Portrait de femme : Le livre de Henry James
Belle, libre, intelligente, Isabel n'en reste pas moins orgueilleuse et naïve. Cette Américaine en mal d'aventure va découvrir la vie en accéléré sur les bords de la Tamise. Entre passion et confusion des sentiments, elle entame un voyage initiatique dans la haute société de la fin du XIXe siècle. Parcours intemporel et tragique, Portrait de femme est le monument d'Henry James.
Traduit de l'anglais
par Claude Bonnafont
De (auteur) : Henry James
Traduit par : Claude Bonnafont
Avis Babelio
vertbleu
• Il y a 2 semaines
La vie de la jeune orpheline Isabel Archer (23 ans vers 1870) bascule lorsque sa tante Mrs Touchett la prend sous son aile protectrice et entreprend de lui faire découvrir le monde. Elle quitte la provinciale Albany de son Amérique natale et se rend à Londres, Florence, Rome et termine son périple par un voyage au Proche-Orient. En chemin elle fait la connaissance de son oncle Mr Touchett et son cousin Ralph, de Lord Warburton, et rencontre de vieux compagnons de route: son prétendant Mr Goodwood, la reporter Miss Stackepole à l'irrévérence très américaine, ainsi que la très bonne Mme Merle avec laquelle elle se liera d'amitié. Tous sont très bons avec elle et apprécient surtout son indépendance intellectuelle. Après avoir refusé les demandes en mariage de Goodwood et Warburton, elle accepte celle formulée par Mr Osmond, un gentleman américain résidant à Florence avec sa charmante fille Pansy issue d'une première liaison. Cependant la vie en couple s'avère plus difficile qu'Isabel ne l'avait cru et la romance se mue en tragédie... Sans aucun doute nous voici face à un chef-d'oeuvre, un monument de la littérature. Pourquoi? Premièrement, le ton posé, impeccable et faussement distant du narrateur: chaque mot est choisi avec soin, tout sonne au plus juste, quelques métaphores, pas trop, juste ce qu'il faut. Deuxièmement, les dialogues pleins d'ironie, de pirouettes de styles: nos protagonistes sont maitres de l'humour anglais. Troisièmement, la psychologie des personnages, l'ambiguité des relations entre eux, mettent en exergue d'une part les contrainte de la vie aristocratique dans le monde anglo-saxon et d'autre part la position de l'homme et de la femme dans nos sociétés civilisées, touchant ainsi à l'universel, à l'intemporel. Un roman que je conseille à tous, mais surtout à ceux qui aiment Jane Austen ou encore, au cinéma, Retour à Howard's End et Chambre avec vue; et apprécient donc l'atmosphère rafinée des salons aristocratiques anglais.
MFontan
• Il y a 6 mois
Roman-fleuve. Portrait au scalpel. Une descente lente et somptueuse dans la conscience d’une femme. Isabel Archer, jeune héritière pleine d’idéal, croit qu’elle peut déjouer les pièges du monde. Elle croit au libre arbitre, à l’amour éclairé, au pouvoir de l’intelligence. Henry James lui tend un miroir, et dans ce miroir, il place une prison dorée. Osmond, Madame Merle : des figures d’élégance toxique. Des visages polis qui dissimulent la cruauté des convenances. Ce roman n’est pas une tragédie. C’est une leçon de désillusion. Une mise à nu de l’orgueil des âmes généreuses. Et au fond, une terrible question : que reste-t-il à une femme quand elle a tout choisi… sauf la possibilité de fuir ?
PharMarion
• Il y a 6 mois
Plus jeune, j'avais souffert sur "Les ailes de la colombe". Le style d'Henry James n'est ni léger ni accessible. En revanche, il est proprement divin. Aujourd'hui, plus âgée et mieux armée, j'ai pu profiter pleinement de sa plume. Je suis heureuse d'avoir découvert ce classique et je le recommande chaudement.
berni_29
• Il y a 9 mois
Permettez-moi de vous présenter une jeune fille américaine en la personne d'Isabel Archer, orpheline et célibataire. Les pages qui introduisent cet immense roman de 950 pages pourraient ressembler au tableau délicat saisi sur le vif d'une scène campagnarde anglaise, dans un lieu aristocratique, une scène baignée par la lumière douce de cette Angleterre victorienne de la fin du XIXème siècle. Nous faisons connaissance avec un père et son fils, c'est un dialogue d'une douceur infinie sur la terrasse qui jouxte le manoir, dans le domaine de Gardencourt. M. Touchett, américain, reconverti en banquier anglais ayant fait fortune, devise sur le monde et la famille avec son fils Ralph Touchett. Ils évoquent l'arrivée imminente de la cousine de Ralph, une certaine Isabelle Archer. La mère de Ralph, est partie chercher sa nièce, là-bas à Albany, New-York, pour lui faire visiter l'Europe et surtout l'Italie, bien décidée à aider la jeune fille à accomplir son avenir de manière émancipée dans une Europe confrontée aux conventions et au patriarcat. Qui plus est, la fidèle amie de la jeune fille, Henrietta Stackpole, féministe ardente et travaillant dans un journal américain démocrate, est venue l'accompagner dans son voyage européen. Gardencourt, Angleterre ne sera qu'une étape vers ce bonheur promis vers le rêve italien. Je la devinais déjà belle, libre, indépendante, innocente, facétieuse. À peine arrivée sur le sol anglais, elle était déjà courtisée par plusieurs prétendants. Dans son esprit aigu d'indépendance, elle commence par refuser les demandes en mariage qui lui sont proposées, y compris celle de Lord Warburton, un ami proche de Ralph Touchett, dont la fortune est à l'égal de sa bonté et de son élégance. Oui, cette scène anglaise qui ouvre le roman possède la douceur affable de l'été, cependant à bien y réfléchir, en y revenant longtemps après, justement après avoir lu le roman, je distingue brusquement une sensation crépusculaire dans la lumière de cette fin d'après-midi qui s'estompe, où un père vieillissant évoque le monde à son fils atteint de tuberculose. Lequel mourra avant l'autre ? Telle est la question... Ce sera le père qui s'en ira le premier. Sur les conseils de son fils, il avait anticipé, modifiant au dernier moment son testament ; Isabel Archer, qui était une orpheline pauvre, hérite de la fortune de Mr Touchett et devient riche. Elle voyage. Elle découvre l'Europe. On sait peu de choses de ces années où son caractère se forge peu à peu à l'observation des villes et à la confrontation des êtres avec lesquels elle fait connaissance. A-t-elle reçu d'autres demandes de mariage durant ce temps, le lecteur n'en sait rien ? Elle aborde ainsi l'Italie, avec la fortune faite et le coeur aguerri, du moins le croit-elle. Elle se lie d'amitié avec Mme Merle amie de la famille, dont son cousin Ralph lui a pourtant à plusieurs reprises dit de se méfier. Elle avance en confiance vers celle qui lui fait rencontrer alors un certain Gilbert Osmond, américain, veuf sans fortune qui investit dans l'art et vit seul avec sa fille Pansy à Florence. Elle ignore encore à cette heure ce qui se trame dans son dos… Isabel Archer se laisse séduire par les charmes de l'homme. Contre toute attente, elle l'épouse. Elle semble s'être abandonnée à lui, avec visiblement une grande humilité dans ce coeur généreux, je voulais penser jusqu'au bout que cela ne lui ressemblait pas, qu'elle devait se méfier de ce qui semblait ressembler à une démarche intéressée, un piège ourdi à son insu, l'irrépressible mariage qui semble arranger bien des personnes. Pour tout vous avouer, je n'ai pas compris sa naïveté. Très vite ce mariage s'avère être un échec. C'est alors que je me suis penché vers cette femme que je devinais esseulée dans ses désillusions et ses tourments, pour tenter d'entendre sa voix, ses mots, l'émoi de son coeur, de son âme, car c'est à partir de ce moment-là que le roman prend toute sa densité romanesque, émotionnelle et se déplie comme une vague. Paradoxalement, malgré le titre du roman, le portrait d'Isabel Archer reste insaisissable et le roman est prodigieux à plus d'un titre. Ai-je su au bout des 950 pages de cet immense roman qui était réellement Isabel Archer, au travers de ce Portrait de femme ? le terme de portrait est peut-être mal choisi, chacun d'entre nous peut s'approprier une facette d'Isabel Archer, dès lors chacun d'entre nous peut dresser un portrait de cette femme à sa manière... J'ai particulièrement aimé la façon dont Henry James utilise le motif du portrait pour construire son personnage principal et développer les thèmes du roman. Brusquement, écrivant ces mots, je réalise que Portrait de femme, roman d'une veine romanesque éblouissante est en même temps insaisissable et c'est peut-être pour cela qu'il est éblouissant. Tout le reste alors, depuis la scène d'ouverture jusqu'à la fin totalement ouverte devient un roman ténébreux, où la lumière italienne commence à me faire mal aux yeux... Henry James nous parle des tourments du coeur et de l'esprit, de la férocité des ambitions, des trahisons, des mensonges, du rôle de l'argent, de la perte des illusions, des amours déçues et tout ceci dans le seul destin d'une jeune femme qui s'appelle Isabel Archer... Henry James appartient à la famille de ces écrivains géniaux qui en disent peu, laissent l'écriture cheminer, les personnages poursuivre leur itinéraire, ce qui n'est pas dit dans les pages se construit ailleurs. Ainsi, au fil du roman, Henry James dépeint avec finesse l'évolution psychologique d'Isabel Archer. Jeune femme naïve et idéaliste lorsque nous faisons sa connaissance, sa personnalité se façonne peu à peu lorsqu'elle se confronte aux réalités d'un monde sophistiqué et parfois cruel. Cette métamorphose est particulièrement frappante lorsqu'on compare l'image d'Isabel Archer du début du roman, pleine de vie et d'espoir, lumineuse, à celle de la fin, plus mesurée et consciente des compromis de l'existence. La complexité du personnage d'Isabel Archer réside dans ses contradictions internes, souterraines, qui la déchirent. Bien qu'elle aspire à l'indépendance, ses choix la mènent paradoxalement vers une forme d'emprisonnement. Son mariage avec Gilbert Osmond, qui semble d'abord un acte de libre-arbitre, devient le symbole de sa perte de liberté. Cette tension entre désir d'autonomie et conformité sociale fait d'Isabel Archer un personnage profondément humain et nuancé. James excelle dans l'art de ne pas tout révéler, laissant une part de mystère autour d'Isabel Archer. Mais le personnage d'Isabel Archer ne serait rien sans l'entrelacement avec les autres personnages qui s'invitent dans la narration. Henry James les convie dans le livre en leur assignant à chacun un rôle de miroir et c'est le reflet de chacun de leurs regards qui vient participer à la construction du roman et au motif du portrait peint sur la personne d'Isabel Archer. En particulier, les personnages féminins se surveillent mutuellement, admiratrices, épouvantées, piégées par les attentes sociales et leurs propres perceptions. Ces multiples regards, faits de miroirs, façonnent peu à peu le récit comme un kaléidoscope. Chaque événement est saisi à travers le prisme de la conscience d'un des personnages, surplombant le texte de son point de vue, rendant l'intériorité des autres personnages et leur psychologie aussi importante que les faits eux-mêmes. Ainsi, j'ai aimé ressentir dans le texte cette belle oscillation entre les points de vue extérieurs et les points de vue intérieurs. C'est magnifiquement rendu et cela redéfinit admirablement le rôle du narrateur dans tout récit. Je n'irai pas dire « Tiens, sommes-nous proche de Proust ? », mais presque... C'est un récit où les pages se dérobent sous les doigts, nimbées par la seule étrangeté qui émane des interactions entre les personnages. le récit se transforme alors en une toile de sentiments où le lecteur vient se prendre délicieusement. C'est d'autant plus facile de se laisser perdre, perdre pied, car une incroyable élégance sert le texte, l'écriture est fluide, la tension narrative repose principalement sur la psychologie des personnages, mais aussi sur l'endroit insondable où le lecteur est capable de se laisser entraîner. Le parcours d'Isabel Archer pourrait révéler une forme de soumission à l'ordre social et patriarcal établi en cette fin de XIXème siècle. le mariage, les conventions sociales, pourraient réduire à néant l'itinéraire de cette jeune fille. Or, il n'en est rien car c'est bien dans l'envers du décor que s'ourle une autre tension narrative. Sans dévoiler la fin du récit, Isabel Archer ne perd jamais la main sur sa destinée. En ce sens, j'ai vu dans ce roman un féminisme puissant et affirmé. Ces pages sublimes offrent des abysses sombres et complexes, où l'histoire continue de s'écrire, inachevée et c'est dans cet insaisissable mouvement où le lecteur aussi peut à son tour surplomber le récit et non plus perdre pied, que se situe la beauté incroyable du roman.
Avis des membres
Fiche technique du livre
-
- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
-
- EAN
- 9782264075475
-
- Collection ou Série
- Littérature étrangère
-
- Format
- Poche
-
- Nombre de pages
- 696
-
- Dimensions
- 179 x 109 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
10,90 € Poche 696 pages