Varian Fry - L'homme qui sauva la vie de Marc Chagall, Max Ernst, André Breton et deux mille autres personnes : Le livre de Sheila Isenberg

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L'Archipel

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On doit à Varian Fry le sauvetage, en 1940-41, de figures du monde des arts, et de la science, tels Marc Chagall, Max Ernst, Marcel Duchamp, André Breton, Hannah Arendt... Cette biographie retrace la vie du "Oskos Schindler" Américain honoré par le Mémorial Yad Vashem. À l'originie de la série " Transatlantique " diffusée sur Netflix.

Août 1940. Varian Fry (1907-1967), jeune journaliste, débarque à Marseille, chargé d'une mission secrète par l' Emergency Rescue Committe. Avec 3 000 dollars en poche et une liste de deux cents noms, il doit préparer l'exfiltration d'artistes et de militants qui ont fui l'Allemagne nazie, mais sont susceptibles de lui être livrés " sur demande ", en application de la Convention d'armistice.
Cette liste contient les noms de peintres, de cinéastes et d'écrivains de premier plan – Max Ernst, Hannah Arendt, Lion Feuchtwanger, Heinrich Mann, Hans Bellmer, Victor Brauner, Max Ophüls, Franz Werfel – et ne va cesser de s'élargir. Des artistes français ou réfugiés s'y ajoutent – Marcel Duchamp, André Breton, Arthur Koestler, Victor Serge –, mais aussi de simples familles juives.
Avec le soutien financier de Peggy Guggenheim, Fry parvient à monter une équipe pour fabriquer des faux papiers, cacher ses protégés et repérer des filières jusqu'à Lisbonne ou la Martinique. Au grand déplaisir des autorités de Vichy... et du gouvernement américain, encore neutre dans le conflit. En décembre 1940, il est arrêté et, neuf mois plus tard, expulsé du territoire français.
Sur la base de courriers, de rapports déclassifiés et d'interviews, notamment avec la veuve de Fry, Sheila Isenbeg retrace l'engagement du premier Américain honoré du titre de Juste parmi les nations, en 1996.
Un destin qui a inspiré la série Transatlantique, conçue par la productrice de Unorthodox, tournée à Marseille et diffusée sur Netflix.

préface de Jean-Michel Guiraud, président de l'Association Varian Fry France

De (auteur) : Sheila Isenberg
Traduit par : Pierre Brévignon
Préface de : Jean-Michel Guiraud

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Expérience de lecture

Avis Babelio

enjie77

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 5 mois

« - Cerbère : le matin du 6 septembre 1941 - Fry monta dans le train, se pencha par la vitre et adressa un signe de la main aux visages familiers qui le regardaient depuis le quai. Ils avaient travaillé si étroitement ensemble, lutté contre une menace si effroyable. Les liens d’amour et de loyauté qui s’étaient tissés entre eux dureraient toute une vie. » Lorsque je suis tombée sous le charme de ce petit port de pêche qu’est Sanary-sur-Mer, j’ignorais totalement le rôle essentiel qu’avait joué ce petit paradis, dès le début des années 30, pour les exilés allemands et autrichiens. Le premier auteur à s’y installer est un britannique : Aldous Huxley Vantant les mérites du paysage et le calme de Sanary, il fut rejoint par les grands noms de la culture germanique fuyant la montée du nazisme. Certains d’entre vous connaissent mon intérêt pour cette période de la seconde guerre mondiale, vous pouvez imaginer ma stupéfaction ! L’Univers conspirait en ma faveur. Quel est le rapport avec Varian Fry ? Cet homme est un Résistant avant l’heure et si aujourd’hui vous pouvez lire Heinrich Mann, Golo Mann, Erica Mann, Lion Feuchtwanger, Franz Werfel et Alma Mahler, c’est grâce à son courage et à sa capacité d’adaptation. Tous résidaient à Sanary. Lorsque la menace nazie s’étendit à la France, Varian Fry, sous ses airs de jeune cadre dynamique sans scrupules, conscient de l’ampleur de la catastrophe, mit tout en œuvre pour les exfiltrer de France ! Thomas Mann fut aussi résident de courte durée à Sanary avant de partir pour la Suisse. Quant à Franz Hessel, après un passage au camp des Miles avec Lion Feuchtwanger, il décède à Sanary où il repose. Varian Fry est né en 1907. Elève doué mais rebelle, diplômé d’Harvard, de religion protestante, c’est un garçon brillant, soucieux de préoccupations sociales. Issu de la classe moyenne, bénéficiant d’un niveau de vie confortable, son enfance fut, malgré tout, chaotique. Il connut l’instabilité, l’insécurité. Sa mère, atteinte d’une grave dépression nerveuse, très souvent absente du fait de ses séjours prolongés dans des établissements spécialisés, sera dans l’incapacité de lui apporter une relation maternelle de qualité et protectrice. Son père étant très absorbé par sa vie professionnelle, c’est son grand-père paternel, Charles, qui jouera un rôle essentiel dans la construction de sa personnalité. Charles consacrera sa vie à une fondation, Children’s Aid Society, d’obédience protestante, fondée en 1857, venant en aide aux enfants abandonnés, orphelins et battus : une belle référence. En mai 1935, Varian Fry, journaliste à présent reconnu, rédacteur en chef de la revue The Living Age, magazine consacré aux affaires internationales, effectue une première mission de trois mois en Europe afin d’avoir un aperçu direct des politiques étrangères. En juillet, il s’installe à l’hôtel-pension Stern de Berlin. Sortant de son hôtel pour se rendre au café Hessler, il va assister à une scène terrible où des SA s’en prennent à des femmes et des hommes juifs, les traînant par terre, leur donnant des coups de pied au visage et au ventre, les laissant au sol inanimés, jetant des chaises et des tables à travers les vitres des cafés tenus par des juifs, tout en chantant (voir ma citation). Il assiste à l’un des premiers pogroms dans Berlin. En état de choc, il rentre à son hôtel, s’enferme dans sa chambre et rédige un compte-rendu à vif qu’il envoie au New York Times qui le publie le 17 juillet 1935. Il obtient une entrevue avec Ernst Hanfstaengl, le fameux « Putzi », directeur du service presse au ministère de la propagande qui lui confirme le projet des nazis pour « résoudre le problème juif et celui des opposants». Il écrit un nouvel article qui parait dans le New York Times en 1935 où figure le projet de l’extermination des Juifs. De cette confrontation avec la monstrueuse réalité, Varian Fry va en faire son combat. Il ne va pas cesser d’alerter sur les exactions des Allemands. A sa voix se joignent d’autres témoignages d’Américains, de retour de voyage, qui attestent des sévices et des assassinats dont sont victimes les opposants et les Juifs. Malgré cela, que ce soient les politiques ou les Américains, ces alertes resteront sans effet. De retour aux Etats-Unis, il n’aura de cesse de chercher des fonds afin de venir en aide aux exilés. Fry et ses amis, soutenus par Eleanor Roosevelt se mettent d’accord pour la création d’une nouvelle structure fusionnant l’IRA d’Einstein et l’American Friends of German Freedom. Ce jour là vit la naissance de l’Emergency Rescue Committee pour venir en aide aux réfugiés. Une liste de deux cents personnes à secourir est dressée par le Committee. Elle comporte des artistes, des écrivains, des universitaires. Fry se porte volontaire pour cette mission de sauvetage qui doit durer trois semaines Il embarque sur le clipper Dixie avec sa liste, trois mille dollars cachés dans sa doublure et deux cents visas. Il arrive à la gare Saint-Charles le jeudi 15 août 1940. Il restera à Marseille jusqu’en septembre 1941. Parti pour trois semaines, Fry va rester treize mois. Treize mois qui le marqueront à tout jamais. Treize mois où il devra faire face à toute une détresse qu’il ne soupçonnait pas. Il n’aura guère le temps de souffler devant tant de désespoir, d’épuisement, de faim et de frayeur. Ce n’est pas deux cents personnes qu’il va aider mais deux mille voire plus, entouré d’une équipe qui se constitue rapidement : L’étudiante Miriam Davenport, la riche héritière Mary Jayne Gold, Albert Hirschmann et Fritz Heine chargés de mettre au point les itinéraires, Daniel Bénédite, son bras droit, en tout c’est une dizaine de personnes qui le soutiennent et l’aident dans l’organisation secrète des exfiltrations des réfugiés. Terriblement marqué par le drame humain qui se joue sous ses yeux, il va œuvrer sans cesse à l’exfiltration de tous ces réfugiés vers les Etats-Unis et ce, en désaccord total avec le Département d’Etat qui l’avait assigné à respecter sa liste. Il lui faut une façade légale, ce sera le Centre Américain de Secours d’urgence. Il est en permanence sous la surveillance de la Gestapo. Il apprend vite. Il s’affranchit des règles, devient hors la loi, trouver des papiers quel qu’en soit le prix, des finances, des visas, des filières et des billets. Tous les moyens sont bons y compris les contacts avec le milieu marseillais. Il ira jusqu’au bout, jusqu’à son départ forcé (expulsion) en septembre 1941. A souligner, l'aide d'Hiram Birgham, vice consul des Etats Unis à Marseille qui n’hésitera pas à lui fournir des vrais comme des faux papiers. D’octobre 1940 à 1941, Jean Gemähling, futur chef des renseignements de « Combat », contribuera, lui aussi, à l’organisation des filières. Au début, Varian Fry occupera deux chambres dans l’Hôtel Splendide mais ensuite, il lui faudra se mettre à l’abri des regards dans une Villa éloignée du centre de Marseille, la Villa Air-Bel où se réfugieront les surréalistes, Victor Serge et tant d’autres. Le livre de Sheila Isenberg est addictif. J’ai sauté de plein pied dans la vie clandestine de ce groupe Varian Fry. L’écriture est très visuelle, elle donne l’impression de se tenir près du groupe, caméra en mains. Ce récit n’est pas un roman, c’est une biographie qui se veut au plus près de Varian Fry. L’auteure s’est appuyée sur les archives authentiques de Varian Fry, déposées aujourd’hui à la Columbia University à New York. C’est une réussite, je suis entrée dans la tête de Varian Fry, au plus près de ses pensées. J’ai tremblé avec le groupe lorsqu’il leur faut, au pied levé, trouvé un nouvel itinéraire. La France est dans une instabilité permanente depuis la signature de l’armistice : cette instabilité rejaillit sur leur organisation. Il faut être pragmatique, rapide et réaliste, il y a tant de réfugiés qui comptent sur eux, c’est une question de vie ou de mort. ! Il faut rendre hommage aussi aux passeurs comme l’illustre ce tableau de Maillol « Dina à la robe rouge » et à Hanns et Lisa Fittko. Je vous laisse le soin de découvrir ce passionnant ouvrage, l’histoire d’un homme qui ne fut pas honoré de son vivant malgré son exploit « le sauvetage de plus de deux mille personnes ». Il le fut, dans un premier temps, uniquement par la France, le 12 avril 1967, date à laquelle André Malraux lui remis la Légion d’Honneur, peu de temps avant son décès, le 13 septembre 1967. Il fut le premier Américain à être reconnu « Juste parmi les Nations » en 1996 grâce à Warren Christopher, secrétaire d’état sous Clinton. Je voulais remercier deux amis, Xavier@Aquilon62 qui m’a rappelé ce livre au cours de son billet sur « Marseille 1940 » et aussi Sylvie @Berthelivre qui m’a adressé cette adresse https://www.facebook.com/wach/?v=539297954811189

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Sciences Humaines & Savoirs , Histoire
  • EAN
    9782809846102
  • Collection ou Série
    essai et document
  • Format
    Grand format
  • Nombre de pages
    400
  • Dimensions
    229 x 144 mm

L'auteur

Sheila Isenberg

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