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Par 10/18, publié le 11/04/2022

Collection Amorce : des essais engagés, à la portée de tous !

A leur création en 1962, les éditions 10/18 faisaient le choix de la démocratisation des savoirs, en proposant au format poche, et donc à destination du grand public, des ouvrages de sciences humaines. Soixante ans plus tard, dans une même démarche, elles lancent Amorce, une collection de courts essais à 5 euros, « didactiques et engagés », portant sur des sujets dont tout le monde parle… sans forcément disposer de toutes les connaissances pour les appréhender. Retour, en compagnie de leurs auteurs, sur les trois premiers ouvrages parus le 17 mars.

Auteur de La police du futur – le marché de la violence et ce qui lui résiste, Mathieu Rigouste en est convaincu : « Je fais de la recherche critique pour outiller les luttes sociales ; de ce point de vue, il me semble indispensable de fabriquer des outils accessibles et diffusables largement. » Un avis partagé par Romaric Godin, journaliste à Mediapart et dont l’essai tente de répondre à la question La monnaie pourra-t-elle changer le monde ? : « Ce sont des outils très utiles au débat public, en ce qu’ils permettent aux citoyens d’entrer dans des thématiques qui ne leur sont pas nécessairement familières. » D’autant que ces thématiques, centrales, « sont souvent traitées comme des évidences relevant d’un "bon sens" trompeur. »

Quant à Louis Imbert, enseignant-chercheur en droit public et auteur du troisième essai inaugural, Immigration : fabrique d’un discours de crise, il estime que « dans un contexte où le "clash" tend à l’emporter sur le débat de fond » (surtout sur une question « omniprésente dans le débat public »), « proposer des analyses scientifiques au grand public s’avère aussi urgent que nécessaire. » Et pour renforcer cette accessibilité, il est important de proposer des analyses « vulgarisées (sans basculer pour autant dans la simplification outrancière) » à un coût réduit, pour qu’il ne constitue pas « un obstacle à la diffusion. » Ainsi, pour lui, « la nouvelle collection Amorce de 10/18 répond parfaitement à cet objectif. »

Une démarche citoyenne

Ces trois premiers auteurs, tous nés après le premier choc pétrolier de 1973, proposent donc, sous des formes courtes et percutantes (dont deux en partenariat avec la Revue du Crieur), des approches didactiques sur des thématiques qui concentrent les fantasmes : la monnaie chez Romaric Godin, et l’actuelle « hégémonie de la finance et subalternisation de la production "réelle" » ; « l’arsenal sécuritaire hypertechnologique » pour Mathieu Rigouste, et les résistances collectives qu’il suscite ; la « fabrication du discours sur l’immigration », enfin, chez Louis Imbert.

Tous trois se montrent soucieux à la fois de dénoncer, sur leur sujet, des tendances lourdes à l’œuvre et d’ouvrir pourtant des perspectives moins sombres pour l’avenir, en émettant un souhait commun : celui de remettre ces questions au cœur des débats, sans les poser comme indiscutables ou trop complexes à saisir. Ceci, pour rejeter « un mode de décision vertical, aux antipodes de la délibération collective que suppose la démocratie » (Louis Imbert), éviter « un aveuglement qui conduit immanquablement à des impasses dangereuses » (Romaric Godin), et, à terme, « transformer le monde dans lequel nous vivons » (Mathieu Rigouste).

 

Immigration : fabrique d'un discours de crise
« Crise migratoire », « invasion », « grand remplacement », « ruée » : autant d’expressions employées pour décrire l’immigration vers la France, l’Europe ou les « pays du Nord ». Ni anodins ni complètements nouveaux, ces termes font des étrangers une menace.
Mais sommes-nous réellement au cœur d’une crise migratoire exceptionnelle ? Ou s’agit-il là d’un discours politique et non étayé, alimenté par la peur de l’Autre ? Un discours qui se répète depuis plus d’un siècle et dont seules changent les cibles, et qui se durcit à la faveur de chaque nouvelle crise économique.

Il est temps de lever le voile sur le processus de fabrication de ce discours sur l’immigration, plus que jamais instrumentalisé au profit de différents acteurs – politiques, entreprises et institutions –, et d’interroger le modèle de société que nous souhaitons bâtir.

La monnaie pourra-t-elle changer le monde ?
Depuis des décennies, la création monétaire n’a plus pour but que de maintenir à flot une économie-monde fondée sur l’hégémonie de la finance et la subalternisation de la production « réelle ». Le fossé est immense entre l’importance des sommes déversées sur les marchés et le manque d’argent consacré aux services publics, aux salaires, à la lutte contre la pauvreté ou le réchauffement climatique. La crise du coronavirus a remis la question monétaire au centre des préoccupations économiques. Mais si l’on ne veut pas revenir à l’ancien monde des milliards qui manquent ici et sont abondants là, il faut changer totalement de pratiques et de priorités. Mettre enfin la monnaie au service du bien comment dans le cadre d’un projet politique égalitaire, afin desubvenir aux besoin réels de sociétés au bord de l’implosion. Par exemple, en passant par la garantie de l’emploi, seule à même de rompre avec le chantage à l’emploi et de réorienter les énergies, les désirs et les compétences vers une économie écologique et solidaire.
 

La police du futur
Robots autonomes, officiers connectés, reconnaissance génomique : les innovations mises au service de la police semblent sans limites.
Etats et entreprises privées avancent main dans la main pour développer un arsenal sécuritaire hypertechnologique, pas toujours efficace mais qu'un marketing intensif tente de rendre désirable. La « police du futur » ouvre des perspectives orwelliennes : il s’agit autant d’optimiser les équipements et les méthodes des forces de l’ordre que de poser les jalons d’un véritable panoptique policier qui a pour objectif d’aboutir à l’autocontrôle des populations.
Mais cette mécanique n’est pas implacable. Elle se confronte à des résistances collectives ainsi qu’à la montée en puissance de critiques de plus en plus radicales à l’égard de la police elle-même et de la société qui la produit.
 

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