Une terrible délicatesse : Le livre de Jo Browning Wroe

Quand j'ai commencé ma lecture, hier, j'étais déconcertée et ai failli abandonner. J'ai bien fait de poursuivre. Ce roman est très beau. Je viens de le finir aujourd'hui car je n'ai pu m'en détacher. En fait, il est dérangeant au début car il plonge le lecteur dans un des pires drames qu'ait connu le pays de Galles en 1966. La catastrophe d'Aberfan qui a vu périr plus d'une centaine d'enfants ensevelis sous les décombres des gravats d'une mine. Le personnage principal qui n'a que 19 ans et démarre tout juste une carrière d'embaumeur se prête volontaire pour préparer les petits corps. Une expérience terrible qui change son destin et le poursuit dans sa vie la plus intime. Après ces premiers chapitres, on revient sur l'enfance de ce jeune William Lavery, sur son don céleste de voix merveilleuse, de son amour pour sa mère, son oncle, jumeau de son père mort alors qu'il n'avait que huit ans et sur son attachement au compagnon de l'oncle, à une période où l'homosexualité était un crime. La musique est un personnage du roman, l'amour dans toutes ses dimensions est palpable, qu'il soit filial ou amical. J'ai aimé aussi l'ambiance du collège de Cambridge, les amitiés et les haines des jeunes garçons. Et j'ai découvert ce métier d'embaumeur, un métier mené avec délicatesse par les personnages du roman. Un métier très difficile mais qui est primordial. La vie et la mort sont liés dans ce livre d'une façon directe mais respectueuse. L'amour réunit les êtres et la résilience, même si elle prend du temps, fait triompher la vie. Le dernier chapitre en donne une dimension de toute beauté. Je recommande vivement.

C'est l'histoire de William, un jeune garçon qui perd très jeune son père. Dans sa famille, les fils sont embaumeurs de génération en génération. Sa mère ne veut pas en entendre parler et préfère pour William un destin lié à sa divine voix... Roman initiaque, qui met les mots justes et rend hommage aux victimes d'Aberfan, sans pour autant en faire l'élément principal du roman. Il questionne également sur l'amitié, l'identité, l'homosexualité et surtout de la rancœur et du pardon. Il faut passer au dessus de la couverture peu esthétique du livre et du mot "embaumeur", vous ne le regretterez pas !

Dans ce roman, on suit le destin de William Lavery un jeune homme des années 1960 qui après avoir longtemps hésité entre le chant et les pompes funèbres, décide de suivre la voie familiale et de rejoindre l'entreprise de son oncle (et celle de son père avant son décès) malgré l'avis contraire de sa mère. William vit un conflit de loyauté depuis des années et le décès de son père entre sa mère et son oncle Robert le frère jumeau de son père. Il suivra d'abord la voie préférée de sa mère, c'est-à-dire le chant en devenant membre d'un chœur d'adolescents prestigieux de Cambridge. Un évènement dont on connaîtra les détails qu'à la fin du livre met fin à cette expérience et à son amitié avec Martin. Quelques années plus tard, à peine diplômé, il se rend à Aberfan où s'est produit une catastrophe, un terril s'est effondré causant de nombreux morts. Traumatisé par cette expérience, William se remettra-t-il de ce choc? Un très beau roman très humain.

En octobre 1966, William Lavery se prépare pour sa remise de diplôme de thanatopracteur. Mais au moment de recevoir sa récompense, une terrible nouvelle tombe : un glissement de terrain vient de se produire à Aberfan au Pays de Galles, emportant quelques 116 enfants. William va se porter volontaire pour aider mais à 19 ans, est-on prêt à encaisser ce qu'il va voir et comment peut-on vivre ensuite avec cela ? Ce roman est perturbant, d'une part pour tout ce qui est enfoui, refoulé chez ce jeune et qui va refaire surface et d'autre part par cette générosité déployée par ce jeune thanatopracteur. Arrivera t-il à cette résilience nécessaire pour avancer ? L'histoire aurait pu me rebuter mais l'auteur a su trouver les mots et un style qui permettent "d'encaisser" ce que traverse le personnage principal. De même il a su imbriquer la responsabilité de chacun des personnages dans ce qu'est William. On voit bien que le poids de l'éducation ne permet pas toujours de dire ce que l'on a à dire ni de faire ce que l'on voudrait faire car on estime qu'il convient de ne pas froisser ceux qui nous guident. Ce roman par sa sensibilité m'a touchée, et j'avoue avoir apprécié le côté taciturne, mal embouché du personnage principal qui démontre son mal-être et surtout la façon dont il a de le gérer. J'ai aussi apprécié que l'on parle de ce métier pour lequel on a souvent des a priori mais dont on a besoin. Belle découverte faite dans le cadre du café littéraire mensuel. https://quandsylit.over-blog.com/2025/03/une-terrible-delicatesse-jo-browning-wroe.html