redondants sans lasser, pénétrants et subtils, fins et géométriques, et toujours propices à la prise de recul et à la réflexion, détachées de tout conditionnement historique ou religieux. Parmi eux, de nombreuses perles qu'on a plaisir à redécouvrir, noyées dans l'ensemble fragmenté mais à la place que Pascal leur a assignée. Ma préférée est celle qui parle du nez de Cléopâtre, parce qu'elle me fait penser à Panoramix et au gâteau de César ... Postulant lecteur, toi qui envisages sérieusement à présent de te lancer plutôt dans l'intégrale des œuvres de Goscinny et Uderzo, sache que...
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Fiche technique du livre
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- Genres
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- EAN
- 9782266241151
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- Collection ou Série
- Agora
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 608
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- Dimensions
- 178 x 108 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
7,40 € Poche 608 pages