Va, brûle et me venge : Le livre de Philippe Bouin

La traque, jouissive, calculée et méthodique a débuté. Mis en scène préméditée, la vengeance est le fil conducteur de cette épopée meurtrière. J’apprécie beaucoup la manipulation qui est orchestrée pour déstabiliser, semer le doute dans les rangs des mafieux. C’est jubilatoire, la patience est de mise, tout se met en place, le puzzle apparait par étape. C’est un entrelac de possibilités. Les informations croustillantes se pointent quand je m’y attends le moins. L’enquête malmène son auditoire, prêcher pour mieux diviser. Ils commencent à tomber comme des mouches. Chaque titre de chapitre porte le nom d’un insecte et dans les lignes qui le composent, il y a un indice qui fait la connexion. C’est un style particulier, vitriolé et acide qui donne à ce roman une amplitude macabre. Je dévore chaque page, lo vocabulaire est jubilatoire, énergique et brut. Les personnages valent le détour avec leurs répliques acerbes. Je trépigne à l’idée d’apprendre l’identité du meurtrier, certains indices sont subtils. Cependant, sont-ils trompeurs ? je vogue entre les vagues et tente de trouver celui qui est d’humeur vengeresse. Au milieu de cette haine, de la colère, on retrouve les affrontements meurtriers, les représailles et les pertes collatérales. Jusqu’à la fin, ce livre maintiendra le doute à son apogée, par un éclat explosif.

L'assassinat de Bonnelli, parrain du clan corse, marque le début d'une série de meurtres dans les gangs lyonnais. Pour les flics, il s'agit de règlements de compte entre Juifs, Corses et Turcs. Mais la patronne de la brigade croit plus à la vengeance d'une personne qui manipulerait tout le monde... Philippe Bouin signe ici un excellent "polar à la française".. Il décrit avec force un état des lieux où la police adopte des méthodes de voyous, où les truands règlent leurs comptes alors que la justice compte les points. Il trouve ici une résonnance particulière dans l'actualité brûlante des déboire de la PJ lyonnaise. Du très grand Bouin. Et on aime aussi son humour noir grinçant qui sert à merveille ce roam au vitriol A ne pas manquer.

Une histoire de vengeance comme je les aime. Un moteur qui permet les pires exactions. Une écriture très agréable et une très bonne idée de chapitrage que je vous laisserai découvrir.

Chaque chapitre commence par le nom d'un insecte. Au début, cela m'a paru déconcertant. Ensuite, j'attendais avec curiosité le pourquoi de chaque titre. On découvre des personnages singuliers et assez fouillés. La fin, après coup, aurait dû m'apparaître plus facilement, mais je me suis laissé surprendre.