Into the Wild - Voyage au bout de la solitude : Le livre de Jon Krakauer

Inoxtag avant l heure. De ceux qui décident de revenir à la source des choses alors qu un tout autre destin les attendait. Une ode à la nature magnifiée, celle qui recentre et élève, mais celle aussi qui reprend et qui tue froidement. On en ressort à la fois grandi et humble.

Que ce récit est triste ! Cela fait longtemps qu’il est dans ma PAL, au moins 3 ou 4 ans. C’était une recommandation de quelqu’un dont j’ai oublié le nom, et j’en suis désolée… J’ai plusieurs sentiments : la tristesse et l’incompréhension. Commençons par l’incompréhension : je peux comprendre que l’on ait envie d’évasion, mais de là à risquer sa vie, couper les ponts avec le monde autour de soi et se croire invisible… Oui, il s’est cru invisible. Il a déchiré les cartes pour avoir l’impression de découvrir un monde nouveau, alors que certains lieux autour de lui auraient pu lui sauver la vie. L’aventure, oui, mais prendre quelques précautions aurait été plus intelligent… Maintenant, la tristesse : j’ai un sentiment de profond dégoût. Une vie gâchée si bêtement… Avec des « si », on pourrait sauver des vies. Alors avec mes « si », je souhaiterais que tout cela ne soit jamais arrivé… Parce que la plus grande monstruosité, c’est de mourir seul et de faim. Alors si seulement il n’était pas tombé malade, si seulement il avait su quel chemin prendre pour quitter les lieux, je lirais un livre de ses exploits, de ses ressentis, et je serais sortie de ce roman avec respect et admiration. Oui… avec des « si ». Bonne lecture !

J’ai découvert Into the Wild d’abord par le film, avec sa bande-son exceptionnelle signée Eddie Vedder, et ça a planté la graine avant même d’ouvrir le roman. Lire Krakauer ensuite, c’était prolonger l’expérience, plonger dans la réalité de Chris McCandless, bien plus complexe que l’icône du film. Le roman détaille chaque décision, chaque isolement, chaque illusion de liberté qui conduit Chris vers l’Alaska. Sa quête de sens, son refus des contraintes sociales, sont à la fois fascinants et glaçants. Il n’est pas seulement un rêveur romantique : c’est un homme qui se confronte à la nature, à ses limites et à ses contradictions. La lecture résonne comme la bande-son du film : riffs épiques, moments de silence, mélodies folk qui frappent le cœur. On sent la solitude, la beauté et la brutalité du monde sauvage. Les personnages secondaires apparaissent comme des accords secondaires, donnant texture et tension à la progression de Chris. Into the Wild est un voyage intérieur et extérieur, un récit rock et fragile, où la liberté se paie parfois au prix fort. Le roman complète le film, et ensemble, ils frappent comme un solo de guitare qui te reste en tête longtemps après la dernière note.

Ce livre est la biographie reconstituée de Christopher McCandless par un journaliste américain. Le héros est une jeune homme de 24 ans, de la classe moyenne aisée américaine, qui accède à l'université grâce à des parents ouvriers aimants qui se sont battus pour lui. Mais il est ingrat et colérique, extrêmement têtu. Son romantisme anti-société de consommation ne suffit pas à m'éloigner de mon antipathie pour lui, jeune prétentieux qui donne des leçons à tout le monde. Après des études à l'université, il plaque tout et part deux ans faire du stop et vivre une vie de SDF mendiant aux États-Unis. Il n'a aucun but en particulier. Il rêve de l'Alaska de Jack London mais, impréparé, il meurt comme un con de dénutrition et intoxication dans un bus abandonné. Ses lettres montrent qu'il était attentionné envers quelques demi-marginaux rencontrés, mais qu'il se fichait de la peine provoquée à sa famille : de son départ à sa mort deux ans plus tard, il a coupé toutes relations avec sa famille, se contentant de les traiter d'idiots. Ce qui m'a marqué dans l'enquête du journaliste et auteur de ce livre, c'est que le randonneur en question, Alex, critique tout le temps ses parents, mais sans raison claire... Il quitte les boulots dans lesquels il est embauché, il semble détester la notion d'autorité. Une femme qui l'a côtoyé résume ça bien : "C'est avec l'idée de parents qu'il était en conflit." Bref, un antihéros rendu sympathique par le film !