Topographie de la terreur : Le livre de Régis Descott

L'expression" une fois n'est pas coutume" ne se démontre pas encore ici quand à la présentation du récit en quatrième de couverture. Certes, l'enquête que nous suivons est axée en partie sur le programme d'euthanasie de masse dit Aktion T4 ( la campagne d'extermination par assassinat des adultes handicapés physiques et mentaux, allemands et autrichiens, menée par le régime nazi de 1939 à août 1941, qui a fait de 70 000 à 80 000 victimes.) mais c'est surtout l'introspection d'un homme sur sa place dans l'organisation de son pays en temps de guerre et les répercussions de ses décisions sur lui-même et son entourage. Un peu déçue de la voie empruntée au regard de ce qui nous était presenté.

Mélange de personnages fictifs évoluant au sein du gotha nazi réel, ce roman policier navigue dans les secrets de l'eugénisme social et médical, l'euthanasie raciale, volet particulier de la solution finale. Secrets par ailleurs honteux, planqués sous le tapis de cellules d'hôpitaux psychiatriques, faits historiques dont très peu de dignitaires connaissaient véritablement l'existence à l'époque, et particulièrement bien mis en exergue par le roman. En 1943 le régime nazi encaisse quelques défaites, commence à vaciller ; en réaction il accélère son programme d'épuration raciale et d'élimination des désignés indésirables. Dans ces remugles enquête le réputé commissaire Gerhard Lenz, héros et blessé de la Première Guerre mondiale, homme à l'esprit ouvert et cultivé apprécié pour ses compétences du grand patron Nebe, figure historique de la Kripo (police criminelle, aux ordres du troisième Reich). Nous ne sommes pas en terrain inconnu avec le personnage principal, beaucoup de celui du Bernie de Philip Kerr se retrouve en Gerhard. Il se découvre futur parent d'un enfant conçu avec une jolie et dégourdie jeune femme juive, et le souci de leur sécurité ; ce qui exacerbe au passage son sentiment antinazi, au point de le faire imprudemment basculer d'opposant intellectuel passif cachant son aversion à résistant proactif concomitamment à enquêteur principal de la Kripo aussi chasseuse de juifs. Le fil de l'enquête est assez judicieusement construit pour guider le lecteur dans l'enchevêtrement de la gestion administrative d'une branche de la solution finale sans que ce soit une trop lourde et envahissante leçon d'histoire ; le thème, fouillé, documenté et maîtrisé, s'insère en douceur dans ce qui reste tout de même un roman policier. Mais il faut bien reconnaître que le fond du roman, l'euthanasie méthodique au service du programme politique nazi eugéniste, la survie de la population, des homosexuels et des juifs en Berlin au tournant de l’année 1943 reste plus captivant que la poursuite du meurtrier de hiérarques nazis, pas toujours bien crédible. Le personnage de Gerhard, antinazi viscéral évoluant dans les hautes sphères du régime honni par toute sa famille d'ailleurs pour diverses raisons, aurait pu être un peu moins carré pour le rendre moins prévisible ; les personnages secondaires du roman sont plus intéressants. "Topographie de la terreur" reste un livre dur et bien construit, qui devrait plaire à ceux que la période de la seconde guerre mondiale interpelle.

L'enquête périlleuse d'un commissaire de la Kripo dans l'Allemagne du Troisième Reich. Une plongée dans l'horreur nazie à lire pour ne jamais oublier ce que l'homme est capable de faire. Un policier passionnant mais qui vous laisse un goût amer sur cette période de l'histoire. Ce roman raconte le combat d'un homme seul face à l'hydre totalitaire. Un polar terrifiant au coeur d'un système totalitaire au goût trop contemporain. Une grande claque.

Quelques indices : #x1f50e Un polar. #x1f4a3 Pendant la 2nde guerre mondiale. #x1f1e9 À Berlin. #x1f526 De la documentation historique. Vous tomberez alors sur "Topographie de la terreur" qui a touché juste. En 1943, Gerhard Lenz, est commissaire à la Police Criminelle de Berlin et nage en eaux troubles face à la tentaculaire et intraitable administration nazie. Deux meurtres liés à l'Aktion T4, programme d'extermination des indésirables, perturbent la vie du commissaire, déjà bien chamboulée par son amour pour une femme. Juive. Je vous laisse découvrir la suite. Les points forts : un récit d'une réelle exactitude historique ; un polar efficace ; une écriture très fluide. Le point légèrement mitigé : j'ai anticipé les évolutions des personnages et celles de l'enquête. J'ai donc été peu surprise. Cela n'a rien enlevé à ma lecture qui traitait d'une période qui me passionne fortement.