Tuer le temps : Le livre de Paul Joubert

Ma foi!... Tout cela se tient assez bien, et le voyage dans le temps par suicide interposé s'avère un procédé que Paul Joubert a fort bien maîtrisé. Même le problème épineux d'un saut en 1905 avant celui effectué en 1882 est clairement développé sans que l'auteur se prenne les pieds dans le tapis du temps. Édith, l'héroïne de cet opéra temporel, va bien entendu être amenée à se suicider un nombre incalculable de fois!... Ben oui, puisque l'auteur facétieux impose une époque d'arrivée-après-suicide comme hasardeuse. Donc, il faut s'y reprendre autant de fois jusqu'à ce que l'on arrive à l'époque souhaitée. Mais attention: De trop fréquents voyages dans le temps vous vieillissent prématurément et risque de vous ôter, au final, votre raison! Édith, embarqué dans ce labyrinthe temporel qui n'est pas sans rappeler le Piège diabolique de certain professeur Miloch, va donc devoir déjouer un complot et éviter de se faire tuer avant de rejoindre l'époque de son choix. Rendez-vous en 2021... Tuer le temps marque la naissance d'un auteur prometteur, dont horusfonck suivra les autres titres qui ne manqueront pas d'arriver.

Un peu déçue car je m'attendais à un récit fantastique, de science fiction et de voyage dans le temps. C'est un peu cela bien sûr mais surtout une histoire d'amour. À travers les siècles mais avec les mêmes personnes qui voyagent, d'une très bizarre façon faut bien admettre ! À lire pour son côté original

Edith reprend conscience en 1905, après s'être suicidée en 2080, après un affront professionnnel. Elle est recrutée par un duo de frères industriels, sa qualité d'ingénieure, ne semblant pas les choquer mais étant au contraire intéressante et profitable. Elle s'accommode très bien de cette nouvelle vie pendant quelques mois jusqu'à s'interroger sur le fait que son entourage semble la connaître d'avance, et apprend l'existence des Egémonistes, sorte de club des suicidés voyageurs dans le temps. Le fil narratif est riche d'allées et venues temporelles, astreignant à une lecture attentive, les chapitres étant utilement horodatés. Cependant, certaines scènes manquent, dues à des ellipses dans l'intrigue, même si elles restent compréhensibles. La fin est douce-amère et l'auteur a trouvé un argument pour raccorcher ce récit à la réalité.

On connaît mieux Paul Joubert sous son pseudonyme de baladeur poétique, Grosso Modo, et, cette fois-ci, il nous propose une escapade au format littéraire : indéniablement, l’auteur est aussi doué sur les réseaux que sur le papier pour nous émouvoir et nous transporter. Et si mettre fin à ses jours n’était pas une fin mais un commencement ? C’est cette question vertigineuse que pose Paul Joubert dans « Tuer le temps », un premier roman d’une grande originalité, où le désespoir bascule soudain dans l’inattendu. Propulsée en 1905 après avoir tenté de mettre fin à ses jours, Édith, une héroïne haute en couleur, découvre un Paris d’un autre temps, fascinant, vibrant, où les ruelles pavées bruissent d’une vie oubliée et dans laquelle on flâne comme dans un musée vivant. Ce voyage dans le passé est un pur ravissement - un vrai bonbon de lecture à la saveur historique. Sous l’enchantement des décors et des costumes se tisse une intrigue plus sombre et aux enjeux assez énormes. Les rouages du récit s’emboîtent avec une finesse remarquable et chaque rebondissement, inattendu mais cohérent, nous pousse à tourner les pages avec une curiosité fébrile. On s’amuse, on tremble, on s’étonne : le plaisir qu’on prend à se plonger dans le texte est constant dès l’ouverture de celui-ci. Pour qui aime les récits historiques teintés de satire sociale et de mystère, c’est un vrai régal. Derrière la fantaisie du voyage temporel, une question essentielle émerge : que signifie vivre pour de vrai ? En abordant la mort et les possibilités de la contrer, ce roman explore en creux l’élan de vie qui renaît lorsqu’un sens - même fragile, même bricolé - émerge de l’absurde et des trajectoires nouvelles qu’on s’offre soi-même. « Tuer le temps » est un roman singulier, à la fois ultra divertissant et bien plus profond qu’il n’y paraît, qui interroge avec pudeur et tendresse notre rapport au temps, à la mémoire et à cette envie farouche de continuer, coûte que coûte, à chercher la vie et l’amour quand les ombres s’immiscent dans nos craquelures.