Swastika Night : Le livre de Katharine Burdekin
Et si l'Allemagne nazie avait remporté la guerre ?
Depuis sept siècles, l'Allemagne nazie règne sur la moitié du monde. Pour asseoir son pouvoir, elle a éradiqué l'histoire, annihilé la culture, et constitué une religion toute-puissante : l'Hitlérisme, dont le premier Führer est le dieu.
Le Saint Empire germanique repose sur l'ignorance des masses, la manipulation idéologique et une hiérarchie stricte : les chevaliers et les nazis en occupent le sommet, puis viennent les étrangers, main-d'œuvre corvéable, et en deçà, les femmes, simple bétail destiné à la reproduction de la race aryenne.
Mais malgré l'oubli, un homme, un simple mécanicien anglais, croit qu'un autre monde est possible. Une simple intuition qui, il en est sûr, pourrait ébranler, voire renverser le régime.
Publié en 1937, peu après
Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley et bien avant
1984 de George Orwell, cette uchronie glaçante et prophétique nous rappelle que la politique est la plus dangereuse des armes.
De (auteur) : Katharine Burdekin
Traduit par : Anne-Sylvie Homassel
Expérience de lecture
Avis Babelio
Le_chien_critique
• Il y a 7 ans
Avec Swastika Night, vous avez le droit à un roman satirique et à un essai. L'un assez réussi, bien qu'outrancier par endroit, l'autre ennuyeux. Reste l’intérêt historique... Hitler a gagné, la moitié du monde est libéré de la démocratie et du communisme. Le bonheur ? Pas si sûr. voyons ce qu'il en est. 700 ans après la victoire nazie, le monde est divisé en deux parties, l'empire allemand et l'empire du soleil levant. Soit bonnet brun contre brun bonnet ! Hitler est devenu un Dieu et la mythologie a fait le reste. "L’Unique et Saint, le Héros-Dieu, lui, n’avait naturellement jamais fumé, ni mangé de viande, ni bu bière ou vin. Sa colossale stature (deux mètres dix, mesurait-Il) et les phénoménales prouesses que Lui autorisait Sa force ne devaient rien à la nourriture riche et grossière que prisent les Allemands inférieurs." Les femmes ont enfin reprit leur place naturelle : au poulailler. Le viol est considéré comme un simple acte sexuel, les hommes allemands, ont tous les droits. Plus de famille, les enfant sont retirés à leur mère dès leur plus jeune âge, les femmes restent parquées dans des camps, réduites à un simple statut reproducteur. "Qu’un homme puisse exprimer une préférence sexuelle pour une femme en particulier (hors celle que pouvaient susciter l’état de santé et la force musculaire de cette femme) était une faiblesse, une preuve d’absence de virilité. " Et pour diriger cette douce société utopique, il faut bien un cadre. Donc, hiérarchie pyramidale : les chevaliers, les religieux, les simples nazis, les populations asservies, les chrétiens (les juifs ayant été exterminé, il faut bien trouver un nouveeau bouc émissaire) et en bout de chaine les femmes considérés comme de simples animaux. Le tout avec falsification de l’histoire allant jusqu'à son oubli. Pour l’intérêt historique, c'est réussi même si parfois la projection est un peu trop satirique, outrancière et appuyée. Mais quelle clairvoyance. Écrit en 1937, l'anticipation de l'idéologie nazie est parfaitement juste. Pour ceux dont les cours d'histoire ennuie, l'anticipation se suffit-elle seule ? Nous sommes dans une veine assez satirique, avec des personnages réduits à leur simple expression : le candide, l'initié et l'apprenti. Leurs aventures peuvent donc sembler à la limite du rocambolesque. Quelques moments assez hilare cependant à mon sens : comme la découverte du vrai Hitler par Alfred et Hermann sur une photographie, l'exacte opposée du mythe. Voilà pour une première partie. Et puis patatras, rupture de ton, on assiste à un dialogue érudit sans fin contredisant la psychologie des personnages. Et comme Hermann, j’avais envie de me présenter devant les rhétoriciens et de leur dire que je préférais continuer ma vie d'avant, ou qu'un résumé me suffirait. "si vous aviez la bonté de m’y autoriser, j’aimerais mieux continuer à travailler aux champs plutôt que d’entendre parler du livre de votre trois fois noble ancêtre. Veuillez le croire, je ne suis pas un lâche ; cependant, lorsque vous discutez avec Alfred, je n’y comprends rien. Je préfère qu’il me l’explique après vos conversations. Je vous prie donc, Bien-Né, de bien vouloir me congédier. " Et de deviser sur le nazisme, la virilité, les civilisations, les gouvernements, l'histoire,les femmes et les arts. J'avais l'impression d'être en cours face à un prof ennuyeux, la lecture en diagonale comme seule évasion. Et parfois, l'impression que Katharine Burdekin avait plus à dire sur le féminisme que le nazisme. N'est pas romancier qui veut. Dommage car le sujet était intéressant et l'anticipation juste Une postface, Cauchemars éveillés : Et si le Troisième Reich l’avait emporté ?, de Bertrand Campeis clôture le roman. Il revient sur l'uchronie et la seconde guerre mondiale. Paru en 1937, le livre est une dystopie, pourquoi nous parler d'uchronie via une petite pirouette ?
svecs
• Il y a 7 ans
Nous sommes plus de 700 ans après le triomphe de l'Allemagne Nazie. Le monde tel que nous le connaissons a complètement disparu. Une nouvelle ère s'est installée. L'empire Nazi a pris soin de faire disparaître toute trace du monde d'avant. Désormais, le nazisme est devenu une religion qui vénère le dieu tonnerre et son messie, Hitler. Hitler, géant aryen, blond aux yeux bleu, qui n'est pas né d'une femme, mais "explosé". Dans le monde nazi, le culte d'Hitler se perpétue grâce au Führer et à ces chevaliers, les bien-nés. Les juifs ont depuis longtemps disparu. Les chrétiens sont considérés comme moins que des hommes et à peine toléré. Les femmes, quant à elles, sont reléguées au rang de simple reproductrice, parquée dans des fermes où elles ne servent qu'à enfanter, si possible un maximum de garçons. Swastika Night est une uchronie de plus. Et si les nazis avaient gagné la guerre ? Combien de romans, plus ou moins inspirés, ont brodés sur ce point de départ ? Beaucoup. Trop, sans doute. L'originalité de Swastika Night tient à sa date de parution: 1937. Hitler venait d'obtenir les pleins pouvoirs au Reichstag. Katharine Burdekin, écrivain féministe, s'inspire de l'idée d'un Reich de 1000 ans énoncé par Hitler pour imaginer le pire. Publié à l'origine sous le pseudonyme de Murray Constantine, ce roman fut longtemps oublié avant d'être redécouvert en 1985, lorsqu'il fut réédité sous le nom de Katharine Burdekin. Il aura fallut 80 ans pour qu'il soit enfin traduit en français. La lucidité glaçante dont l'auteur, qui a écrit plusieurs romans de fiction spéculatives marquées par des thèmes sociaux et féministes, fait preuve est impressionnante. Toutes ses "prédictions" restent étrangement crédible. Elle imagine l'éradication totale des juifs, avant que la Solution Finale ne soit finalement mise en oeuvre. Elle décrit une réécriture totale de l'histoire passant par la destruction de tous livres antérieurs au Reich. Les autodafés étaient déjà nombreux à l'époque. Quant au sort des femmes, elle ne fait que s'inspirer des Lebensborns en poussant le concept jusqu'à l'absurde, faisant au passage de la Servante Écarlate une bluette. Derrière l'outrance assumée de sa dystopie, je ne peux m'empêcher de frissonner. Katharine Burdekin avait compris dans quelle spirale de folie meurtrière Hitler allait plonger le monde. Elle avait entendu les bruits de bottes. Elle n'était sans doute pas la seule. Et pourtant... Pour excessif que soit le propos, l'histoire ne l'a pas fondamentalement démentie. La folie d'Hitler allait dans une direction qui pouvait déboucher sur le monde qu'elle décrit dans son roman. Cela dit, au delà de la curiosité, ce roman n'est pas vraiment le chef d'oeuvre qu'on essaye de nous vendre. Le roman se perd parfois dans des longues discussion pseudo-philosophiques qui alourdissent le propos. On sent la volonté de l'auteur de convaincre, d'intellectualiser son propos, d'étayer ses thèses. Swastika Night n'était pas prévu pour être un jeu littéraire sans conséquence. C'était une arme littéraire, qui voulait convaincre plus que divertir. Historiquement, le propos est passionnant. Pour le simple amateur, ce roman est intéressant mais jamais vraiment passionnant. Il mérite d'être découvert pour son intérêt historique mais il n'est pas d'une qualité exceptionnelle d'un point de vue purement littéraire. A vous de voir ce que vous recherchez avant de vous attaquer à Swastika Night.
Oliv
• Il y a 7 ans
Avant de découvrir ce roman dans la dernière sélection Masse Critique (merci à Babelio et aux éditions Pocket, ainsi qu'aux éditions Piranha qui l'ont traduit en premier lieu !), je n'avais jamais entendu parler de "Swastika Night", tout comme j'ignorais tout de son auteur, la Britannique Katharine Burdekin. Celle-ci a donc imaginé une uchronie dans laquelle les nazis et leurs alliés japonais ont gagné la guerre, ce qui débouche sur... Stop ! Une uchronie, vraiment ? Contrairement à ce que l'on pourrait croire au premier abord, nous ne sommes pas face à un petit frère du "Maître du Haut Château" ou de "Fatherland" comme il en existe tant. Publié en France pour la première fois en 2016, ce roman date pourtant de 1937, soit quatre ans après l'accession au pouvoir de Hitler et deux ans avant le déclenchement de la Seconde guerre mondiale, à une époque où les dirigeants des démocraties occidentales en étaient encore à traiter avec le Troisième Reich comme avec n'importe quel partenaire... "Swastika Night" n'est donc pas une uchronie, laquelle consiste à modifier le passé pour imaginer un autre déroulement de l'histoire, mais une anticipation, puisque Katharine Burdekin extrapole sur les événements de son présent pour imaginer un avenir possible. Loin d'être anecdotique, cette distinction fait tout l'intérêt et la subtilité du roman. Le futur imaginé par Katharine Burdekin est glaçant. Le "Reich de mille ans" promis par Hitler dans notre version de l'histoire est sur le point de devenir réalité, puisqu'il dure ici depuis plus de sept siècles. Le monde est équitablement partagé entre deux totalitarismes, allemand et japonais, qui se regardent en chien de faïence en attendant d'en découdre pour de bon. L'auteur étant une militante féministe, elle met l'accent sur le terrible sort réservé aux femmes, en écho à l'idéologie machiste qui prévalait à son époque dans l'Allemagne nazie : les femmes dans le Saint Empire germanique sont littéralement traitées comme du bétail, "dépourvues d'âme" elles sont privées des plus élémentaires libertés et leur seule fonction dans la société est celle de la reproduction. Sous la coupe des nazis, l'humanité s'est enfoncée dans l'obscurantisme : la plupart des hommes sont illettrés, il n'y a plus de culture, plus d'art, et le passé précédant la naissance du nazisme a été soigneusement effacé des mémoires. Hitler est devenu l'objet d'un culte religieux, dans lequel le Führer mythifié est célébré sous la forme d'un colosse blond mesurant plus de deux mètres. Mais la mise au jour d'un livre rédigé plusieurs siècles plus tôt, et rétablissant la vérité historique, va faire vaciller les certitudes des nazis du futur... Au vu de la clairvoyance dont fait preuve l'auteur en dénonçant de manière virulente les méfaits du nazisme dès 1937, les lecteurs francophones qui découvrent ce roman au 21ème siècle peuvent se demander pourquoi celui-ci a été si longtemps oublié, au lieu de connaître la renommée de dystopies fameuses et devenues des classiques telles que "Le meilleur des mondes", "1984" ou "Fahrenheit 451"... Sauf que Katharine Burdekin, il faut le reconnaître, n'est pas un écrivain de la trempe de Huxley, Orwell ou Bradbury. D'un point de vue strictement littéraire, le roman est tout juste passable. Il souffre notamment du fait d'être explicatif et démonstratif à l'excès. Les protagonistes — au nombre de quatre seulement : le chevalier von Hess, Hermann le paysan nazi, Joseph le chrétien et Alfred le "candide" anglais — n'ont aucune substance, ce ne sont que des silhouettes destinées à donner ou recevoir des informations et des explications, au cours de tunnels de dialogues s'étendant parfois sur plusieurs dizaines de pages. Quant à l'intrigue, si tant est qu'il y en ait une, elle est réduite à la portion congrue. Je suis loin d'être un intégriste de l'adage "Show, don't tell", mais en l'occurrence tout le roman ou presque est sur le mode "tell", ce qui est assez dommageable : l'horreur de ce régime nazi du futur nous est exposée en détail, mais on ne la ressent pas réellement, elle peut frapper l'imagination mais ne prend pas aux tripes. Au bout du compte, en tant que document historique, de témoignage d'une époque, "Swastika Night" est une oeuvre de grande valeur, qui sera lue avec profit par tous ceux que l'histoire du nazisme et de la Seconde guerre mondiale intéresse ; en revanche, pour les lecteurs de SF et plus généralement de littérature, j'aurais du mal à conseiller ce roman avec enthousiasme...
Hamisoitil
• Il y a 8 ans
Avant de commencer ma chronique, je tiens à préciser que ce livre a été publié en 1937. L'auteure, Katharine Burdekin, envisage à travers cette histoire soit 700 ans après le règne d'Hitler, un nouveau monde où les nazis ont une position dominante sur l'Europe, l'Afrique et une partie de l'Asie, dans laquelle se joint le Japon, deuxième puissance mondiale régnant sur l'autre moitié. Dans ce nouveau monde, Hitler est représenté comme un blond aux yeux bleus qui n'a jamais été enfanté par une femme et vénéré comme le dieu, le un, le tout puissant. Statique est ce monde. Tout a été supprimé : la technologie, la découverte, les voyages, la littérature, la musique... Chacun est à sa place, la mémoire est réduite au minimum, comme un bon lavage de cerveau. Les hommes règnent en maître dans l'autoritarisme et pensent être supérieurs aux autres races, tandis que les femmes se retrouvent rasées du crane, enfermées dans des cages, à l'état sauvage, en esclavage ; violées, pour enfanter, si possible, que des mâles. En clair, du simple bétail reproductif. ...leur conformation physique et intellectuelle les empêche d'accomplir quoi que ce soit de valable, c'est-à-dire d'abouti, hormis leur bestiale activité de mère. A partir de là, faut bien se mettre en tête que ce monde est différent de l'Allemagne actuel voire du monde actuel, quoique... Un simple Allemand est tout bonnement un nazi où l'Hitlérisme fait partie de lui jusqu'à dans la religion (la Bible Hitler) et le contraire serait grave, pourtant, quelques électrons libres vivent en retrait, comme des marginaux ou des déchets de cette société : les nouveaux juifs qu'on appelle chrétien. Dans tout ça, on fait la connaissance de Alfred, un anglais, mécanicien d'aéroplanes, en pèlerinage en Allemagne pour visiter quelques lieux saints, quand il tombe sur Hermann, un ouvrier agricole allemand connu pendant son service militaire en Angleterre. Tout au long de la lecture, l'histoire est centrée en partie, sur ces deux protagonistes, jusqu'à ce que Alfred soit convoqué chez le chevalier von Hess, gouverneur du comté, pour s'être interposé dans un viol. Sincèrement touché par ce jeune homme, par sa personnalité, le chevalier décide, quelques jours plus tard, de lui faire part d'un immense secret : le monde avant tous ces bouleversements. Un monde aux antipodes de celui-ci où la place et les conditions des femmes étaient bien différentes de l'actuel. D'ailleurs, cette deuxième partie du livre où les révélations tombent comme une pluie de météorite, le chevalier s'attarde énormément sur le rôle de femmes avant et après. La comparaison est une bombe qui explose en pleine tête quand il précise qu'elles étaient instruites, féminines, travailleuses et vivaient en couple... On sent que c'est quelque chose d'important pour lui et qu'il faut absolument le partager. Il parle également d'Hitler, loin d'être blond aux yeux bleus, mais bien trapu, avec une bedaine, les cheveux foncés, preuve à l'appui avec photographies et livre retraçant l'Europe depuis des décennies. J'ai remarqué en avançant dans ma lecture que l'auteure, Katharine Burdekin, bien que ce livre ait été écrit en 1937, avait déjà anticipé certains faits sans trop s'attarder dessus, heureusement ! du coup, nous sommes plongés dans une dystopie (une première pour moi) où le nazisme a pris possession du monde, et ça fait froid dans le dos, si tel était le cas ! Dans l'ensemble, j'ai passé un très, très bon moment de lecture mais j'ai trouvé les chapitres relativement trop longs, descriptifs et sans trop d'action. La deuxième partie est très instructive ! Je recommande !
Avis des membres
Fiche technique du livre
-
- Genres
- Romans , Roman Science-Fiction Dystopie
-
- EAN
- 9782266280549
-
- Collection ou Série
- S.F. Fantasy - Science Fiction
-
- Format
- Poche
-
- Nombre de pages
- 320
-
- Dimensions
- 178 x 110 mm
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